-Chapitre 9-

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La dernière sonnerie de la journée retentit et je rejoignis Kylie à la sortie du lycée afin que nous puissions aller à l'hôpital où nous allons rencontrer la mère de Simon. J'espère que ce dernier ne me posera aucune question sur ce qu'il s'est passé à midi et qu'il se contentera d'être sérieux dans notre enquête.

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On passa la porte du grand bâtiment et à peine cela fait, Simon se leva d'un siège de la salle d'attente pour accourir vers nous. Instinctivement je baissa les yeux en souhaitant devenir invisible. Revenir à l'époque où il ne me connaissait pas en faites. Redevenir une inconnue pour lui.

"Ma mère devrait pas tarder" lâcha le brun.

Une phrase simple, sans émotion ni même jugement. Une simplicité trop exagérée selon moi. Je ne le connais que depuis peu mais en temps normal il aurait rajouté une petite blague ou un sous-entendu. Pourtant il a l'air vide. Je ne saurais dire si c'est positif ou négatif car d'un coté il ne pense pas à de mauvaises choses mais de l'autre il n'est pas heureux. Comme tout le monde, s'il avait affiché un sourire, je me serai dit qu'il va bien. Même si ça n'avait peut-être pas été le cas.

Une femme brune, les cheveux regroupés en une queue de cheval basse, les yeux marrons et les traits fins arriva vers nous.

"Bonjour je suis Ashley. Tu dois être Emmy?" Me demanda t elle tout en me tendant la main.

Je serra cette dernière tout en hochant la tête. Je vis alors dans ses yeux une peine infini, et même des pleurs qui ne pouvaient sortir, retenus par la barrière du bonheur qu'elle affiche. Mais que deviennent ces larmes qu'elle essaie de ravaler? Sont- elles préserver pour un futur chagrin?

Le médecin nous conduit alors dans son bureau en nous disant que l'on y serait plus au calme pour discuter. Cette pièce ne m'impressionne pas contrairement à ce que l'on pourrait penser. Il n'y a rien d'hors du commun. Seul des livres, des dossiers et un grand tableau blanc où certaines maladies sont citées sont la preuve que son propriétaire est médecin.

"Je suppose que tu ne souhaites pas tourner autour du pot. Moi non plus de toute façon. Je me rappel de cette histoire comme si elle s'était déroulée hier et elle se retrouve encore quelques fois dans mes cauchemars. Elle va sans doute te choquer mais tu as le droit de savoir. Je suis d'avis à ce qu'on enlève le pansement d'un coup et non pas petit à petit alors ne me coupes pas ma puce."
Elle posa sa main sur la mienne, pris une grande inspiration et continua "C'était un jeudi comme les autres jusqu'à ce qu'on reçoive l'appel du gérant de la station Paloma. Il était tard dans l'après-midi et il nous a annoncé que deux personnes inconscientes étaient dans sa station et qu'il ne savait pas quoi faire. Alors une équipe de trois médecins dont moi est partit. Quand nous sommes arrivés c'était trop tard. Ta mère était allongée sur le sol des sanitaires, la tête en sang à cause de sa chute. Tu sais, Emmy, tu lui ressembles beaucoup. Tu as la même forme du visage qu'elle. Je suppose que tu tiens tes yeux de ton père même si je n'en sais trop rien puisque je ne me suis pas occupée de lui. C'est un confrère qui l'a fait. Il était assis simplement dans la voiture, on n'aurait dit qu'il dormait. Aucune égratignure présente sur son corps. Mais grâce à des analyses de leurs sangs nous avons put remarquer que du chlorure de potassium a dut être injecté dans leurs veines ce qui a provoqué un arrêt du coeur. Vos parents n'ont pas souffert, je pense que c'est important de vous le dire. De plus, l'homme de la station n'a rien put faire. Effectivement une fois le liquide injecté impossible de l'arrêter." Raconta - t - elle

Tout le long de son récit je l'ai fixé dans les yeux. J'ai put voir de la compassion dans son regard ce qui m'étonna pour un médecin.
Quant au sujet de la mort de mes parents c'est bizarre mais savoir comment ils sont morts ne m'apporte ni soulagement ni haine. Rien. Je sais que bientôt j'irais interrogé le gérant de Paloma pour continuer mon enquête. Mais en ce moment précis je ne ressens rien.

"Le chlorure de potassium est en vente libre?" Demandais je afin d'avoir l'air irrité par cette histoire.

La femme enleva sa main de la mienne et fis non de la tête tout en replaçant une mèche dans sa queue de cheval.

"Seuls les médecins, les chirurgiens enfin les spécialistes de santé y ont accès en si forte dose. Tu sais une enquête a été menée et c'est le commissaire Jefferson qui s'en est occupé. Mais elle n'a pas abouti à cause d'une trop forte pression des hôpitaux. Effectivement si l'un d'eux avait été accusé d'avoir fourni du chlorure de potassium à un tueur il aurait vu sa réputation baissée en flèche. Alors pour un bien commun cette histoire a été classée." Expliqua- t -elle

Un bien commun? Et dans cette histoire à quel moment on a pensé à la famille des victimes ou encore aux probables futures victimes? Car le tueur aurait put recommencer. Il a décidé que mes parents avaient assez vécus? Comment a-t-il put se permettre de juger cela? Chacun est responsable de son propre destin et c'est assez compliqué comme ça de faire en sorte qu'il soit beau. Mais si en plus on se met à choisir celui des autres cela relève de l'impossible.

Quelque chose bippa sur le bureau d'Ashley. Elle le mis dans sa poche et nous raconta qu'elle n'avait pas plus de temps à nous accorder car on l'attendait autre part. Kylie et moi la remerciâmes et on sortit de l'hôpital, Simon sur les talons. Mon amie m'embrassa et partit de son côté en me disant que si j'avais un coup de blues cette nuit je pourrais appeler et qu'on fera un debrief sur tout ce qu'on sait demain. J'allais donc partir de mon côté aussi mais le joueur de football américain me retenu par le bras. Je le regarda sans comprendre quelques secondes en faisant des vas et viens avec mes yeux entre sa main et sa figure. J'espère seulement qu'on ne parlera pas de ce qu'il s'est passé à midi. Je préfèrerais qu'il m'embrasse plutôt que devoir lui raconter mes soucis. Quoi que ... beurk ...

"On peut parler?" Me demanda-t-il d'une voix douce tout en lâchant délicatement mon bras.

Tout de façon même si je lui dit non il trouvera une façon de discuter avec moi puis peut-être veut-il simplement me dire qu'il a besoin d'aide en physique.
Il me conduit jusqu'à sa voiture où l'on s'assit à l'avant et on resta quelques secondes sans oser parler ni bouger. J'avoue que je ne voyais pas Simon comme ça. Effectivement son côté timide m'étonne beaucoup pour un garçon de sa catégorie.

"Je sais que tu vas mal ça se voit dans tes yeux, ça s'entend dans tes mots et ça se sent sur tes poignets. Je sais qu'on se connait pas vraiment mais je sais pas, te voir comme ça me plait pas. Alors je te demande pas de me raconter tous tes problèmes ca ne servirai à rien puisque de toute façon tu ne le feras pas. Mais Kylie est là pour toi et maintenant moi aussi. Je t'ai vu à midi pleurer à cause d'un garçon, si il t'a laissé c'est qu'il ne te méritait pas et c'est tout. Emmy t'as l'air d'être quelqu'un de torturer de l'intérieur. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour que tu sois comme ça mais saches que tu peux me faire confiance. Et surtout même si ça ne va pas mais que tu ne me veux pas m'en parler dis moi que tu es mal et que t'aimerais rester seule. Ne me mens pas. Je peux comprendre et je peux même peut-être t'aider si tu me laisses essayer." Me confia t il en me regardant sincèrement.

Je l'ai cru. Peut-être que je n'aurais pas dut mais le coeur a emporté sur la raison. Pas de réflexion seulement de la confiance. Alors je lui ai sourit. Pas avec un faux sourire pour ne pas le blesser mais avec un vrai qui en dit long. On ne voyait pas mes dents mais mes lèvres ont pris la forme d'un croissant de lune et pour moi c'est déjà beaucoup.

Je ne lui ai pas répondu car mon sourire lui a suffit comme réponse, il a compris qu'il était vrai et sincère et que je lui faisais confiance
Ce soir là il m'a raccompagné chez moi en silence et j'ai compris qu'après cette déclaration je resterai attachée à lui. Pour le meilleur et pour le pire son destin sera lié au mien après ces quelques mots qui ont réussi à me toucher. J'espère seulement qu'il ne me brisera pas et que mon idiot de coeur n'a pas fait un idiot de choix en le choisissant comme ami. Va-t-il honorer ses mots?

PalomaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant