Paloma

-Chapitre 8-

"Dis moi, tu penses quoi de Simon?" Me demande Kylie, appuyée contre les casiers un livre plaqué contre la poitrine est un sourcil haussé.

"C'est un idiot" lâchais je simplement en essayant désespérément d'ouvrir mon casier dont le verrou est bloqué.

"Peut-être mais faut avouer qu'il est assez mignon" susurra mon amie en se mordant la lèvre inférieure.

Je leva les yeux au ciel. La beauté extérieure ne fait pas tout, je suis sure qu'il est moisi à l'intérieur. Comme Sam, ça doit être un truc de populaire.

La sonnerie retentit et sans me laisser plus de temps afin de débloquer mon cadenas Kylie m'entraina dans le couloir au milieu de tous ces élèves pressés de rentrer dans leur salle. Non pas par peur que le cour commence et donc de rater une partie des explications de la première guerre mondiale ou encore de l'algèbre mais seulement par peur d'être envoyé chez le proviseur. Ce serait le début de gros ennuis puisque ce dernier appellerait les parents de l'étudiant qui le puniraient ensuite en lui baissant de 50% son argent de poche. Il ne gagnerait donc plus 200€ par mois mais bien 100€. Il pleurera , insultera ses parents, criera qu'il a été adopté et après deux jours de crises , ses géniteurs lui redonneront autant qu'au début si ce n'est plus. Et ça se dit mature et autonome? Quelle bande d'idiots...

On arrive au cdi où quelques personnes sont présentes mais où le silence règne. Il n'est pas pesant, il est plutôt reposant. Personne n'est stressé, ils sont juste plongés dans leurs livres. Dans ces histoires réalistes ou non qui nous font rêver d'une société plus belle ou chaque malheur se termine par un amour passionnel. Cette ambiance relaxante fut pourtant troublée lorsque la chaise à ma droite grinça sous le poids du nouveau venu n'étant nul autre que Simon. Je leva les yeux vers lui et il me souri. Je pensais pourtant qu'il ne m'adresserait plus jamais la parole et m'éviterai au maximum après mon emportement d'hier après-midi. Ce que j'aurais compris puisque c'est ce que font la plupart des gens en découvrant mes pensées. Mon esprit noir fait peur au gens car il représente tout ce qu'ils essaient de fuir. Ce monde insensible où la société a installé la règle du chacun pour soi.

"Heureuse de me voir Dohnson?" Me sourit mon voisin tout en me faisant un clin d'oeil.

"Qu'est ce qu'il fait là?" Interrogeais je Kylie en soufflant alors qu'elle, nous regardait en souriant.

"Il vient te raconter ce qu'il sait. Je sais que tu penses ne pas être prête mais ça fait 3 ans maintenant. 3 ans que tu vis avec cette pièce manquante dans ta vie. 3 ans que tu ne sais pas dans quelles circonstances sont morts tes parents. Ta vie est un réel chantier, tout comme ta tête. Si tu te fais du mal c'est parce que tu ne sais plus où tu en es. Ne laisses pas ce mal te ronger, t'es une personne extrêmement forte et je te respecte pour ça. Mais en menant cette enquête tout peut retrouver de l'ordre. Je ne sais pas pourquoi tu t'obstines à rester dans l'ignorance...." m'expliqua ma voisine en me fixant sans cligner les yeux une seule fois.

Ce qu'elle vient de dire est vrai sauf pour la partie forte. Si j'étais une fille forte je resterai droite et ne me mutilerais pas. D'ailleurs elle sait que je n'ai pas arrêté de dessiner sur mes poignets malgré que je lui ai promis. Pourtant j'arrêterai.... surement pas avant ma mort mais ça arrivera.
Quant à cette enquête je pense que c'est la seule chose que je puisse faire pour que le sourire de ma meilleure amie revienne. De plus, c'est vrai que vivre sans réponse n'est pas facile et c'est même pour cela que le suicide est une solution à mon problème. Alors nous allons mené cette investigation.

"Qu'est ce que tu sais?" Questionnais je alors Simon en mettant le coude sur la table pour appuyer ma tête sur mon bras.

Il eut un léger sourire en coin et commença son récit:" je ne sais pas grand chose. Je sais qu'ils sont morts tous les deux de façon suspecte et que ma mère a essayé de les réanimer mais n'a pas réussi car c'était trop tard. Cette histoire l'a beaucoup tracassé, je me rappel qu'elle hésitait à t'adopter. Mais après la mort de mon père c'était assez compliqué comme ça pour elle d'élever mon frère, ma soeur et moi alors elle a été soulagée quand elle a appris que les Martins t'avaient choisies."

Alors comme ça j'aurais put être la soeur de ce garçon populaire? Ma vie aurait elle été la même? Serais je heureuse? Mais est ce que même si mes parents n'étaient pas morts j'aurais été heureuse?

"Tu penses qu'on pourrait poser des questions à ta mère?" Interrogea Kylie.

Simon hocha la tête et nous informa qu'elle est de garde à l'hôpital toute la soirée alors qu'on n'a qu'à se rejoindre là-bas vers 18heures. Une fois l'affaire réglée, chacun reparti de son côté. Pour ma part une longue heure de mathématiques était au programme avant le repas.
Lors de cette dernière je ne pus m'empêcher de réfléchir à ce qu'il me manque pour être heureuse. Mais je ne trouva aucune réponse. Seulement d'autres questions comme est ce que l'on peut vraiment être complètement heureux?

***
Le plateau de Cooper se posa juste en face de moi malgré tous les efforts que j'ai fait pour l'éviter. Il ne m'a pas parlé de Morgane alors que je suis sa meilleure amie. Je n'arrive pas à accepter ça car je ne fais pas confiance à beaucoup de personnes mais à lui oui. Pourtant il n'est même pas capable de me dire qu'il est en couple.

"Je n'ai pas envie de te voir. Vas retrouver Morgane." Lâchais je simplement tout en jouant avec la nourriture dans mon assiette.

Il eu l'air choqué mais ne répondis pas et repartis seulement son repas en main vers la table de ce qu'il pense être l'amour de sa vie. Elle ne sera pas amoureuse de toi jusqu'à ta mort Cooper. Personne ne l'est aussi longtemps. On reste juste ensemble par peur de mourir seul.
Ma vision devint flou et ma bouche se plissa. Je pleure. Je verse des larmes pour celui qui est censé être mon meilleur ami et qui devrait toujours être là pour moi. Je me sens seule et trahie. Je sais bien que c'est moi qui l'ai envoyé voir ailleurs. Mais c'est ce que font toutes les filles quand elles sont jalouses non? Il aurait put rester... il aurait put... c'est ce que j'aurais voulut malgré que je sache qu'insister n'est pas dans ses habitudes.
Je me leva et partis, la tête basse vers les toilettes des filles où je compte me scarifier une nouvelle fois. Un trait pour la trahison. Un autre pour l'abandon. Je ne m'arrêterai surement pas à deux car je trouverais toujours des raisons pour me faire mal.
Avant que je puisse atteindre la porte rose, un bras musclé m'arrêta nette dans mon élan. Simon.

"Tu pleures?" S'inquièta t il

Mon regard fixant toujours le sol et sans aucune réponse de ma part mon interlocuteur n'attendit pas plus longtemps ,attrapa mon menton et me releva la tête pour que je le regarde dans les yeux. Mais qu'est ce qu'il veut ? Voir que je vais mal pour ensuite se moquer? Hors de question. Je me libéra de son emprise et fonça aux sanitaires où je pus enfin me libérer de mon mal-être.