La passeuse d'Eel

Chapitre 4

- Jynn, parle-moi...

3h43. Voilà cinq minutes que j'étais assise dans mon lit, ignorant les personnes dans ma chambre. Chacun leur tour, ils essayaient de me sortir de mon état léthargique dans lequel j'étais depuis mon réveil. Pour tout dire, j'ignorais vraiment qui était présent .

Cinq minutes et quelques secondes avant, je me trouvais dans le noir. Et maintenant ? J'étais dans le néant, et dans l'incompréhension totale. Tout semblait si réel. Sa voix, son appel, sa main sur mon épaule... Je n'ai pas pu l'avoir rêvé. Je ne me l'expliquais pas, mais j'étais persuadée que quelqu'un m'appelait et me voulait. Un frisson me parcourut, puis je sentis quelque chose sur mes épaules.

Je levais enfin mon regard, et regardais autour de moi. Ma grand-mère était assise sur le bord de mon lit, et me tenais la main. Ses yeux ne cachaient rien de son inquiétude. Debout derrière elle se tenait mon grand-père qui tentait bien que mal de la rassurer même s'il avait le même sentiment. Les deux Ombres étaient présents également. Théa était assise sur le bureau, me dévisageant avec ses yeux de louve. Je me demandais bien ce qu'elle faisait ici, vu qu'elle ne m'avait pas adressé la parole depuis son arrivée. Enfin, Nevra se trouvait à l'entrée de ma chambre, appuyé contre l'encadrement de la porte, les bras croisés. Son regard était dirigé vers la fenêtre.

- Jynn ?

Je reportais mon attention sur ma grand-mère. Elle semblait attendre des réponses à des questions que je ne connaissais pas. Je soupirais avant de me masser les tempes.

- Ça va, ne t'inquiète pas. Vous pouvez repartir dormir.

- Non, ça ne va pas, déclara Théa d'un ton sec. Si tu irais bien, tu ne crierais pas au point de réveiller tes voisins de chambre.

- Je suis désolée pour ça, je ne contrôle pas mes cauchemars, répondis-je sur le même ton.

La Lycan me lança un regard noir. Apparemment, elle n'aimait pas qu'on lui réponde.

- En parler te ferais du bien, reprit mon grand-père. Même si ça ne t'empêcheras pas de continuer à en faire, nous pourrions peut-être trouver l'origine de tout cela.

- Vous savez très bien de quoi il s'agit, dis-je plus à l'attention de mes grands-parents qu'à celle des deux autres invités.

Comment pourrais-je leur dire que c'était de pire en pire ? Que tout devenait trop réel ? Comme si j'approchais d'une fatalité. Leur raconter ne ferait que les inquiéter encore plus.

- Tu n'étais pas dans cet état les dernières fois pourtant...

- Ne vous inquiétez pas, ce ne sont que des cauchemars.

Je m'avançais sur mon lit pour d'embrasser mes grands-parents afin de les rassurer.

- Allez vous rendormir, vous allez être fatigués après.

Théa ne se fit pas prier. Elle sauta du bureau puis quitta la chambre d'un pas pressé. Mes grands-parents partir à leur tour, non sans m'avoir enlacés avant. Seul restait Nevra. Il me fixait du regard.

- Pourquoi tu ne retourne pas dormir ? Lui demandais-je.

- Je ne dormais pas, répondit-il en esquissant un sourire.

Je haussai un sourcil, ce qui le fit rire.

- Je faisais des recherches, pour tout te dire, continua-t-il en répondant à ma question muette. Je vais te laisser, j'ai cru comprendre que tu avais cours.