Chapitre 25

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Point de vue : Marine

Je n'ai plus aucune notion du temps. Il m'est impossible de savoir depuis quand je suis coincée ici. Tout ce que je sais c'est que chaque jour passé ici m'affaiblit un peu plus.

Depuis quelques jours James est d'une humeur massacrante, ce qui joue en ma défaveur. Il a prélevé mon sang autant que possible puis m'a accordé un jour de répit. Malheureusement j'étais trop faible pour pouvoir réellement en profiter : je suis restée dans mon lit quasiment toute la journée.

Ce jour là, on m'a forcée à manger avec les autres. Après la torture physique vient la torture psychologique.

Honnêtement, je ne sais pas laquelle des deux est la plus souhaitable. Alexandre et Johanna n'ont de cesse de se pavaner devant moi. Il est clair que je n'ai plus aucune influence sur Alexandre. Je sais qu'il a conscience du mal qu'il me fait lorsqu'il prend sa main ou l'embrasse devant moi. Je sais aussi que Johanna est fière de me montrer à quel point il est à elle. A-t-elle des vues sur lui depuis le tout début ? Lorsqu'il n'était qu'un professeur et nous, que des élèves ?

Ce jour-là je n'ai pas fini mon repas et suis repartie dans ma chambre le plus vite possible. Quelques minutes plus tard, j'étais en train de vomir dans les toilettes. Ces deux là prennent un malin plaisir à me faire du mal, c'est évident.

La trahison d'Alexandre est extrêmement douloureuse. Je croyais en lui, je croyais en son aide, je croyais en ce lien un peu particulier qui nous unissait. Je croyais en cette étincelle dans ses yeux. A vrai dire, au fond de moi subsiste toujours l'espoir que tout ceci soit une mise en scène, que lui et moi finirons par quitter cet endroit. Il est ma seule chance, mon seul espoir.

Evidemment, les jours qui ont suivi m'ont prouvé que j'avais tort.

Alexandre n'a rien fait lorsque son père a eu l'idée de tester les limites de mon pouvoir. Chaque jour James choisit un de mes os, qu'il casse avant de voir si je guéris. Mon pouvoir n'atténue pas la douleur spontanée, je l'ai très vite réalisé. J'ai voulu mourir une bonne dizaine de fois. J'ai hurlé de douleur jusqu'à ce que mes cordes vocales me lâchent.

Depuis la brillante idée de James, je ne quitte plus la zone blanche, celle qui fait office d'hôpital dans la maison. Je suis trop faible pour sortir de mon lit et de toute façon je ne suis pas sure d'avoir envie de croiser le regard d'Alexandre.

Il y a une vitre dans la chambre. Je ne peux pas voir à travers mais je suis quasi-sure qu'ils le peuvent parce-que j'entends Johanna au moins une fois par jour.

Est-ce qu'elle sait que je l'entends quand elle dit à Alexandre qu'elle a adoré la nuit qu'ils ont passé ensemble la veille? Etre condamnée à entendre ça me dégoûte.

Mon pouvoir pourrait me rétablir complètement mais James s'assure de me blesser suffisamment régulièrement pour que je sois constamment dans un état lamentable. Je pensais souvent à mes amis, mon frère et mes parents mais cela se terminait toujours en crise de larmes alors maintenant j'essaie de m'en empêcher.

Mais je pense encore beaucoup à ma petite sœur, elle qui est morte des mains de celui qui me torture aujourd'hui. Si je me bats encore un minimum, c'est pour elle. Mon cœur se serre en réalisant que mes parents ne sont peut-être même pas au courant de ma disparition.

Mes amis ne me trouveront jamais, comment pourraient-ils imaginer le cauchemar que je vis ? De toute évidence, je vais devoir me débrouiller seule. Et au vu de mon état actuel, partir d'ici relèverait du miracle.

J'espère au moins qu'ils ont compris qu'Alexandre et Samantha sont des traîtres. Ça me tue d'imaginer qu'ils ont peut-être encore leurs entrées chez moi. Et puis, je n'ai toujours pas vu Samantha et c'est loin d'être rassurant.

Poussière d'étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant