XVIII : Permission

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Après quelques interminables heures passées dans le centre commercial, j'y sortai enfin pour respirer l'air frais et non le parfum des femmes dans les queues à la caisse. D'un pas serein, je me dirigeai vers ma voiture puis j'ouvrai le coffre pour jeter tous mes sacs. J'étais assez fière de mes achats, entre chaussures, manteaux, et jeans je ne pouvais pas me sentir mieux. Avec un large sourire aux lèvres, je fis démarrer ma voiture.
Le chemin jusqu'à chez moi prit une bonne heure à cause des bouchons que je dû affronter. Arrivée face au portail, je tapais rapidement le code pour l'ouvrir, ce que le portail fit lentement. Je m'impatientais de plus en plus mais heureusement, il s'ouvrit complètement avant que je ne sorte et que je ne l'ouvre moi-même avec ma force de moustique. Je regardais mes phalanges irritées à cause de la fois où j'ai tapé fort dans mon casier, puis je reposais mon regard sur la route jusqu'au garage. Je ne mettais que rarement ma voiture dans le garage mais je sentais le danger s'approcher depuis que Chaz était venu me "protéger" alors j'anticipais les choses. Je remplis la place de libre avec mon immense 4x4 puis j'en sortie pour aller prendre tous mes sacs et quitter le garage. J'entrai enfin dans ma maison avec difficulté mais je parvins à y entrer quand même. Je lâchais mes sacs faisant résonner un bruit sourd dans le hall puis j'enlevais mon manteau pour le déposer sur le porte-manteau. La pièce était assez réchauffée ce qui me fit vraiment du bien.

-Julia ? C'est toi ?

Je ne connaissais que trop bien cette voix, c'était celle de ma mère, un peu cassée et grave et surtout sévère, mais contre toutes attentes, aujourd'hui, elle était douce.

-C'est moi. Affirmais-je en la cherchant du regard.

Elle sorti de son bureau et s'approcha de moi doucement, avec crainte. Comme si j'étais dangereuse moi. Je levais les yeux aux cieux face à son jeu dramatique.

-Tu peux m'approcher, je ne mange personne. Crachais-je, sèchement.

Rapidement, elle reprit son air "sûre d'elle" et très confiant.

-Je voudrais discuter de ce que nous nous sommes dit hier..elle soupirait en baissant la tête.

Je soufflais bruyamment puis j'attrapai mes cinq sacs aussi lourds les uns que les autres en me dirigeant silencieusement vers les escaliers.

-Julia, je te parle ! Elle me suivit, faisant claquer ses talons aiguilles contre le sol brillant.

-Oui, et bien pas moi ! Je criais encore plus fort.

Je montai les escaliers, la laissant seule dans le hall, face à elle-même. Mais elle n'en resta pas là puisque lorsque je fus arrivée dans ma chambre, je la vis adossée contre la porte.

-Je n'ai pas apprécié ce que tu m'as dit la veille. Elle croisa ses bras sur sa poitrine et plonngea son regard dans le mien.

-O.K. Je peux ranger mes affaires maintenant ? La coupai-je avant qu'elle ne commence sa tirade. J'ai dit tout ce que j'avais sur le cœur, maintenant sors de ma chambre.

-Tu rigoles Julia ? Peut-être que toi tu as finis mais moi non, alors maintenant tu vas cesser ta rebellion de mes deux et tu vas m'écouter parler ! Saches jeune fille, que je n'en ai pas fini avec toi !

Je roulai les yeux et je posai mon postérieur qui semblait peser une tonne après avor porté tout ces sacs, sur mon lit douillet et je m'apprêtai à entendre et non écouter, sa tirade.

-Tu as tellement changé depuis qu'il est entré dans ta vie..Ta frange, ton comportement, tu bois et ton compte en banque est de plus en plus vide ! Et Dieu sait à quel point il était rempli cette année ! J'ai vu que t'avais entamé la nouvelle bouteille de Rosé que ton père a soigneusement apporté de France ! Non mais où te crois-tu ?! Je suis sûre qu'il a bu avec toi ce Justin ! Elle s'approchait de moi en agitant son index pour me dénoncer.

-Négatif. Soufflais-je.

Voyant qu'elle ne pouvait pas discuter avec moi, elle se précipita vers le lit où j'étais posée et elle me colla violement la paume de sa main à ma joue. Je la regardai, choquée par ce qu'elle avait osé faire. Elle me regardait avec haine, quant à moi, je me préparais à faire la plus grosse erreur de l'année.

-Et tout ça c'est parce que t'es soumise à papa ! Tu sais très bien que cet homme n'est qu'une merde depuis qu'il t'a trompé et qu'il s'est barré avec sa vielle prostitué ! Mais toi, tu l'as repris comme si de rien n'était ! As-tu oublié cette vie qu'on avait lorsqu'il n'était plus là ! Oh ce que j'aurais aimé qu'il ne soit pas revenu ! Ou mieux encore, que toi aussi tu quitte le domicile ! Ouai, j'aurais aimé. Mais de toute façon, vous pouvez vous garder votre jolie résidence parce que je me casse ! Je criais de plus en plus fort.

Elle fit volte face sur elle-même et me regarda avec de grands yeux. Mon audace l'avait sûrement surprise.

-Alors c'est ça ? Ton père ? C'est lui qui te met dans cet état ?

-Quoi, te fous-tu de ma gueule ?! Alors t'as pas remarqué que depuis qu'il est là je suis devenue la plus grande des garces ?! Lui fis-je remarquer.

Ce n'était pas faux car depuis que mon père était revenu dans la même maison que nous, il avait tout remit en ordre, en commençant par mes cheveux rouges et mon style vestimentaire. Au début, je devais m'habituer à porter des talons, puis après des jupes puis je devais arrêter de manger des hamburgers, des frites, et tout ce qui s'en suit. Ma mère avait même arrêté d'aller voir ses copines le samedi. J'ignore pourquoi elle trouvait ça normal de reprendre un homme qui l'avait deja trompé, sachant qu'il ne s'arrêtera pas.

-Je ne pense pas que ce qui se passe avec Justin ait un lien avec ton père..

Je sais que j'agissais comme une gamine à fuir tout ce qu'on me reprochait, mais j'en avais rien à foutre à l'heure actuelle. Mes parents ne comprendront jamais que j'aie une vie moi aussi et que ce ne sont pas à eux de me dicter que faire. Je sortais de ma chambre mais rapidement, elle m'attrapa par le bras et me chuchota à l'oreille ;

-Tu aimes vraiment ce garçon ?

-J'imagine que oui.

-Alors vas le retrouver. Je me moque de ce que dit ton père, cette nuit il n'est pas là donc il ne sera au courant de rien. Parcontre, toi et moi, on va avoir une petite discussion en rentrant. Elle plissait les yeux avec un petit sourire.

Je ne savais pas si je devais lui sauter au cou pour un calin ou pour la tuer, après toutes ces reflexions, ma mère me laissait enfin voir Justin. Finalement, ma voix avait du pouvoir pour une fois, et je ne pu m'empêcher de laisser ruisseler une larme sur ma joue qu'elle essuya instantanément. Je la pris dans mes bras en la serrant très fort. Elle, pouvait me comprendre. Je me demandais aussi comment, elle qui me défendait à chaque fois, pouvait changer de camps si facilement. Je me dégoûtais de lui avoir dit toutes ces choses horribles, mais je revendique ; je les pensais vraiment.

"Le deal" (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant