Hiver & Été

1.

Sébastien regardait le plafond. Des planches de bois vernis soutenues par des poutres entrecroisées. Il n'était définitivement plus chez lui. Il se retourna et s'allongea sur le ventre, tant pis. Après tout, c'est les vacances ! Il ne devrait pas se plaindre d'avoir quitté son confort citadin pour la campagne, n'est-ce pas ? Au fonds, il n'y attachait pas beaucoup d'importance. Il ferma les yeux et laissa son corps se reposer un peu. Après cinq heures de route pour arriver dans un trou perdu, il pouvait bien s'offrir quelques minutes de repos. Cependant, c'était sans compter sur sa mère, qui l'appelait depuis le rez-de-chaussée. Ça aussi c'était nouveau. Il lui fallait maintenant gravir tout un escalier pour atteindre ce qui allait devenir sa chambre pour quelques semaines. Le jour où sa mère, les joues rouges et les yeux pleins d'étoiles leur avait annoncé qu'ils iraient passer leur été dans un petit village du Var, Sébastien avait haussé les épaules. Et le voilà aujourd'hui, descendant les escaliers de la petite maison qu'elle avait louée pour six semaines. Sa mère déchargeait la voiture, aidée de son père et de sa sœur.

- Tu pourrais nous aider tout de même ! lança son père, le souffle coupé par l'effort.

Sébastien leva les yeux au ciel, s'avança et prit sa valise, décidé à ne s'occuper que de ce qui lui appartenait. Sa sœur surprit son geste et lui sourit, complice. La maison était plutôt belle. Grande d'un étage, elle ressemblait à toutes ces maisons de campagne, même si c'était bien la seule que Sébastien ait jamais vu. La voiture était garée devant la maison. Il fallait suivre l'allée qui traversait le jardin pour atteindre le palier. Il y avait un grand pommier sur la façade gauche de la maison, depuis sa fenêtre, Sébastien avait une superbe vu sur le tronc de l'arbre. Ils étaient arrivés en pleine après-midi et il comprit vite qu'ils n'iraient nulle part pour aujourd'hui. Ses parents ayant déjà commencé à s'installer, il avait décidé de s'enfermer dans sa chambre. Lui qui était habitué au revêtement de sol n'était décidément pas prêt à accepter ce parquet qui grinçait au moindre mouvement. Il déposa sa valise contre la porte-fenêtre qui menait à un petit balcon. Sa chambre était plutôt grande et spacieuse. Il ouvrit sa valise et commença péniblement à ranger ses affaires dans un placard avant que sa mère ne vienne l'embêter. Il arrêta avant d'avoir fini, lassé. Il s'allongea encore et voulu jouer sur son téléphone quand il se rendit compte qu'il n'y avait pas assez de réseau pour pouvoir jouer correctement. Il jura et se laissa tomber sur son lit. Qu'est-ce qu'il ferait pendant ses six immenses semaines dans un trou perdu du monde ? Il soupira, déjà lassé de ces vacances. Sa sœur quant à elle était totalement charmée par cette petite maison perdu au milieu de nul part. Après avoir rangé ses affaires et troqué son pantalon confortable pour un short, elle frappa à la porte de son frère. Elle avait envie de se promener et voulait qu'il l'accompagne. Sébastien n'avait envie d'aller nulle part et Julie s'en alla toute seule. En tendant l'oreille, il entendit sa mère conseiller à sa sœur de ne pas aller trop loin, surtout si son frère ne l'accompagnait pas. Sébastien finit par se lever et descendit.

- Julie ! cria-t-il à travers la maison.

- Je suis derrière ! lui répondit sa sœur.

Quand il fut à ses côtés elle réprima un sourire moqueur qu'il fit semblant de ne pas voir. Ils firent le tour de la propriété. Il y avait une piscine à l'arrière de la maison, Sébastien ne l'avait pas remarquée. Julie se déchaussa et y trempa les pieds tandis que son frère s'asseyait dans l'herbe.

- Tu comptes t'emmerder tout l'été ? lui demanda-t-elle finalement.

- Peut-être, répondit-il simplement.

Sébastien rougit légèrement et se referma sur lui-même. Julie était bien la seule à le connaître réellement.

- Tu devrais essayer de t'amuser, lui conseilla-t-elle.