VII

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-> Alex en médias


« Que se passe-t-il Charlie ? Charlie ! Charlie réponds !

Je met un bon moment avant de reconnaître la voix du patron qui sort du talkie-walkie.

- Je... Alex... il a eu un gros accident, il est derrière la barrière, enfin... la voiture elle a... un grand boum et puis...

- Stop ! Stop ! Me coupe-t-il paniqué, Alex a eu un accident ?

Je hurles presque :

- Oui !

- Il est loin ?

- Non, pas loin...

- Alors tu m'écoute ok ? Tu prends ta voiture et tu te rends sur le lieu de l'accident. Si Alex est blessé tu l'emmène à l'hôpital sur le champ. S'il est mort ou inconscient tu le laisse et tu file au hangar c'est compris ? Les flics vont pas tarder alors dépêche toi !

- Même s'il est inconscient je...

- Oui ! Crie-t-il, c'est un ordre alors vas-y et dépêche toi ! »

Je suis complètement étourdie mais ce n'est pas le moment de flancher, Alex et le patron ont besoin de moi. Je m'installe au volant et me lance sur l'autoroute. Je n'ai pas besoin de rouler bien longtemps avant de trouver le gigantesque trou dans la barrière. Je m'arrête, je descends puis je m'engage dans la brèche, ma lampe de poche brandie devant moi. J'ai très peur de trouver Alex inconscient ou pire, mort, mais je ne me fais pas trop d'illusions, à cette vitesse, les accidents ne pardonnent pas. Mon ventre est serré et j'ai envie de vomir, je ne tiens pas vraiment à voir un cadavre aujourd'hui. Je m'approche du véhicule. Je retiens un cri. La voiture est méconnaissable, son flanc droit est encastré contre deux tronc d'arbres qui se sont pliés sous l'impact. Les vitres sont brisées et deux roues gisent plus loin. Je reprends espoir quand j'entends des gémissements. Je me précipite de l'autre coté. La portière pend et j'aperçois la silhouette d'Alex qui gis sur le siège conducteur, l'airbag dégonflé sur ses genoux.

« Alex ! Je crie, ça va ? Tu... tu as mal où ?

A ma grand surprise il me répond doucement :

- Partout...

Je voudrais le rassurer mais je n'ai pas le temps. Je suis en état de stress le plus total, je ne sais pas comment m'y prendre, au stage de secourisme ils nous disaient de ne pas bouger la victime. Je dois choisir entre mon sens des responsabilités et mon travail, mais l'idée de ne plus toucher à aucune voiture me rend malade. Je lève la tête d'Alex pour qu'il me regarde :

- Tu pense que je peux te porter ?

- Je suis trop lourd...

- Alex ! Criais-je, on a pas le temps ! Il faut vite partir d'ici !

- Mais laisse moi là, gémi-t-il, la police me trouvera...

Je souffle, je n'ai pas le droit de l'abandonner ici.

- C'est hors de question, aller ! Grognais-je »

Je met une main sous ses cuisses et l'autre derrière son dos et j'essaie de le retirer délicatement de la voiture. Il gémit à chaque mouvement. Je suis au bord des larmes, j'ai peur de le tuer en le déplaçant de la sorte. J'arrive enfin à l'extirper de la carcasse fumante et je le porte jusqu'à ma voiture sous un concert de gémissements, lorsque j'essaie de lui mettre une ceinture il hurle de douleur. Je n'insiste pas. En m'installant au volant je remarque qu'il a du sang partout, il a du en perdre beaucoup.

Je démarre très rapidement en évitant les manœuvres brusques, et je me lance sur l'autoroute. Je devrait rouler doucement mais Alex perd trop de sang et l'importance de le garder en vie prend le dessus sur ses gémissements de douleur. Je règle le GPS pour aller à l'hôpital le plus proche, il est à 20 minutes, je ne sais pas si Alex va survivre jusque là. Je jette un coup d'œil sur lui, il est dans un sale état. Du sang coule de son front, son poignet est dans un angle bizarre, de même que sa jambe droite. Je me reconcentre sur la route mais je remarque que ça fait plusieurs fois qu'il perd connaissance.

« Courage Alex, on arrive bientôt à l'hôpital, il va falloir tenir jusque là ! Lui dis-je »

Je prends la sortie indiquée par le GPS et je laisse la vitesse de la voiture tomber doucement. J'arrive en ville, heureusement il n'y a pas trop de monde la nuit. Je grille quelques feu rouges et je me dépêche mais cette ville est un vrai labyrinthe. En plus, c'est à croire que je GPS fait tout pour nous rallonger le chemin.

Lorsque j'aperçois enfin la croix rouge, je sens un immense soulagement. Je rentre sur le parking où je me parque n'importe comment. Je ne peux pas sortir Alex toute seule une nouvelle fois. Je cours dans les urgences. Je vois des dizaines de personnes qui attendent et je commence à désespérer ; Alors je me met à hurler. Un jeune infirmier se dirige vers moi en courant :

- Calmez vous, mademoiselle, me dit-il, que se passe-t-il ?

Je réponds rapidement, toute essoufflée :

- Il faut que vous fassiez vite, mon ami, il va mourir...

- Allons, allons, ne dites pas de bêtise, personne ne va mourir. Tout le monde est dans l'urgence ici, alors ce que je vous propose c'est de vous asseoir ici et d'attendre sagement.

- Mais vous ne comprenez rien ! Hurlais-je, venez voir ! »

Avant qu'il ne fasse le moindre pas en arrière, je l'attrape par le poignet et je le tire dehors. Il essaie de se débattre :

« Mademoiselle enfin ! Mais lâcher moi, calmez-vous !

Je l'ignore et je cours vers ma Jaguar.

- Si vous ne me lâchez pas je vais...

- Là ! Criais-je en ouvrant la portière pour qu'il voie Alex, je fabule là ?! »

L'infirmier devient blanc et sors son téléphone de sa poche. Il hurle quelques mots que je ne comprends pas et quelques minutes après un groupe de personnes arrive en criant avec du matériel. Je sens une main se poser sur mon épaule et une voix rassurante me dire :

« Tout va bien jeune fille, votre ami est pris en charge, venez avec moi. »

J'ai envie de lui dire que je ne suis pas stupide et que je ne vais certainement pas le suivre mais je suis sous le choc et je me sens trop faible pour résister.

Je me laisse guider jusque dans une salle où se trouvent des chaises. Le jeune infirmier qui m'a guidée jusqu'ici se tourne vers moi et me lance :

« Vous pouvez rentrer chez-vous mademoiselle, votre ami est entre de bonnes mains.

Je devrai lui obéir, pourtant je ne compte pas abandonner Alex ici et je trouve d'autant plus très malpoli de renvoyer quelqu'un qui vient de sauver une vie.

- Non, je vais l'attendre ici, protestai-je

- Nous allons prévenir ses responsables légaux. Vous pouvez-y allez.

Je le regarde et j'insiste :

- Non je reste ici.

- Écoutez mademoiselle, il est tard, les gens attendent et nous sommes pressés. La salle d'attente est presque pleine et les places se font rare alors...

Je l'interromps :

- Non, c'est vous qui allez m'écoutez. Je ne connais presque rien de ce garçon, ni son nom de famille, ni ses parents. Alors débrouillez-vous mais moi je ne bouge pas d'ici sans savoir s'il va s'en sortir.

L'infirmier m'a lancé un sale regard mais il a capitulé. Je ne devais pas être la seule pour qui la soirée paraissait longue.

Je me suis donc mise dans un coin et j'ai attendu en me rongeant les sangs.

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⏰ Last updated: Sep 01, 2017 ⏰

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