Paloma

-Chapitre 5-

Cela fait une semaine que Sam a été arrêtée par la police et que je cherche une explication à mon adoption. J'y ai toujours pensé mais plus tôt je croyais seulement que les Martins voulaient un autre enfant et que c'était tombé sur moi car il fallait bien que ça tombe sur quelqu'un. Mais après l'allusion de ma "soeur" ma curiosité s'est enflammée. Il y a une raison à mon adoption et je compte bien la découvrir.

"Emmy?" Lança Jane en frappant à ma porte de chambre.

"Oui oui une minute" répondis je à la hâte en enfilant la robe bleue nuit qu'elle m'a demandé de porter pour sa réception. J'enfile quelques bracelets pour cacher mes cicatrices et invite la femme à entrer.

Elle me regarde de haut en bas en souriant et me demande de m'asseoir sur la chaise de mon bureau. J'obéis, elle attrape ma brosse et commence à la passer dans mes cheveux indisciplinés. J'ai toujours admiré Jane pour sa beauté ainsi que pour son caractère affirmé. Petite et frêle, elle a toujours eu ce qu'elle voulait et ça ne changera pas d'aussi tôt. Portant une robe beige cintrée tout droit sortie de sa  nouvelle collection elle sourit. Une petite contraction de muscle qui illumine son visage. Il a l'air vrai sur elle. Qu'est ce qui peut la rendre si heureuse ? Plongée dans son travail, elle n'a pas de temps pour s'occuper des personnes qu'elle aime. Mais pas de temps non plus pour voir la société terne puisqu'elle est coincée dans un bureau pailletés. Alors c'est ça le bonheur ? Vivre seul dans un monde imaginaire pour ne pas voir le mal ?

"Dis moi ma chérie, est ce que tu es heureuse dans notre famille?" Me questionne ma mère adoptive.

Je ne m'attendais vraiment pas à cette question qui me laisse sans voix. Ça fait maintenant plus de 3 ans que je suis chez les Martins et je n'y ai jamais vraiment réfléchit. Suis je heureuse ? Mes marques sur mes poignets y répondraient sans doute. Mais elles n'ont pas pour origine mon mal être au sein de cette maison. Seulement mon désarroi vis-à-vis de la mort étrange de mes parents. Pourtant peut-être qu'avec le soutien de mes proches cette épreuve serait plus facile à supporter. Alors suis je heureuse? Mais c'est quoi être heureuse? Comme je l'ai dit un peu plus tôt je ne comprends pas le bonheur. Personne ne me l'a enseigné.

"Oui" répondis je en me donnant l'air sur de moi.

Je ne la vois pas mais je sens qu'elle sourit. Serais ce une bonne idée de parler de mon adoption maintenant? Je ne suis pas sure car la mettre de mauvaise humeur alors qu'elle ne va pas tarder à descendre à sa réception et une mauvaise idée. Elle est contente de ma réponse restons sur cette lancée. Mais cette dernière est elle un mensonge?

Jane posa la brosse et toutes les deux on descendit dans le salon où se tiennent les invités. Une trentaine de personnes aux airs snobinards. Je m'assis sur le sofa et trouva comme seule occupation de contempler ce milieu social dans lequel je vis depuis 3 ans. Les hommes portent tous, sans exception, un costume noir avec cravate noire. Aucune couleur sachant que la plupart de ces personnes ont les cheveux grisonnants. Dut au stress? À la vieillesse? Ou peut- être au deux. Les femmes ne sont pas beaucoup plus originales: rouges, noires, bleues et quelques blanches sont les seules teintes de leurs robes. Je pense que ma mère adoptive le savait et c'est même pourquoi qu'elle en porte une beige. L'attention est donc portée sur elle. En parlant d'attirer l'attention, les parents sont ils au courant du problème qu'a eu ma sœur adoptive avec la justice? Je cherche du regard Sam et Dawn mais ne les trouve pas. Auraient ils réussi à échapper à cette réunion si terne?

Je sens un poids s'assoir à côté de moi et tourne donc la tête. J'espère seulement que c'est pas un de ces vieux qui va me dire que je suis jolie et me demander en mariage. Hors de question d'accepter ,je préfère mourir. Ce qui est d'ailleurs sur la liste de mes projets de cette année.

"Salut.... dis... tu te rappels de moi?" Me demande timidement ma voisine.

Effectivement ce n'est pas un homme en décomposition à cause du temps. Mais parler à une inconnue qui plus est la fille qui m'a vu pleurer aux toilettes du lycée ne me plaît pas vraiment. 

"Je suis Kylie, on s'est vu au lycée l'autre jour..." continua t elle sur le même ton hésitant.

Kylie? J'ai au moins mis un prénom sur ce visage. Mais que me veut elle?

"Oui je m'en souviens. Moi c'est Emmy. Je peux t'aider ?" Répondis je d'une façon désintéressée.

Ses yeux se baissèrent et elle se tut. Vraiment bizarre cette fille... J'ai pour habitude de classer les gens mais Kylie ne rentre dans aucune boite. Un physique parfait, une timidité surprenante et des rapprochements inattendus, cette fille m'intrigue.

"Je... tu sais si tu es enceinte... tu... si tu veux en parler..." lâcha - t- elle.

J'ouvris la bouche et mon premier réflexe fut de regarder mon ventre. Toujours plate comme une planche à pain... moi enceinte ?

"Qu...quoi? Mais je suis pas enceinte " me défendis je

"Ah... je suis désolée... mais comme tu pleurais dans les toilettes... je pensais que ton test de grossesse était positif..." s'expliqua t elle.

Alors depuis près de deux semaines elle pense que je porte un enfant? Désolée mais c'est impossible car même si je ne connais pas grand chose à la vie ,puisque je m'intéresse principalement à la mort, je sais que pour créer une progéniture il faut un homme et une femme. Hors le mâle est inexistant. Et n'existera jamais. J'ai trop peur de souffrir, d'être encore une fois abandonnée. Mais je sais aussi que m'attacher trop à une personne et en devenir dépendante me remettrait dans le droit chemin. Me redonnerait goût à la vie. C'est hors de question. Ce n'est pas un garçon qui changera mes projets. Cette année Je mourrais.

"Alors pourquoi tu pleurais?" M'interrogea t elle.

Apparemment elle a repris confiance en elle dès que je lui ai dit que je ne suis pas enceinte. C'est très bizarre. À sa place je me serais liquéfiée, j'aurais eu honte de ma question stupide et serais partie en courant. Mais elle m'affiche à présent un sublime sourire et pose sur moi un regard bienveillant. Kylie m'a l'air pourtant détruite de l'intérieur. Comme si elle portait un masque. Ça me rappel mon passé. Les années où je souriais sans vraiment en avoir envie juste pour ne pas qu'on me pose de questions, pour ne pas qu'on s'inquiète. Puis je n'aurais sans doute pas tout le temps sut quoi répondre. J'avais seulement l'impression d'avoir le poids du monde sur les épaules. Ressentir le malheur de la planète entière. Mais quand mes parents sont morts j'ai laissé tomber ce masque même si je n'ai pas réussi à en pleurer avant un bon moment. Aujourd'hui je ne l'ai pas remis. Je n'affiche de faussés émotions que rarement... mes mensonges compensent. Tout de façon qui ne sait pas que je vais mal? Ce masque ne me servait plus à rien... certains assument leurs formes, moi j'assume mon problème avec le bonheur que je ne comprends pas. Pourtant ce soir je ne ressens aucune émotion. Je réfléchis seulement à ce que la vie à put lui faire de mal. Je m'intéresse aux malheurs de Kylie. Peut-être qu'en faisant ça je pourrais apprendre à être heureuse.

"Je vais te raconter. Mais pas ici." Lui dis je après un long silence.

Elle parut surprise de ma réaction mais se contenta d'hocher la tête. Aujourd'hui je vais parler de mon mal. Espérons que c'est une étape de la quête qu'il va falloir accomplir pour qu'elle retrouve le moral. Car oui, je vais aider Kylie a régler ses problèmes même si elle ne m'en a pas encore parlé. Elle ne va pas bien et je le vois. Une fois cette fille sauvée, je pourrais mourir en paix.