Chapitre 13

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Une semaine entière est passée depuis la disparition de Jo. Nous n'avons ni nouvelles ni indices qui auraient pu nous renseigner sur sa localisation. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir cherché. Naturellement, ses parents sont extrêmement inquiets et la police est sur le coup. La situation est aussi très compliquée à gérer de notre côté. Pour la première fois de ma vie j'ai du mentir à des dizaines de personnes et même à la police car nous avions décidé d'un accord commun de ne pas mentionner le mot laissé par Johanna. Il faut ajouter à cela une immense culpabilité, qui sait à quel point nous sommes responsables de sa fuite ?

-Marine, dépêche-toi ! Me crie Lola de la cuisine.

Depuis une semaine nous arrivons en avance au lycée avec l'espoir d'y trouver Johanna. Honnêtement, cet espoir diminue un peu plus chaque jour.

-C'est bon je suis prête allons-y !

Et comme tous les matins depuis une semaine, Lola et moi scrutons les rues à la recherche de sa silhouette familière. Jo a toujours vécu là, où aurait-elle pu aller ?

-Salut Malou...

-Coucou tout le monde ! Je lance avec un air faussement enjoué qui ne trompe personne.

Nous commençons la journée par un cours de français puis nous apprenons que M. Lems fera finalement cours. Dans une autre situation, cela m'aurait fait plaisir : j'adore l'anglais. Mais aujourd'hui, même la langue de Shakespeare ne me motive plus, je n'ai goût à rien. J'ai l'impression d'assister aux cours sans y être vraiment. Une seule question occupe toutes mes pensées : Où est-elle ?

M. Lems rend les DM d'anglais : 18/20. Je ne prends même pas le temps de relire ma copie corrigée, c'est une très bonne note, tant mieux.

-Vous ne réagissez même pas ? J'avais dit que je serais absent cette semaine mais j'ai finalement pu me libérer ! Dit M. Lems, réellement enjoué lui pour le coup.

Effectivement personne ne réagit. A vrai dire, beaucoup ne viennent même plus à l'école. De nombreux parents pensent que Johanna a été enlevée par un serial killer et que leur enfant est le prochain. Il faut dire que l'éventuel enlèvement de Johanna a été surmédiatisé à l'échelle de notre petit village. Evidemment, ils sont loin d'imaginer que le départ de Johanna était volontaire et ils n'ont aucun moyen d'en deviner les raisons.

-Bon, faisons une compréhension orale !

Jolie tentative. Il essaie de réveiller ces dizaines d'élèves qui ne sont pas plus réactifs qu'une armée de zombies. Evidemment, c'est un échec et les cours défilent sans qu'aucun élève ne prenne la parole.

-Vous avez vu le menu ? C'est comme si la tristesse des cuisiniers se retrouvaient sur nos plats ! Râle Jeremy en voyant l'espèce de pâte blanchâtre que l'on nous sert aujourd'hui au réfectoire.

-On s'en fiche Jerem ! Je mangerais des millions de ces plats si cela pouvait faire revenir Jo, lui répond Maxime avec colère.

Maxime est particulièrement tendu. Je veux dire, nous le sommes tous mais Maxime l'est encore plus.

-Bon Maxime, on est tous tristes mais manger ou non ce plat ne la ramènera pas ! En attendant mange ca si tu veux, moi je vais manger au café ! Reprend Jeremy en partant.

-S'il vous plait... Ce n'est pas le moment de se disputer... Dit calmement Laura.

Moi je ne dis rien. Je connais Maxime. Et ça ne rate pas.

-Oh vous me soûlez tous ! Allez manger dehors et laissez moi tranquille ici ! J'ai l'impression d'être le seul à m'inquiéter pour cette pauvre Johanna. Est-ce que vous avez conscience que sans la soirée d'anniversaire des jumeaux rien de cela ne serait arrivé ? Est-ce que vous imaginez à quel point elle doit être mal dans sa peau actuellement ? Explose Maxime. Laissez moi je vous dis !

Ses paroles nous laissent sans voix et même si ça me tue de laisser Maxime seul dans cet état, nous quittons le réfectoire. J'espère qu'il sera calmé à notre retour. Nous nous dirigeons vers le café du coin où Jeremy a déjà commencé à manger. Louis se met en tête d'apaiser les tensions et arrive à le convaincre de ne plus chercher Maxime aujourd'hui.

Nous mangeons rapidement et en silence. Je n'ai pas le temps de voir Maxime avant d'aller en cours d'SVT et je le regrette beaucoup mais je n'ai pas le choix, je ne peux pas me permettre de mettre de côté mes études. Ce n'est qu'à 18h que je le retrouve sur les marches devant notre classe. Dès que je l'aperçois, je cours vers lui :

-Ça va mieux ?

-Oui, je suis désolé pour ce midi...

-Ce n'est pas grave Maxime, c'est dur pour tout le monde... Je le rassure en le prenant dans mes bras.

Je n'ai même pas un regard pour les garçons de ma classe qui sifflent en nous voyant enlacés. Abrutis ! Par contre le regard venimeux de certaines filles fait naître un sourire sur mes lèvres ; c'est vrai que Maxime est devenu très séduisant et je sais que certaines rêveraient de partager sa vie.

-Allez viens on sort ! Je dis en l'entrainant par le bras.

Alors qu'on se dirige vers la sortie Maxime me lâche et s'appuie contre un mur.

- Ca ne va pas ?

-Je me sens super mal...

Il s'effondre dans mes bras, je vois qu'il a du mal à respirer... Quand il commence à convulser contre moi, je panique. J'essaie de ravaler mes larmes et m'apprête à appeler à l'aide lorsque je pense à mon pouvoir. Autour de moi il n'y a personne mais quelqu'un peut arriver d'une minute à l'autre alors je tire Maxime dans la salle de classe juste derrière nous et ferme la porte.

-Serre ma main si tu m'entends.

A mon grand bonheur il serre ma main.

-Je vais te d-découvrir un peu, mon p-pouvoir marche mieux si je te touche le bras, je balbutie.

Je le dis plus pour moi que pour lui. Je suis dans une situation de panique extrême, je n'ai jamais eu affaire à ce genre de cas. J'ai extrêmement peur pour mon ami. Pour la première fois de la journée, je ne pense pas à Jo.

-Nan Marine... Me dit Maxime d'une voix extrêmement faible.

Le fait qu'il m'appelle Marine et non Malou aurait du m'inquiéter mais je mets cela sur le compte de la panique. Le voir dans cet état là est presque insoutenable et je me dépêche d'enlever sa veste et de poser ma main sur son bras. Il essaie de me repousser mais je ne me laisse pas faire, il est hors de question qu'il souffre une minute de plus. Je me concentre tant bien que mal sur sa douleur et arrive à le soulager.

-Marine derrière toi...

Je me retourne prise de panique. M. Lems est au fond de la classe, il nous observe les yeux écarquillés. Assis au bureau, un stylo rouge dans la main et une liasse de feuille devant lui, il a assisté à toute la scène.

Poussière d'étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant