La passeuse d'Eel

Chapitre 8

Je fixais mon regard sur le sien, surprise. Assez pour oublier mers vertiges et mon mal de tête qui me semblait insoutenable. Sa main toujours sur ma joue, Nevra ne semblait pas se rendre compte que son geste était complètement déplacé. Après quelques secondes à se regarder dans le blanc des yeux, je m'empressai de retirer sa main en la balayant avec la mienne.

- Peut importe, j'y arriverai sans toi.

- Jynn...

- Laisse tomber Nevra. Je peux le faire sans ton aide.

Je recommençais à gravir les marches, le dépassant au passage. Mais apparemment, ce dernier semblait pas vouloir me laisser passer puisqu'il m'empoigna le bras, m'empêchant de continuer.

- Jynn, je suis désolé pour... pour ce qu'il vient de se passer, et de ce que j'ai pu dire...

Je sentais la douleur revenir, doucement, mais sûrement. Je me retournais lentement vers l'Ombre, essayant tant bien que mal de garder une contenance.

- Écoute Nevra, faisons comme si tu ne m'avais pas vu. Je sais que, comme tout le monde dans la maison, tu dois sûrement t'inquiéter pour moi. Mais ça va aller. Alors oublions ce qu'il vient de se passer, et laisse-moi rejoindre mon lit, d'accord ?

- Je... D'accord.

- Merci.

Je sentis sa main lâcher prise, et je repris rapidement le chemin de ma chambre, sentant les vertiges revenir de plus en plus. Je priais discrètement pour ne croiser personne, et heureusement pour moi, ce fut le cas.

Lorsque je fermai la porte derrière moi, je m'effondrai sur mon lit, ne supportant plus d'être debout. Ma tempe me faisait un mal de chien, ma rencontre d'hier avec le béton m'ayant amoché plus que je ne le pensais. Et évidemment, au lieu de rester tranquille, j'avais passé ma fin de matinée à me torturer les méninges avec toute cette histoire de kidnapping et de portails. Pas étonnant que j'ai des vertiges à en vomir. Alors, après un bon bout de temps, la fatigue prit le dessus et je me laissai aller dans les bras de Morphée.

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PDV Externe :

Elle avait entièrement assisté à l'échange entre l'Ombre et la Passeuse. Et l'attitude de Nevra l'avait quelque peu surprise. Jamais elle ne l'avait vu aussi tendre et soucieux envers quelqu'un, du moins pas depuis un certain temps.

Mais c'est ce qu'il la dérangeait justement. Elle connaissait la situation de la jeune fille : sa vie de Passeuse que cette dernière avait du mal à vivre, sa plus que récente rupture avec son petit-ami, la tentative de kidnapping de la veille, ses cauchemars.

Elle pouvait comprendre que l'Ombre puisse être préoccuper par l'état de santé de la personne qui l'accueille, mais son comportement n'était pas innocent et sans arrières pensées. Elle en était sûre.

Alors la jeune Faerie s'éclipsa doucement quand l'humaine reprit son ascension des escaliers, et se promit d'avoir une conversation avec le vampire.

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Un bruit de sonnette me sortit de mon sommeil. J'entendais de loin des gens parler, sans pour autant distinguer qui c'était. J'ouvris les  yeux et regardai l'heure : 17h56. J'avais fais une grosse sieste. Mon mal de tête et mes vertiges s'étaient envolés, à mon plus grand soulagement.

Je sortis de mon lit et pris la peine de me regarder dans le miroir. Ayant une flemme absolue de me recoiffer, j'attachais mes cheveux en un chignon flou, qui ne ressemblait à rien, mais qui était pratique. J'ouvris la porte de ma chambre et atterris dans le couloir, encore dans les vapes.