Chapitre 23

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Point de vue : Marine

Ce qui s'est passé par la suite est relativement flou dans ma tête ; je me souviens être tombée au sol, vaincue. Alexandre m'avait ramenée dans ma chambre alors que je frôlais l'inconscience. Et puis il m'avait enfermée ici sans dire un mot.

Je m'étais allongée sur le lit, puis toutes ces émotions avaient eu raison de moi et je m'étais endormie. Depuis mon réveil j'attends, hagarde. Aucun mot ne pourrait expliquer ce que je ressens, ce tourbillon de sentiments qui ravive continuellement ma colère et ma tristesse. Les minutes passent, les heures aussi. J'imagine qu'il est à peu près 16 heures mais je n'ai aucune manière de le vérifier.

Lorsque j'entends la serrure se débloquer je me lève, tout à coup aux aguets. Alexandre apparaît dans l'embrasure de la porte alors j'esquisse un mouvement de recul involontaire. Je ne supporterais pas sa présence à moins de 5 mètres de moi. Il a joué avec moi et a obtenu ce qu'il voulait; il est un traître.

-Sors de là Alexandre.

-Marine, ne fait pas l'idiote, mon père t'attend, soupire-t-il.

Les inévitables larmes refont leur apparition. J'ai peur pour moi, à tel point que je me sens fébrile. C'est la première fois que je ressens une telle inquiétude à mon égard : ma spécialité c'est surtout d'avoir peur pour les autres. Et évidemment il fallait que ce soit Alexandre qui soit envoyé pour venir me chercher. Ils s'acharnent sur moi, ils en profitent pour me torturer psychologiquement avant d'embrayer sur le côté physique.

Malgré tout, je me lève et fais face à Alexandre.

-Pourquoi tu me fais ça ?

-Ce n'est vraiment pas le moment, dépêche toi ou j'emploie la manière forte Marine, il me répond en évitant mon regard.

Il n'ose pas me regarder dans les yeux. Est-ce par pitié ? « Marine ». Je me rappelle à quel point j'aimais la façon dont il prononçait mon prénom. Une partie de mon cœur se serre à cette pensée, je ne peux pas le nier j'étais amoureuse de lui. Amoureuse de ce traître.

Mon regard s'arrête un instant sur le visage d'Alexandre. Il est toujours aussi beau, certes, mais la haine que je lui voue gâche tout et me dégoûte de lui.

Je rassemble un peu de courage, lève la tête et le provoque ouvertement :

-Vas-y.

Ses muscles se contractent et son regard émeraude finit par plonger dans le mien. Je ne détourne pas le regard, ce serait capituler. Il se rapproche. Un pas, deux pas, trois pas. Je recule d'une distance équivalente. Le silence est absolu et le temps semble arrêté.

Bientôt je suis dos au mur et il continue à s'approcher. Aucun de nous deux n'a détourné le regard, aucun de nous deux ne veut reconnaître sa faiblesse. L'angoisse me quitte peu à peu, j'ai l'impression de rejoindre un autre monde. Un monde parallèle où rien n'a d'importance.

Mais lorsqu'il plaque ses mains contre le mur des deux côtés de ma tête et qu'il rapproche son corps du mien je peux jurer qu'il entend mon cœur qui s'affole. Mais surtout je peux voir autre chose dans ses yeux. Mon rythme cardiaque accélère mais cela n'a rien à voir avec de la peur. Bon sang que se passe-t-il ?

Je déglutis et finis par détourner les yeux en premier, incapable de soutenir l'intensité de son regard plus longtemps. Mais comme il est devant moi je ne sais clairement pas où regarder. Evidemment mes hormones choisissent ce moment pour reprendre le contrôle et mes yeux sont irrémédiablement attirés par les muscles saillants de ses bras. Il se rapproche encore, mais à quoi joue-t-il ?

Poussière d'étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant