Bienvenus au village de Boyo!
Ici on ne connait pas l'Art de manger
On ne connait que l'urgence
De ne pas crever de faim
Ni l'Art de boire dans vos verres étincelants,
Gorgés de vin italien
On ne connait d'ailleurs qu'un vin unique
Les vôtres à base de raisin
Le nôtre à base de canne
On ne connait pas l'audace de créer des machines volantes
Ni l'arrogance d'erriger des immenses cases,
Aux toits pointus avalés par les nuages,
Et qui flanquent, dirait-on
À votre ciel bleu comme dans un conte de fée
Des doigts d'honneur majestueux
Tel à déchalborer une pute de carrière
Ici le sourire n'est que sur nos lèvres,
Un passager d'ombre qui aurait perdu son chemin
Et qui toujours s'empresse de repatir,
Comme effrayé dirait-on...
Comme dégouté, pourquoi pas?
Par le funeste desespoir
Qui infecte la sérénité des lieux
Au village de Boyo,
La terre a longtemps cessé de pondre
Vu qu'au seuil de l'horizon ensanglanté,
La pluie a longtemps cessé de poindre
Plus de tam-tam dans les montagnes
Que le cri muet assourdissant d'un soleil têtu
Mais venez donc...
Venez on vous dit
Vous pourrez étancher votre soif
Dans un bouche-à-bouche salvateur
Avec nos calbasses jauni au soleil
Séquestrant l'eau en leurs rondeurs
Pour la livrer, gratuite
Aux museaux desséchés du nègre...
Ou du blanc si vous voulez, peu importe
Car ici,
Au village de Boyo
Vous avez beau être bleu ou rouge
Noir ou blanc, vert ou incolore
Vous restez des nôtres
En dépit de vos fachistes
Et de leurs croix gammées
En dépit de nos gagne-pains
Volés par vos ancêtres
De nos mères forcées à se broyer l'échine
Dans la cueuillette des bouffes quotidiennes
Desquelles elles n'ont connu que les miettes
Dont vous n'auriez même pas versé dans l'écuelle de vos chiens
De nos frères pendus ou guillotinés
De nos soeurs violées ou fouettées à sang
En dépit du fait d'avoir craché sur nos croyances
Pour nous imposer l'obeissance à votre religion manipulatrice
De nous avoir enseigné à souffrir en vous enrichissant
"Heureux les pauvres, car le royaume des cieux est à eux"
Mais bon...
Venez donc...
Venez on vous dit...
L'heure n'est ni aux différends ni aux différences entre les races de cette planète
Car vous êtes au village des hommes qui se sont fait ligotter les mains
Pour mieux vous tendre leur coeur
Bienvenus à vous tous!
Ici vous êtes au Village de Boyo
-Winter-
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Etang d'Art
Acak"Et maintenant que ta propre soif Attisée, Que ta fleur enflammée, Me mouille sous ton pelage humide Tu m'ouvre grand ta mer rouge Et j'y engloutis mon bâton" Recueil de poème
