Poussière d'étoiles

Épilogue

Cinq mois plus tard- Point de vue : Marine

-Bon Maelys, t'attends quoi ? Je demande au téléphone.

-J'arrive Marine, calme toi, rétorque la jolie brune.

Effectivement, il faut que je me calme. Même si ça fait maintenant quinze minutes que je suis devant ce lycée, le stress ne m'a pas quittée. Aujourd'hui est un jour un peu spécial puisque c'est la première fois que moi, Marine Lemans, j'approche un tout nouvel être surnaturel.

On peut dire que j'ai pris mon temps. Jeremy, Laura, Maxime, Louis, Lola et Maelys ont commencé dès la rentrée à aider Alexandre et Samantha à protéger les êtres surnaturels. Surtout les jeunes. Pour ma part, j'avais besoin de souffler un peu et croyez-moi, cela m'a fait beaucoup de bien. Changer d'environnement, quitter le lycée pour la fac, m'a permis de reprendre un peu d'énergie, loin de mon passé. Je crois qu'avant d'aider les autres j'avais besoin de faire le point sur ma propre situation. C'est chose faite.

-BOUH !

Je manque de crier de stupeur et me retourne.

-Maelys, enfin !

-J'avais du mal à quitter ton frère tu sais, me dit-elle d'un air rieur.

Elle sait parfaitement que je suis gênée à chaque fois qu'elle me parle du couple qu'elle forme avec mon grand frère Julien. Evidemment, elle, elle adore ça.

-Donne-moi les informations dont j'ai besoin, continue Maelys.

-Elle a dix-sept ans, je commence. Brune, grande, mince, les yeux marron, a été adoptée, est enfant unique et fréquente ce lycée depuis la seconde.

-Photo ?

Je lui tends une photo de la jeune fille en question. Elle est plutôt jolie et, en traînant sur internet, j'ai pu remarquer sa grande popularité. Je me demande si c'est une bonne chose ou non, j'ai toujours peur que l'on se trompe et que le jeune que nous voulons aider n'ait pas de pouvoirs. Cela n'est encore jamais arrivé mais comme on dit « il y a une première fois à tout ».

-Eh Marine, détends toi ! Il ne peut rien nous arriver.

Je bougonne un truc incompréhensible et me dirige vers l'entrée du lycée. Accompagnée de Maelys, je rejoins le secrétariat.

-Excusez-moi, je suis assistante sociale et je cherche une jeune Alison Laffut, c'est une élève à vous non ?

Quel jeu d'acteur, je n'ai même pas tremblé.

-Vous avez un justificatif ? Une pièce d'identité qui me confirmerait votre statut ? Me demande la secrétaire sans même lever la tête.

Je retiens un sourire, Alexandre a tout prévu. Je me promets de le remercier plus tard. Nous avions rompu l'été dernier et cela n'a pas été facile entre nous, surtout lorsque j'ai commencé à sortir avec Nathan. Mais j'ai remarqué qu'Alexandre est de bien meilleure humeur depuis qu'il côtoie Valérie, l'ex de Nathan. La vie est blagueuse, n'est-ce pas ?

-Tenez, je dis en tendant le justificatif.

-Parfait, Alison est en Première L, je vais vous conduire à elle.

J'adresse un sourire entendu à Maelys et laisse la femme nous guider dans un dédale de couloirs qui se ressemblent. La femme s'arrête finalement devant une porte fermée, toque et demande à la jeune Alison de sortir avant de nous quitter.

-Bonjour Alison, je commence.

-Vous êtes qui ?

Maelys, un peu en retrait, lève les yeux au ciel. Personnellement, j'avais pensé à toutes les situations, celle-là comprise. Le dédain n'est souvent qu'une façade.

-On aimerait te parler quelques minutes, c'est possible ? Je demande en lui offrant mon plus beau sourire.

-J'ai le choix ? Je ne crois pas, donc bon, allez-y.

Maelys perd patience, se place devant moi et lui dis :

-On sait pour tes pouvoirs. Alors, je te laisse le choix, tu veux parler ou non ?

C'était risqué. Alison aurait pu nous dire de partir, même si au fond, elle aurait pensé l'inverse. En fait, j'avais à peu près tout prévu sauf ce qui allait se produire. Alison a fondu en larmes.

-Ma belle, que se passe-t-il ? On est là, tu ne crains rien, je tente de la rassurer en la prenant dans mes bras.

J'ai à peine quelques années de plus qu'elle mais j'ai le sentiment de devoir la rassurer, la protéger.

-Je ne suis pas normale, hein ? Vous êtes là pour me dire que vous ne voulez pas de gens comme moi ?

Même Maelys parait attendrie. D'ailleurs celle-ci se rapproche et lui chuchote :

-Au contraire, nous sommes là pour t'aider, pour t'apprendre à gérer ta différence. Etre différent n'est pas un crime, ne laisse personne te dire le contraire.

J'avoue que Maelys a trouvé les bons mots. Elle a aussi plus l'habitude, elle a déjà ramené six lycéens dans la maison que tiennent Alexandre et Samantha. Là-bas, ils apprennent à gérer leur pouvoir et peuvent enfin se confier à quelqu'un.

-Est-ce que vous aussi vous êtes différentes ? Nous demande Alison, les yeux plissés.

-Mon pouvoir est de contrôler la terre et je ne tiens pas à provoquer un séisme au beau milieu de ton lycée mais Marine peut te montrer son pouvoir si tu veux.

Alison hoche la tête alors je vérifie qu'il n'y ni caméra ni personne aux alentours et je sors un petit couteau suisse. Je m'entaille superficiellement le bras et montre à Alison mon pouvoir de guérison.

-Wouh. Moi je peux disparaître, nous annonce-t-elle.

-Nous avons un ami, Maxime, qui a le même pouvoir, il pourra t'en parler mieux que nous. Mais pour cela tu devrais nous rendre visite à cette adresse, je dis en tendant un papier à la jeune fille.

-Parfait, je viendrai dès ce soir. Je dois retourner en cours mais vous pouvez compter sur moi. Et... merci.

Je hoche la tête, légèrement émue en la voyant retourner en classe.

***

-Je suis là ! Je crie en entrant dans la grande maison.

-Salut ma belle !

Nathan est le premier à m'accueillir et je me précipite dans ses bras pour l'embrasser.

-Tu as passé une bonne journée ? Je demande.

-Super ! Neuf jeunes sont passés aujourd'hui, d'ailleurs tout le monde est déjà là. Et toi, ta journée ?

« Tout le monde est déjà là », cette phrase suffit à me rendre heureuse. Cela me rappelle que je fais partie d'un groupe génial composé de mon frère, mes meilleurs amis, Alex et Sam, mon copain et Valérie. Nous partageons des secrets, une sorte de deuxième vie en parallèle de nos études ou notre travail « officiel ». Maintenant que nous habitons tous ensemble je peux les voir autant que je le veux.

C'est un véritable bonheur de pouvoir être proche de ceux que j'aime. Et puis mes parents font beaucoup d'efforts pour venir le plus souvent possible. Efforts qu'ils ne faisaient pas auparavant. Je suis heureuse de ne pas avoir à leur cacher ma situation, je suis certaine que cela nous a rapprochés.

Lorsque nous sommes tous ensemble je me sens invincible, inatteignable. Et je peux vous assurer qu'après ces dernières années de doute et de peur, cela vaut de l'or.

F I N