Chapitre 5

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Cela faisait bien cinq minutes que j'étais dans cette pièce, à me poser des dizaines de questions sur ce qui avait bien pu se passer pour que ça soit ce bordel là. Nevra nous avait fait marcher pendant une dizaine de minutes vers le quartier populaire avant de tourner dans une ruelle peu accueillante. Effectivement, je ne connaissais pas cet endroit, n'ayant jamais eu l'occasion d'y traîner. Nous nous étions arrêtés devant une porte en bois taguée qui indiquait clairement que ce ne devait pas être un endroit fréquentable.

Alors quand le brun fit sauter le cadenas et l'ouvrit dans un grincement retentissant, des frissons parcoururent mon corps. Et pour ajouter à l'ambiance déjà pesante, la météo y mettait du sien en voilant le ciel de nuages orageux.

Nevra m'invita à entrer après avoir vérifier que personne ne faisait attention à nous. Je le regardais de travers, ne comptant pas faire un pas là-dedans sans savoir ce qu'il y avait.

- Tu as vraiment cru que j'allais rentrer alors que je ne sais toujours pas ce que nous faisons ici ?

- Tu auras ta réponse à l'intérieur. Si ça peux te rassurer, je ne te fais pas de mauvaise blague.

- Vu ton air sérieux, je l'avais deviné.

- Alors je t'en prie, me dit-il en me montrant l'entrée.

Je soupirais, puis me décida à entrer. Lorsque je posais le pied à l'intérieur, je ne distinguais presque rien car la pièce était plongée dans la pénombre. Nevra entra à son tour, ferma la porte puis appuya sur l'interrupteur. Des lumières rouges s'allumèrent. La pièce semblait être une chambre noire. En elle-même, elle n'était pas bien grande. La seule porte existante était celle qui menait à l'extérieur. Grâce à la lumière rouge, je vis plusieurs étendoirs avec des photos accrochées dessus. De nombreuses photos. La pièce en était remplie de part et d'autre. Je fis quelques pas de plus afin d'en découvrir un peu plus. Je devinais derrière moi l'Ombre, guettant chacune de mes réactions, et observant également ce qu'il y avait autour de lui. Bien que je ne comprenais toujours pas pourquoi il m'avais emmené ici, une tension palpable se faisait ressentir.

Je m'approchais d'une des trois tables. Un polaroid y été posé. Je devinais qu'il a du servir à faire toutes ces photos. Plusieurs documents étaient étalés, mais je n'arrivais pas à lire ce qui était écrit, étant dans une langue étrangère et le peu de lumière n'aidant pas non plus.

Je levais la tête et commençais à examiner les photos en face de moi. Je distinguais la silhouette d'une fille, de dos. Plusieurs clichés la représentaient dans la rue, marchant, un bonnet sur la tête. Je me mis donc à chercher une photo qui me montrerait son visage. Les quelques suivantes ne faisaient que montrer son profil, mais la pénombre m'empêcher de distinguer les traits de son visage. Alors je continuais à chercher. Jusqu'à tomber sur une photo de face. Elle semblait être récente, car le papier n'était pas tout à fait sec. Je l'attrapai et me dirigeai vers un des néons qui éclairaient faiblement la pièce. Et lorsque je reconnut la personne, mon cœur rata un battement. Moi. C'était moi sur la photo.

Elle a été prise lorsque j'étais au lycée. Je partis prendre d'autres photos afin de mieux les voir. Toutes me représentaient, à différents moments de la journée, sur plusieurs jours. Mercredi dernier lors d'une sortie au parc avec mes amis, vendredi lorsque je suis rentrée sous la pluie, samedi lors du rendez-vous avec Ethan... Soudain, un sentiment de panique m'envahit. Je fixais toutes ses papiers, représentant chacun un moment du quotidien de ces derniers jours.

Je regardais autour de moi frénétiquement, cherchant la personne responsable de tout cela. Je posais mes yeux sur Nevra, qui s'était approché de moi entre temps.

La passeuse d'EelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant