Chère Guedonne,
J'ai écouté cette violente mélodie éclaboussée de mots liquides qui colportait à tes pieds les gouttelettes de rosée du ciel-courtisant. Ciel intimidé par ta timidité. Ciel pleurnichant ton ombre qui s'éstompe à mesure que tu t'écailles avec le vent. À mesure que tu t'en ailles avec le temps.
Ah La pluie! Cette pluie. Je l'ai regardé tomber. Tomber à genou. Tomber et se briser en mille éclats de verres miniaturisés. Pauvre pluie. Elle venait mendier l'aumône à coeur nu, coeur désemparé, sur ta peau couleur cri d'oiseau. Des oiseaux dans un vol en éclat crépusculaire. Et j'ai souri. Et j'ai ri de mon sourire. Et j'ai ri le désespoir de la brise hivernale qui, supliante, tentait pitoyablement de se cramponner à la liberté flotante de ta petite robe frivole. J'ai haïs la bassesse hypocrite des eaux ruisselantes qui se bousculaient à venir s'écraser sous tes petits pieds de fée fragile. De fée fragile et naine. J'aurais craché sur les cadavres de ces feuilles mortes par noyade qui voguaient précipitamment vers tes chevils rosis par le froid en quête de réincarnation. Non mais quelle humiliation! Depuis quand la nature se rabessait? Depuis quand elle cessait de se battre et donner à l'ennemi la satisfaction de la voir rendre son arme? De la voir rendre son âme?
Ainsi je t'ai vu marché droit sur les remparts des arbres sentinelles qui, bien que frémissants, formaient héroïquement le dernier corps de résistance devant l'ultime armagedon. Et malgré mes yeux qui te faisaient l'amour en larme de sang. Malgré moi. Je n'ai pas eu le temps. Mon Dieu je n'ai pas eu le temps de le retenir! De retenir le bondissement de mon coeur à la conquête d'un tel sourire. Celui-là même qui violait aussi sauvagement les recoins de tes lèvres. S'ouvrant telle une césarienne dans un ciel rieur avortant brusquement un morceau de lune hivernale. Sourire qui absorba d'un coup sec toute la lumière folklorique des feuilles vertes trempées. Feuilles parssemées de gouttelettes de diaments fondus et scintillants. Ce genre de lumière qui ne se contente guère de briller. Mais qui respire. N'importe où. Mais qui aspire. N'importe quoi. Mais qui joue. Mais qui joue aux amourettes avec les longues griffes en or de l'astre mère. Mais qui joue des tours magiques aux regards hagards ou égarés.
Et tu t'approcha de mon corps. Et ma volonté ferma sa gueule. Et tu t'approcha encore. Et ma raison se flanqua une corde au cou. Je n'ai pas eu le temps d'esquiver cette tornade de passion que tu chevochais à mon encontre. Je n'ai pas eu le temps de fuir l'invitation impérative de tes cuisses entrouvertes. Pas eu le temps d'échapper à l'arme de séduction massive qu'elles dissimulaient. Pas même eu le temps de crier. Ne serait-ce que de murmurer. Si ce n'est que gémir allègerement sous la magie de ta chair-miel, Ô ma Guedonne!
-Winter-
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Etang d'Art
Random"Et maintenant que ta propre soif Attisée, Que ta fleur enflammée, Me mouille sous ton pelage humide Tu m'ouvre grand ta mer rouge Et j'y engloutis mon bâton" Recueil de poème