Rêve en grand

V

Ronald était arrivé en retard ce jour-là a cause de sa petite soeur et d'une de ses inattendues et habituelles crises.
Néanmoins, il avait réussi à garder son calme et était d'une humeur neutre, comme n'importe quel mardi matin.

Après avoir couru jusqu'à sa classe, il s'était excusé auprès de son professeur de mathématiques et avait pris place au même endroit que d'habitude, à la gauche d'Archibald.

Elga, elle, n'était pas devant lui. Elle était allée rejoindre son amie, Louise qui était installé de l'autre côté de la classe.

-Alors, c'est définitivement terminé?, s'est-il auto-questionné. Elle a même décidé de changer de place...

Cela attristait sincèrement le jeune homme qui espérait que les choses dureraient jusqu'au dernier jour de cette dernière année.

Il a suivi le cours avec moins de volonté mais plus de concentration que d'habitude. C'était paradoxale, certes mais c'était bien ce qu'il vivait. Durant la demi-heure de math, sa main droite se promenait frénétiquement dans sa chevelure au roux si beau qu'il ferait pâlir les jaloux.
Ronald prenait vraiment sur lui pour ne pas se lever et aller chercher Elga.

Heureusement, Archibald arrivait à lui changer les idées en lui racontant les projets qu'il avait pour les deux longs mois de vacances avant qu'ils ne rentrent chacun dans une université prestigieuse qui demanderait beaucoup trop de travail que pour se permettre de continuer à sortir.
Il racontait les choses avec tellement de passion qu'il arrivait à garder son ami en haleine.

Malgré tout, ce dernier avait le morale à zéro. Il était vidé de l'intérieur et n'avait plus aucune envie de sourire.
La géométrie le rendait dingue depuis plus de trois semaines mais lorsqu'Elga écrivait devant lui, tout était plus doux et agréable.

Ronald a donc envoyé une prière discrète, à l'égard de la première personne qui l'intercepterait, dans laquelle il souhaitait parler une dernière fois avec la belle blonde avant que tout soit terminé.

Lorsque la cloche a sonné la fin de l'heure de cours, Ronald a nonchalamment rassemblé ses affaires et s'est lentement dirigé vers la sortie. Il est rarement pressé et de plus, son ami au prénom d'aristocrate lui parlait de Mona, une fille adorable au style oriental qu'il avait rencontré à la salle de sport et pour qui il était épris depuis de longs mois.

Ronald l'écoutait mais ne portait pas pour autant une oreille très attentive aux paroles de son ami. Ce dernier racontait sans cesse les mêmes choses, donc il commençait à les connaître par coeur.

En se dirigeant vers la classe de géographie, Ronald pensait à des choses futiles comme à ce qu'il allait manger au soir, en rentrant chez lui. Il était déjà impatient de se régaler avec les merveilleuses pâtes faites avec amour par sa mère adorée.
Évidemment, quelqu'un est venu le tirer de ses pensées en posant sa main sur son épaule.

Elga, l'auteur de ce dérangement n'a pas émis un seul mot. Elle s'est contentée de tendre au jeune homme un cahier orange, semblable à celui qu'elle complètait depuis le mois de septembre.
Ronald était pris de court. Jamais il n'aurait pensé qu'elle réaliserait ce qu'il souhaitait depuis si longtemps et ce d'une manière si décontractée.

Hésitant, il a pris ce que la blonde lui tendait en évitant de lui toucher les doigts.

-Tu peux me le rendre le jour de la proclamation.

Ceci a été les seuls mots qu'Elga a osés prononcé à l'égard de Ronald. Ce garçon la déstabilisait bien plus que ce qu'elle essayait de laisser paraître.

Après, elle est partie rejoindre son amie en courant et en pensant encore au regard bleu du garçon.