Pour la troisième année consécutive, Emmy, Anna, Matthieu et Camille se retrouvent pour les vacances. Trois semaines au bord de la mer, à frimer, à rire, à rêvasser, c'est le bonheur, ils en sont tous les quatre convaincus. Mais les adolescents n'au...
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- Emmy ?!
Je levai la tête. Anna était assise en face de moi et pointait du doigt un nouveau, tout sourire. Je jetai un regard à la bouteille posée dans le sable. Le bouchon indiquait « sur la bouche » et vu l'expression de mon amie, la bouteille avait dû s'arrêter sur « avec la langue », au premier tour. Je soupirai. Pourquoi avais-je accepté de jouer à ce jeu alors que je le détestai ? Tous les ans c'était la même chose. Depuis six ans, je venais ici avec mes parents pendant les grandes vacances, retrouver les autres fidèles comme Anna, Matthieu ou encore Camille. Ce dernier me lança un regard moqueur avant de déclarer :
- Ben alors Emmy t'étais pas aussi timide avec Ethan, l'année dernière !
Je le fusillais de regard. Je détestais que l'on parle de mes amourettes de vacances devant tout le monde. J'avais le droit à un minimum d'intimité non ? Tout le groupe me regardait attendant que j'agisse. Je soupirai à nouveau. Je finis par dégager mes pieds du sable et me hisser sur mes jambes engourdies. Je frottai mes mains pour retirer les derniers grains avant de m'avancer vers le nouveau. Il me regardait d'un drôle d'air. Désir ou Appréhension ? Si ça se trouve je vais être sa première fois. Je grimaçais à cette idée. J'avais tout simplement horreur des garçons qui embrassaient mal. Beurk. Je me ressaisis rapidement. Ce n'est qu'un baiser. Si je ne savais pas que toutes les personnes du cercle avaient plus de seize ans, j'aurais pris le jeune homme pour un gamin. Je m'agenouillai devant lui. Je vis qu'il hésitait.
- Je suis pas toxique tu peux me toucher, lui dis-je d'un ton las.
Il hocha la tête. Comme il ne bougeait toujours pas je décidai de prendre les choses en main. Je posai mes paumes sur ses joues rondes et me penchai vers lui. J'approchais mon visage du sien, priant pour qu'il se soit brossé les dents. Nos bouches entrèrent en contacte doucement, laissant échapper quelques sifflements et quelques ricanements. Il posa ses mains sur mes hanches. Alors qu'il les descendait vers mes fesses, je me détachai de lui. Visiblement, ce n'était pas son premier baiser. Je regagnai ma place. Anna me fit un signe discret et m'interrogea du regard. Je haussai les épaules comme pour lui dire « y'a pire ». Elle plissa ses yeux noisette et me désigna Matthieu qui revenait une bouteille à la main. Il était parti avant mon gage. Je lui fis les gros yeux et mima un tranchage de gorge. Elle rit silencieusement. Si elle touchait un seul mot sur le baiser que je venais d'échanger à Matthieu, il me charrierait jusqu'à la fin de nos vacances. Ce dernier vient s'assoir à côté de moi. Il ouvrit la bouteille de Vodka et annonça :
- Comme une soirée sans alcool n'est pas une vraie soirée, je fais tourner la bouteille. N'en abuser pas j'ai pas envie d'appeler les pompiers.
Sur ces mots, il porta la bouteille à sa bouche et bu une gorgée. Il me la tendit, je la pris, amenai le culot à mes lèvres et avalai le délicieux liquide avant de faire passer au suivant. Matthieu regardait circuler la boisson, soucieux. De ce groupe, il était le plus âgé. Il avait trois ans de plus que moi. Nous nous étions rencontré lors de ma première année. J'avais alors onze ans et lui quatorze. L'année suivante, nous nous sommes retrouvés, aussi surpris, l'un que l'autre. Il avait changé de téléphone et moi j'avais perdu le mien. Une excuse bidon pour ne pas se vexer d'avoir supprimé nos numéros. La troisième année, prévenus à l'avance, nous avions finis par sortir ensemble, n'allant pas plus loin que quelques baisers. La quatrième année, nous nous étions classé au statut de meilleur ami. Ces mêmes vacances, nous avions rencontré Anna et Camille. La cinquième année, après avoir un peu trop bu, mon meilleur ami m'a embrassé. Ça c'était fini par des caresses en maillot de bain sur la plage et une érection non voulu, d'après lui. J'avais été très embarrassée. Je souris à ce souvenir. Maintenant que j'avais dix-sept ans, j'avais assez de recul pour m'avouer que nous avions été bien ridicules. Des érections, j'en avais déjà vu. Dans ma classe quand un garçon aimait bien les formes d'une fille, il n'avait pas besoin de le lui dire, ça se voyait direct. Un mouvement attira mon attention, me sortant ainsi de ma songerie. Anna c'était levée pour changer le carton sous la bouteille. Elle dit :
