Elle prit une longue et profonde bouffée d'air, la dernière, ouvrit grand les bras, tournant les paumes vers l'horizon, dans ce geste gracieux d'offrande que font généralement ceux qui se sacrifient pour une bonne cause, et se laissa doucement choir vers l'avant. On aurait dit un ange voler... Quiconque se serait donné la peine d'assister à ce spectacle incongru aurait été ému par la beauté de la scène, juste avant, bien entendu, de s'horrifier de sa finalité. L'ample manteau noir qu'elle avait emprunté ce matin à son père sans trop savoir pourquoi, semblait flotter dans les airs, décrivant d'élégantes courbes, ondulant au gré du vent dans une danse alternant précipitation et fluidité. Ses magnifiques cheveux blonds, seule couleur présente dans le tableau grisâtre de cette journée, agrippés par les bourrasques du vent, se tenaient droits au-dessus de sa tête, accompagnant d'un même mouvement cette valse macabre. Le temps parut alors brusquement s'arrêter. Les yeux, toujours rivés sur l'horizon, la jeune fille resta un instant qui sembla durer une éternité, à admirer l'étonnante vue qui, de là où elle se trouvait, s'offrait à elle, se sentant comme figée dans le vide, portée par rien d'autre que les airs. Elle se demanda ensuite si cette simple chute suffirait à la tuer. Elle était venue là sans vraiment y réfléchir, sans établir de plan concret...
La mort serait au rendez-vous, comme elle l'avait souhaité. Le vertige de la chute était grisant, presque enivrant, cela donnait la sensation de pouvoir voler, d'être libre, enfin... Mais tout ça ne dura qu'un très bref instant. Inexorablement, son regard vint se porter sur les flots. La peur l'envahit alors soudainement... L'impact serait-il douloureux ? Pourvu qu'il n'y ait pas de pierres à cet endroit... Ou plutôt si, pourvu qu'il y en ait, cela faciliterait les choses : la noyade, supplice lent, étant probablement pire... L'impression que tout s'était figé et qu'elle tombait au ralenti se dissipa en un éclair, le temps parut alors brusquement s'accélérer, précipitant déraisonnablement sa chute.
L'eau se rapprocha de plus en plus rapidement de sa figure et elle n'eut soudain plus d'autres pensées que : ça y est, c'est la fin... Et, tandis qu'elle ne se trouvait plus qu'à quelques centimètres de l'impact fatal, elle aperçut, l'espace d'une fraction de seconde, aussi furtivement que passent les images subliminales, le reflet du visage d'un homme terrifiant, au sourire assassin et au regard irréel, les prunelles flamboyant d'un éclat rouge incandescent. Puis, tout devint noir, humide et glacial.
I.I
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Il ne faut pas se méprendre: j'essaie d'embellir le suicide, le transformant du mieux que je peux en image poétique, mais il s'agit d'un fléau qui chaque jour un peu plus gagne du terrain et décime les rangs des jeunes.
Je suis désolée si certains jugent que mes écrits sont immoraux, mais en aucun cas je ne chercher à encourager ce genre de pratiques. Rien n'est plus horrible que de vouloir mettre fin à ses jours de son propre gré...
J'essaie tant bien que mal de transfigurer mes démons et mes peurs en jolis mots, rien de plus. Peut être aussi que je cherche à dénoncer ce genre de choses; et peut être que ce n'est pas la bonne façon...
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Monologue d'une littéraire
PoesiaJe griffonne des vers quand ça me vient, comme ça me vient. Ce recueil est juste le maëlstrom de mon esprit couché sur le papier... Enfin, sur le clavier. Je ne suis ni un poète, ni à la recherche de gloire, je partage juste ce que je pense. Bonne l...