-Chapitre 1-

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"Emmy Dohnson?"

Je lève la tête de mon cahier de croquis et regarde Monsieur Johns, mon professeur de mathématiques. La cinquantaine, cheveux grisonnants, corpulents, à l'air sérieux il est de loin mon préféré. Il y a quelques temps j'aurais été la première à lever la main pour répondre. Mais du haut de mes 17 ans, je ne pense plus à mes études.

"mademoiselle Dohnson? Le résultat je vous prie" me redemande t il.

J'ouvre la bouche puis la ferme, tous les élèves sont tournés vers moi et je sens le rouge me monter aux joues. Ne connaissant pas le probleme et donc le résultat, je baisse la tête envahie par le terrible sentiment de la honte.Heureusement la sonnerie indiquant la fin des cours me sauva. Tout le monde se précipite pour sortir tandis que le professeur me rattrape.

"Écoutez mademoiselle, vous êtes ma meilleure élève et je ne comprends pas pourquoi vos notes sont en baisse... en tout cas ce n'est pas en rêvassant que cela va s'arranger" me prévint il.

Je lui souris avant de quitter la salle puant la transpiration de tout ces élèves qui se fatiguent a apprendre. Ils n'ont pas encore ouvert les yeux... ils ne savent pas encore qu'ils perdent leurs temps... qu'ils travaillent sans doute pour rien car ils seront au chômage pour la plupart. Ils n'ont pas compris qu'on est victime de notre avenir...

Je marche jusqu'à mon casier où Cooper m'attend. C'est mon meilleur ami, je le connais depuis que je suis petite et il m'a toujours relevée. Je lui fais un sourire aussi magnifique que faux mais il ne le remarque pas. Qui le remarque?

"Alors ma belle, bonne journée?" Me demande t il

Je range les livres qui me sont inutiles en lui répondant "oui oui super et toi?"

Il me fixe mais je soutiens mon regard alors ses doutes s'arrêtent et il se met à me raconter sa journée tout en marchant vers notre bus. Morgane la fille qu'il aime depuis aussi loin que je m'en souvienne lui à demander de l'aider demain soir pour réviser un contrôle de mathématiques m'apprend il. Il est vraiment heureux mais sa joie ne m'est pas contagieuse. Après tout aimer ça fait mal. Pourquoi se réjouit il autant d'un futur échec amoureux? Je luis souris en lui souhaitant bonne chance tout de même et monte dans le bus.
Comme a mon habitude je me mets vers l'arrière, il y a trois sortes de catégories dans ces transports en commun. A l'avant, les intellos, les timides et en général dans les livres c'est là que les bad boys trouvent la femme de leur vie. Au milieu, c'est les personnes que certains nomment les différents mais que je préfère nommer les originaux ou les spéciaux. Ils ont chacun leur style: les gothiques, des personnes assez fermées qui sont un groupe soudé. Les artistes, des adolescents qui essaient de trouver de la couleur dans un monde gris. Et il y a les quelques personnes comme moi, nous on est rien. On est dans une catégorie indéterminée ,on se cherche finalement. Mais je préfère être là qu'au fond comme tous les populaires dont ma "soeur". Enfin ma soeur adoptive, mes parents sont morts il y a 3 ans de façon étrange comme m'a expliqué l'assistante sociale, pourtant je n'ai pas le droit d'en savoir plus.

Fille unique, j'ai été placé chez les Martins une jolie petite famille composée de Jane la mère, célèbre styliste, Davis le père chirurgien esthétique réputé. Ce magnifique couple ,qui ne se voit jamais à cause du travail qui les noie, à mis au monde deux enfants parfaits aussi bien physiquement qu'intellectuellement. Sam la cadette qui a mon âge est au fond du bus avec tous les autres populaires. Cheerleader de l'équipe de basket-ball elle a tout pour elle. Une grande blonde aux yeux verts qui n'a rien à envier aux miss. Dotée d'une intelligence supérieure à la moyenne qui est égale à son arrogance et à son mépris à mon sujet elle s'impose dans n'importe quelle compétence. D'ailleurs son grand frère Dawn âgé d'un an de plus que nous doit lui avoir donner une part de son caractère compétitif. Car la jeune fille ne cesse de cumuler les trophées qu'elle dispose sur le buffet de la salle à manger. Ses parents sont fiers d'elle et Sam le sait, comme tout le monde à vrai dire. Mais Dawn n'est pas laissé à part loin de là! Les murs de la maison ou plutôt de la villa sont couverts de souvenirs de shooting photo. Effectivement ayant une mère passionnée de mode ça n'a pas été compliqué pour elle de l'aider à percer dans le mannequinat.
Moi, Emmy Dohnson, une petite trop brune, trop plate, avec les yeux trop bleus et les taches de rousseurs trop voyantes je suis le vilain petit canard de cette famille si fantastique. Alors pourquoi m'avoir adoptée?

Une fois chez les Martins je monte dans ma chambre sans même adresser une parole aux deux autres adolescents.
A quoi bon après tout?
Je peux pleurer sans leurs mots.
Je peux pleurer seule.
Je peux pleurer sans qu'on me rappel à quel point je suis pathétique.
Tout en me répétant ces phrases je me mis à dessiner sur mes poignets à l'aide d'une lame. Les perles rouges gouttent au dessus d'un mouchoir posé là afin de ne rien tâcher. Les larmes salées roulent sur mes joues creusées pour les accompagner. Je fixe mon chef d'oeuvre en me disant que tout cela est le résultat de ma haine.
Je déteste ce lycée où les gens ne font que se moquer. Je déteste ce bus où l'on se range par catégories. Je déteste cette maison où je suis rejetée. Je déteste cette vie où je ne suis que spectatrice.
Fatiguée par cette société je m'endormis sur mes draps sans même avoir pris le temps de bander mes bras mutilés.

Le lendemain mes nouvelles traces ayant cicatrisées ce fut une journée banal loin de la routine matinal de Sam. Enfermée dans sa salle de bain et chantant à tut tête je pus deviner qu'elle commençait sa journée du bon pied. Pourtant qu'est ce qui empêcherait qu'elle tourne mal? Pouvant  être chamboulée en un clin d'oeil ma soeur se raccrochait au bon, à l'espoir que ce jour se passerait bien. Mais qui pourrait créer du tort à Sam Martins après tout? Je pourrais surement être comme elle si je voulais me relever. Pourtant si je le fais il ne faudrait plus que je retombe et je n'ai personne pour m'aider. Cooper est mon seul ami et ne comprend pas ma détresse apparemment. Qui pourrait comprendre qu'à 17 ans on veut en finir avec la vie après tout?

PalomaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant