Part. 5 - Une idée d'évasion

54 2 0
                                    

Mes envies de fuir et partir loin de cet endroit me reviennent chaque nuit. Je pensais en avoir fini avec tout ça. Bizarrement j'y repense encore depuis quelques semaines.
Heureusement que je me rappelle encore des jours passés dans le sous-sol de l'orphelinat. Repenser à tout ça m'avait complètement terrorisé et j'ai arrêté de trop m'en souvenir. J'espère seulement pouvoir vivre une vie normale à l'avenir.
Je pense à trop de chose en même temps, j'ai besoin de beaucoup de réponses à mes questions absurdes. Seul moi peut y répondre, évidemment.

Assise sur un tabouret près de mon bureau(quelque peu étroit), je dessine avec des feuilles de papier blanches que j'ai secrètement volé dans l'entrée de l'orphelinat la nuit du Noël de l'année passée. Je n'en avait pris que quelques unes, ça me suffit amplement.
J'ai toujours eu une passion pour le dessin avec aquarelle, feutres, peinture, encre chinoise ou juste avec un crayon de papier parfois mal taillé.
Je prend toujours bien le temps pour chacune de mes œuvres et les range bien soigneusement dans une pochette que je cache à l'intérieur d'une fissure dans un mur. Heureusement la fissure est assez grande pour que j'y glisse la pochette. Souvent, je dessine ce que je vois de l'autre côté de ma fenêtre. D'ailleurs elle est toujours fissurée et brisée sur les côtés.
De l'autre côté, j'y vois particulièrement des arbres au feuilles vertes ou roses. Les feuilles roses sont plus rares évidemment, et c'est quand-même dommage. Elles paraissent plus extraordinaire à l'œil nu.
Je dessine en silence pendant pratiquement des heures d'affilée quand je ne suis pas occupée à faire des tâches ou exécuter quelques punitions.
La dernière fois qu'on m'a surprise en train de dessiné dans ma chambre, j'ai été battu. Pourquoi n'ai-je point le droit de dessiner tranquillement dans l'enceinte du bâtiment? Peut-être que c'est à cause des feuilles de papier volées. Mais ça vaut la peine d'être battu avec un fouet pendant deux longues et interminables heures? Je me souviendrai toujours de ce terrible moment. C'est pour ça que je crée mes oeuvres cachées dorénavant.

En repensant à ce genre de chose, j'ai de plus en plus envie de m'enfuir, mais partir de cette affreux bâtiment n'est pas un chose facile. Surtout que ces dernières années je me suis bien fait remarquer à ce sujet. Je ne préfère pas le retenter. C'est toujours quand j'utilise de l'encre de Chine pour mes dessins abstraits que je me questionne sur tout ça. L'odeur m'est comme familière, je suppose. Pourtant je n'en utilise pas tout le temps, peut-être que dessiner m'aide à y réfléchir...

Cela fait trois heures entières que je travaille sur un dessin avec de l'aquarelle. Ça me représente comme si j'étais une tâche d'encre colorée de partout. J'ai utilisé énormément de couleur différente même quand cela n'était pas nécessaire. Je suis plutôt fière de cette œuvre, elle n'est pas plus réussi que les autres mais je suis comme attaché à celle-ci.
La nuit tombée, je ne pouvais pas arrêter de penser à l'évasion en regardant ma pochette plongée dans le noir encastrée dans le mur. Elle était illuminée par la lumière de la lune grâce à la fenêtre qui était brisée. À ce moment précis je me suis posé une tonne de question, devrais-je tenter une dernière fois ma chance?
J'entendais des bruits dehors, des chiens aboyaient et un groupe de personnes fumaient tout en gémissant des absurdités. Je sentais l'odeur de la fumée jusque dans mon lit. C'était sans doute le personnel. Je ne pouvais donc pas tenter ma chance cette fois, mais pourtant j'avais une immense envi d'essayer, cette envi était plus immense que les autres.
Je suis perdue! Je suis submergée par le doute...

Perle [chapitre1] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant