Chapitre 16

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A la tombée de la nuit, on se précipita tous pour rentrer chez nous car on voulait annoncer la nouvelle a nos parents. Sur le chemin du retour, on se bavardait entre nous jusqu'à a notre arrivée. Maman et papa nous attendaient impatiemment sur la galerie. Sans prononcer un mot, deja maman nous sermonna.

- Kote nou te ye?

- Euh!... Nou tal nan repetisyon manman. Répondis-je.

- Kisa? Lè sa nou ap sot nan repetisyon, yon peyi pa menm bon menm.

- Wi manman, nou dezole.

- Epi vin dim kiyès nou te di nou ta pral nan repetisyon? Grogna-t-elle.

Papa nous regardait tranquillement sans rien dire. Il semblait bien a un môme.

- Euh...

On ne savait pas quoi répondre vraiment vu la pression que nous mettait maman. Sans lâcher un mot, mon père qui se prenait pour un môme sort de son silence et nous sauve la peau.

- Mwen yo te di sa wi cheri. Acquiesça-t-il.

- An yo te di w sa Willy epi w kite m ap pale konsa.

- Men cheri se bliye m te bliye diw sa.

- Ou byen fèt. Marmonna-t-elle. Degaje nou rantre non.

Pendant qu'ils disputaient pour un rien, Djico profita pour me parler.

- Ey! Dream, ou kwè se bon moman an pou n ta di yo sa? Murmura-t-il.

- Wi kouzen, nou pa gen le chwa non.

- Ebyen ok. Apre'w.

- Dakò. Maman, papa.

Brusquement je les ai interrompu.

- Kisa? Hurlaient-ils.

- Papa, maman nou gen yon bagay enpòtan ke nou vle pataje avèk nou.

- Evre? Ebyen ok. Pale nap koute nou.

- Ok.

On les avait tout raconté du début jusqu'à la fin. Ils étaient très content et fier de nous. On les avait annoncé la nouvelle comme la plupart d'entre nous l'avait fait.

Cette nuit-même, la chaleur etait insupportable, on ne pouvait pas rester a l'intérieur mais on restait dehors pour contempler les astres et dialoguer. Papa et maman étaient rentrés.

- Kouzen, ou konnen mwen poko ka kwè ke nou pral fè gwo eksplwa sa? Dit-il.

- Mwen menm tou Djico mwen poko ka kwè. Mwen gen enpresyon ke map reve toujou.

- Men non Dream se byen yon reyalite. Byento nou pral Miami pou n al bay meyè de nou menm. Reprit-il. Tout sa yo se gras ak kouraj ou ak pèseverans ou malgre jan nou te ka trete w men ou menm ou pat janm dekouraje. Ou se yon konbatan.

- Waw mèsi anpil kouzen. Men san nou menm tout eksplwa sa yo pa tap posib.

- Dream, ou konn yon bagay pa janm chanje tande kouzen, rete janw ye paske siksè a enkane nan ou menm. Nenpòt sak ta rive, promèt mwen ke wap toujou rete pozitif.

- Mwen promet ou sa kouzen. Men sim pat konnenw mwen ta diw pral mouri wi pou janw pale man lol. 

- Hm!

Il était vraiment triste.

- An palan kouzen, kilè w konte avwe Cia santimanw gen pou li an? S'interroge-je.

- Euh!... Demen si bondye vle map dil sa kan mèm.

- Hm!

Brusquement, 2 hommes vertus de noires, cagoulés sur une motocyclette nous tiraient dessus et s'échappaient. On s'était allongé plat au sol. Nos parents s'inquiétaient et nous rejoignaient.

- Timoun nou pa gen anyen? Demanda-t-elle.

- Mwen pa gen anyen non manmi.

- O glwa pou Bondye. E ou Djico?

Il ne pouvait même pas parler car il etait touché.

- Vit, vit ann kouri mennenl lopital.

Sans tarder, j ai averti Me kanmi qui venait nous prendre pour nous emmener a l'hôpital. Cia etait dans un profond sommeil quand sa mère allait lui annonçait cette mauvaise nouvelle. Elle etait complètement perdue.

Une fois a l'hôpital, les médecins voulaient l'opérer en urgence et l'avaient emmenés au bloc. Je me trouvais dans le couloir avec mes parents et Me kanmi qui me consolèrent. Mes vêtements étaient tachés de son sang. Je pleurais et m'inquietais. Les autres étaient avertis et ils n'avaient pas tarder a me rejoindre. Cia se précipita alors de me rejoindre pour en savoir plus.

- Dream, kijan Djico ye stp? Kisa doktè yo di nou?

- Doktè yo poko di nou anyen toujou non Cia pou dat nou la.

- Timoun eseye kalme nou tanpri pou ke tout bagay ka byen pase. Acquiesça mon père.

Depuis tout petit, j'avais horreur des hôpitaux et aujourd'hui, je suis face a mes horreurs. J'étais paniqué, angoissé et ne savais pas quoi penser. Tout ce que j'avais souhaité c'était une bonne nouvelle.

Quelques heures après, l'un des médecins sortait du bloc et se dirigeait vers nous.

- Se nou menm ki fanmi blese a Svp? Demanda-t-il.

- Wi doktè. Se kijan li ye kounya?

D'un coup, j'ai perçu cette énorme tristesse dans la voix du docteur et l'expression de son visage en dit de même peine perdue.

- Euh! Mwen vrèman dezole men jenòm nan gentan pèdi twop san nou pa rive sove'l.

- O non, Djico non. Hurlait Cia.

On etait tous très alarmé. Et moi, j'étais insoutenable car je ne voulais pas me séparer de mon cousin. On m'avait donné un sédatif pour pouvoir me calmer.

Après, Me kanmi passait tous nous déposer dans notre bas quartier. C'était une grande perte pour le groupe a quelques jours de nos départs. La police etait venue me questionner et je n'ai pas pu les aider car je ne les ai pas identifié. Comme d'habitude, ils nous ont promis d'ouvrir une enquête pour punir les méchants. Une belle promesse qui ne tienne jamais sa route.

3 jours plus tard, on assistait a son funérailles, vertus de noires, on etait inconsolable. Je faisais sa biographie.

- Djico etait un brave homme, un véritable ami et protecteur. Il etait tout pour moi et il m'encourageait souvent a aller vers l'avant. Il aimait beaucoup la musique et il avait cru en ce que nous faisons. Avant de mourir, il me disait ce soir-là: " kouzen, pa janm chanje tande paske siksè a enkane nan ou. Toujou rete pozitif epi pike pou pi devan." Merci.

C'était sur cette parole que j'avais conclu en versant des larmes. Après l'avoir enterré, on s'était retourné a ma demeure pour nous relaxer un peu et grignote quelque chose.

PS: Ce chapitre c'est pour rendre hommage a mon ami Clermont Ordilla qui etait comme un frère pour moi et qui n'est plus de ce monde. Rip for you my big bro, que ton âme repose en paix.

Merci!!!!!!

L'INCARNATION DU SUCCÈSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant