Rêve en grand

U

J'aimerais me faire encrer au feutre noir la date de Henri au creux de mes reins. Et que jamais cela ne s'efface.

Ronald était d'une humeur massacrante, ce jeudi-là à cause des caprices incessants de sa petite soeur.
Il se rappelait très bien que lui, il n'avait jamais eu le droit de louper l'école sous prétexte d'un mal de gorge interprété d'une manière pathétique. Elvire, du haut de ses quatre ans, en avait le droit.

Il pensait que venir à l'école calmerait ses malheurs. Qu'Elga écrirait quelque chose qui le ferait discrètement sourire.

Que n'a pas été sa surprise lorsqu'il a vu un prénom masculin écrit du porte-plume de cette dernière.

Il n'était pas jaloux. Non, il n'était pas jaloux.
Il ne savait même pas qui était cet Henri mais peut-être était-ce justement cela le réel problème.

Son subconscient lui criait que Henri était probablement le rêve le plus sacré de la belle demoiselle, qu'elle écrirait en dernière page qu'elle avait envie de l'épouser, ou une autre fantaisie de ce genre.

S'il s'était écouté, il aurait tendrement posé ses doigts froids sur l'épaule écarlate de la jeune fille et lui aurait demandé des explications.

Mais il ne l'a pas fait.
Elle ne savait même pas qui il était.