Paloma

-Chapitre 2-

Ça fait maintenant plus d'un mois que les grandes vacances sont finit et que je mange dans ce self où la nourriture à un goût infecte. Toujours ces mêmes murs blancs, cette même table ou je m'assois et Cooper. À vrai dire , ce dernier est le seul que je ne souhaite pas changer dans ma vie.

"Tiens une réunion de sacs d'os!" Déclare une voix que je pourrais reconnaître entre mille.

Je lève la tête de mon plat de nouilles et tombe nez à nez avec le visage de Sam. Une effluve de fleurs me monte alors jusqu'au nez. Elle est avec sa bande et comme d'habitude elle m'a choisit comme souffre douleur de la journée. Chacune de ses amies est tirée à quatre épingles. Aucune mèche de cheveux ne dépasse et leurs maquillages sont loin d'avoir été fait dans la hâte. Elles sont parfaites, c'est surement pour ça qu'ici on les admire autant. Mais même si leurs physiques sont irréprochables , est ce que le moral est de même? Pas du tout. Pourtant il y aura toujours des personnes pour les défendre malgré qu'elles rendent la vie impossible à des dizaines d'élèves.
"Ma fille a besoin de se décontracter quelques fois" aurait plaidé la mère de Sam tel que je la connais.
Mais tout le monde sait très bien que la petite princesse veut seulement que nous rampions à ses pieds. Alors je me mis à l'ignorer, une tactique qui s'avère être la moins dangereuse. Tout le monde nous regardant, si je me mets à répondre je dirais surement n'importe quoi à cause du stress. La seconde solution étant de fuir et donc de la laisser gagner j'ai choisit de rester de marbre.

"Oh regardez moi là! T'es pathétique Emmy, tu es faible!" Continua t elle un sourire scotché aux lèvres.

Si elle savait à quel point... je me mis à tirer sur les manches de mon pull pour être sure de ne laisser apparaître aucune malheureuse cicatrice qui ,si découverte, aurait signée mon arrêt de mort. Je releva ensuite quelque peu la tête et vis Cooper me regarder d'un air désolé. Tout de façon je ne m'attendais à rien venant de lui, il ne m'a jamais défendu, il a peur de ma soeur et son groupe de pestes. Puis Morgane est là, alors il ne veut pas prendre je risque de se ridiculiser. Un soupir m'échappa en pensant à toutes les excuses ridicules que je venais de lui trouver pour défendre son manque de courage.

"Heureusement que tes parents sont morts! Sinon tu imagines la honte qu'ils auraient eu en voyant leur fille qui préfère rêver que d'affronter la réalité? Tu ne deviendras jamais personne Emmy. Jamais" me cracha t elle énervée que je ne réponde pas à ses injures.

Mais ces phrases étant de trop, et ne voulant pas qu'on me voie pleurer je partis en courant. En passant à coté de Morgane je pus entendre un désolé de sa part. Le pense t elle vraiment? Si oui, pourquoi se laisse t elle entrainée dans cette chose affreuse qui est l'harcèlement? Je suppose qu'à notre âge on a besoin d'être égoïste pour être aimé. Qu'on a besoin de faire du mal pour être respecté. Qu'on a besoin de plaire aux autres pour être bien dans sa peau. Alors au final, lesquels d'entre nous sont vraiment ceux qu'ils laissent paraitre?

Je courus jusqu'aux toilettes les plus proches et m'enferma dans une cabine. Une fois à l'intérieur toutes les larmes chaudes que j'avais réussi à retenir lors du trajet purent couler en toute tranquillité. Si j'avais une lame sous la main j'aurais put tracer mon malheur. Mais n'en ayant pas je me contenta de tout laisser sortir, les cris, les larmes et les coups. Comment Sam peut elle parler au nom de mes parents? Elle ne les a pas connu, comment peut elle seulement penser savoir ce qu'ils me diraient? Je donna un coup de poing dans le mur et entendis une porte grincer. Alors pour ne pas me faire repérer je me rassis sur la cuvette, pris mon visage entre les mains et me mis à pleurer en silence. Ce n'est pas la première fois que mon bourreau utilisait mon physique comme couteau. "Squelette", "Anorexique" ou encore "Tas d'os" sont les mots qu'utilisent la plupart des élèves pour me décrire et ça ne m'atteint pas plus que ça. Mais parler de mes parents de cette façon...
Parler au nom des morts devrait être interdit, après tout qui peut savoir à l'avance comment aurait réagi tel ou tel personne ? Affirmer le contraire prouverait simplement que vous pensez être capable de remplacer quelqu'un. Pourtant tout le monde est irremplaçable.

Une fois mes sanglots calmés et mes yeux un peu dégonflés je sortis de la cabine et me lava les mains sans prêter attention à la jolie brune appuyée sur le mur me fixant d'un regard doux. Je vis dans le miroir que mon visage cerné est aussi déformé par la tristesse. Je ne pus m'empêcher de baisser la tête pour échapper à cette vision. C'est alors que la jeune fille s'approcha de moi et me tendit un mouchoir. Je la regarda alors de haut en bas sans comprendre. Qui est elle?

"Tu sais que les sèches mains soufflent des tas de bactéries sur tes mains? Un mouchoir en papier c'est peut être moins écolo mais crois moi, c'est beaucoup plus hygiénique!" Me déclara t elle un sourire chaleureux aux lèvres.

Je la remercia et me saisis de son don. Cette fille est assez étrange. Elle a le physique pour rester avec Sam et sa bande mais au lieu de ça elle offre du papier dans les toilettes. Je ne pensais pas que d'autres personnes que moi ne voulaient pas rejoindre les populaires. Mais mon interlocutrice en est la preuve! Ou alors elle a quelque chose qui cloche et ils l'ont rejetée. C'est vrai qu'elle attendait alors que toutes les cabines sont vides. Pourquoi?

"Je t'ai entendu pleurer" me confia t elle comme si elle avait put lire dans mes pensées.

Je fis une légère grimace et jeta le papier qu'elle m'a offert. Je me dirigea vivement vers la porte avant d'entendre les phrases typiques des gens qui prétendent vouloir m'aider. Pourtant elle me barra la route et je n'ai eu d'autre choix que d'écouter.

"Je sais qu'on ne se connait pas, mais je suis une bonne oreille et c'est souvent plus facile de parler aux inconnus" me dit elle en fixant le sol.

Alors mademoiselle propreté est timide? Voila pourquoi elle n'a pas le même statut que ma "soeur". Je lui répondis froidement que je sais très bien me débrouiller toute seule et passa la porte sans attendre sa réponse. Comme si j'avais besoin d'une psy!

N'ayant aucune envie de retourner en classe après la scène d'aujourd'hui, je rentra chez moi. À peine mes chaussures enlevées à l'entrée pour être sure de ne pas salir le sol toujours étincelant ,le téléphone fixe se mit à sonner et comme bien entendu je suis seule c'est moi qui vais répondre.
À l'autre bout du fil une collaboratrice de Madame Martins. Elle veut les patrons de la nouvelle collection au plus vite, je lui assure de passer les messages a ma mère adoptive une fois rentrée et elle finit enfin par raccrocher au bout de 10 bonnes minutes de sermons à l'intention de Jane. Encore et toujours des histoires d'argent. Je me demande si cette famille n'a jamais eu besoin de se poser la question "comment va t on dépenser tout cet argent?". La conversation terminée ,les adolescents vivant avec moi entrèrent dans la maison. Tout deux apparemment pressés montèrent à l'étage en courant. Je fis de même mais plus calmement.
A quoi bon se dépêcher? Le temps n'est jamais assez long.
Je me laissa tomber sur mon lit et voulut essayer de m'endormir quand ma porte de chambre s'ouvrit sur Sam. Je compris alors qu'elle venait me charrier au sujet de la fête à laquelle elle compte aller ce soir. La jolie blonde porte une robe de couture bustier mi-longue mauve qui ,j'en mettrais ma main à couper, provient de la nouvelle collection de sa mère.

"Je sors ce soir. Toi tu restes là et t'invites personne. Tout de façon qui viendrait? Cuisse de grenouille? Tu dois lui en vouloir de ne pas t'avoir défendu à midi..." finit elle avant de refermer.

Ses réflexions m'énervent même si elles sont fausses. Je n'en voudrais jamais à Cooper pour ça. Ce n'est pas son caractère et je le sais depuis le début. Sam n'a qu'à aller à sa stupide party je m'en fiche. Dans les endroits où elles se déroulent il y a de l'alcool, du monde, de la fumer de cigarette et des cris. Tout ce que je déteste alors ça ne m'atteint pas.

Je me mis devant un film avec un peu de nourriture et ma soirée commença. Mais ne pouvant pas passer une soirée calme, quelqu'un frappa à la porte et comme d'habitude si je n'étais pas aller ouvrir personne d'autre ne l'aurait fait.
Sur le palier, un grand garçon d'une tête de plus que moi aux cheveux noirs et aux yeux verts pétillants me salua gentiment. C'est Josh, le meilleur ami de Dawn que je n'avais pas vu depuis longtemps! C'est un de ses seuls amis que j'aime bien, il est simple et contrairement aux autres il ne me prend pas de haut. Je le fis donc entrer et appela mon "frère" puis remonta dans ma chambre. L'invité réapparaît d'un coup? Cela fait pas loin de trois mois que nous sommes sans nouvelles de lui et j'entends bien en bas que le blondinet est de mon avis. Je l'entends crier au revenant qu'il est pathétique de lui demander de l'aide après tout ce temps.

"Pathétique" , le même mot que sa soeur a utilisé pour me décrire plus tôt dans la journée. Repensant à cette scène je pris ma lame et dessina sur mon poignet comme je le fais tous les soirs depuis 3 ans. Je sais bien qu'il faudra que tout cesse un jour ou l'autre. Mais ne faut il pas d'abord savoir comment ça a commencer pour pouvoir tout arrêter ?