Chapitre 18

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Harry s'éveilla en sentant une main lui caresser tendrement les cheveux. Il savoura ce moment de douce quiétude, tandis que les souvenirs de la veille remontaient à la surface.

Il avait connu tant de plaisir entre les bras de son amant... Qu'allait-il se passer désormais? Quelles étaient ses intentions? L'incertitude le taraudait, mais il décida de la reléguer au second plan.

Il ouvrit les yeux, et les plongea dans ceux de Louis.

Puis sans un mot, sa bouche trouva la sienne. Ils s'embrassèrent lentement, langoureusement et ils firent l'amour de même, sans se presser, comme s'ils avaient l'éternité devant eux.

Pourtant, lorsque Louis s'enfouit en lui, Harry sentit sa gorge se serrer et son regard s'embuer, tant leur étreinte avait pour lui le goût d'un adieu définitif. Etaient-ce ses propres angoisses qui lui donnaient cette impression tenace, ou un je-ne-sais-quoi d'impalpable dans l'attitude de Louis? Son intuition lui soufflait que bientôt, il aurait sa réponse...

Leur corps à corps se fit plus passionné, leurs peaux affamées se cherchant inlassablement l'une et l'autre. Lorsque Harry jouit enfin, son orgasme avait la saveur douce-amère des derniers h=jours d'été, les plus beaux et les plus tristes: ceux que l'on redoute tant car ils annoncent l'arrivée de l'automne et la fin d'un cycle.

Ensuit, après avoir senti le plaisir de son compagnon jaillir en lui, il ferma les paupières, refusant l'inévitable discussion. Il se rendormit, ayant brièvement conscience de lèvres sur son front.

Lorsqu'il émergea de nouveau, le lit était froid et la place à ses côtés vide. Il jeta un coup d'œil au réveil: il était neuf heures passées. Harry se leva, enfila son pantalon de pyjama, et se dirigea vers le salon, une sensation d'inéluctable fatalité lui nouant l'estomac.

La première chose que son regard embrassa fut un Louis entièrement vêtu d'un costume sombre, puis ce furent deux valises posées à ses côtés. Son cœur se serra. Ce qu'il redoutait le plus était arrivé: Louis retournait au Canada.

Il s'efforça de restaurer sa carapace de cynisme, et se composa aussitôt un masque d'indifférence sur le visage. Il ne leur ferait pas l'affront, ni à son amant, ni à lui-même, de supplier pour quelques miettes d'affection.

Visiblement, Louis avait pris sa décision, et la belle nuit qu'ils venaient de passer dans les bras l'un de l'autre... était un simple adieu, ainsi qu'il l'avait deviné.

-Donc... tu repars au pays?

La phrase avait sonné davantage comme une évidence que comme une question. Néanmoins, Louis y répondit:

-Oui, je viens d'appeler un taxi pour m'emmener à l'aéroport. Mon avion décolle dans trois heures, et il faut au moins deux heures pour l'embarquement.

Harry sentit une sueur glacée lui parcourir la nuque. Il avait la confirmation verbale de son intuition.

Louis le regarda fixement, et d'un geste de la main, lui indiqua le sofa.

-Assieds-toi, Harry, s'il te plait, il faut qu'on parle.

Et ça, dans l'esprit d'Harry, c'étaient trois mots qui n'avaient jamais rien apporté de bon.

Le visage de l'ancien sportif était impénétrable tandis qu'il prenait place dans le moelleux canapé. Louis sentit l'angoisse l'étreindre. Visiblement, Harry prenait ses distances. Plus aucune trace en lui de l'homme passionné de la veille et des premières lueurs de la matinée.

Louis ravala difficilement sa salive. Au fond, c'était probablement mieux qu'il s'en tienne à son plan initial. Ils s'étaient faits beaucoup trop de mal l'un à l'autre pour qu'une histoire sentimentale soit envisageable entre eux.

10 Ans Plus TardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant