Tout peut changer |Tome 1| [EN PAUSE]

Chapitre deux.

Lily relève ses petits yeux vers moi pour me fixer. Le jeune homme attend une réponse. Il me fixe lui aussi. Mon regard voyage entre ma petite sœur et la route qui semble interminable face à nous. Lily n'est jamais montée dans une voiture. Personne n'a jamais proposé de nous déposer quelque part. On a toujours marché.

Je ne peux pas jouer l'égoïste. Lily est morte de fatigue. Elle est déjà tombée hier lorsque nous courions sous la pluie. Je ne veux pas qu'elle se blesse une fois de plus. Je pourrai la porter, mais je suis très faible. J'accepte donc d'un petit hochement de tête.

Lily monte à droite sur les sièges arrières. Je me mets au milieu pour lui tenir la main. Une fois que l'on est attachées, le jeune homme démarre. Je passe mon bras par-dessus l'épaule de ma petite sœur pour la prendre dans mes bras. Elle ne tarde pas à s'endormir.

La route se fait en silence les vingt premières minutes jusqu'à ce que le jeune homme se décide à prendre la parole. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je ne me sens pas à l'aise.

- Où est-ce que je vous dépose ?

- Peu importe. Quelque part dans la ville la plus proche.

Je relève les yeux pour le regarder. Nos regards se croisent quelques secondes dans le rétroviseur avant qu'il ne détourne ses yeux pour se concentrer sur la route.

Je me mets à regarder la route en face de moi. Les bords de la route sont bordés de grands arbres dont les feuilles sont de couleur verte. Le ciel est bleu et très lumineux malgré les nuages blancs qui l'emplissent. Il y a quelques fleurs roses et blanches dans les arbres. Mes yeux commencent à picoter. Je ne veux pas m'endormir. Qui sait ce qu'il pourrait faire de nous par la suite.

Une demi-heure plus tard, la voiture entre dans une ville. Je crois avoir vu écrit Greenwood sur le panneau à l'entrée de la ville. De ce que je vois de la ville, je la trouve très jolie. Il y a beaucoup d'arbres. Cela doit être magnifique à l'automne lorsque les feuilles se teintent d'une couleur marron orangé.

Quand nous entrons dans une rue pavillonnaire, il s'arrête une dizaine de maisons plus tard. Il descend de la voiture et vient ouvrir la portière du côté de Lily. Je retire mon bras tout en le regardant faire. Il la détache puis la prend dans ses bras.

Je sors de la voiture à mon tour. Il s'est garé dans une allée goudronnée. Je m'arrête pour observer la maison. Elle est bien plus belle que celle où nous habitions. Elle est de couleur rouge foncé. Il y a un garage, grand si j'en crois la porte extérieure. La porte du garage est de couleur blanche, exactement comme les contours de la maison et des fenêtres.

- Nous sommes chez qui ? osais-je lui demander.

- Eh bien, c'est chez moi. Techniquement, c'est la maison de mes parents, mais j'y vis aussi.

Il ouvre la porte d'entrée, mais il reste dehors à m'attendre. Je n'avais pas remarqué qu'il avait avancé. J'emprunte le petit chemin bordé de pierres blanches qui mène jusqu'au perron. Je monte les trois petites marches puis j'entre dans la maison. Il referme la porte derrière moi. Il s'avance dans l'entrée, ma petite sœur toujours dans les bras.

- Chéri, tu es rentré ? demande une femme d'une pièce à côté.

- Oui, maman. C'est moi.

Quelques secondes plus tard, une femme brune apparaît dans l'entrée. Ses cheveux sont aussi longs que les miens, mais ils sont beaucoup plus beaux. Elle s'arrête net lorsqu'elle nous voit. Ma gêne reprend le dessus. J'entortille mes doigts entre eux, laissant le rouge envahir mes joues.

- Elles n'ont nulle part où aller. Est-ce qu'elles peuvent rester ?

- Oui, bien sûr.

Elle sourit tendrement avant de s'approcher de son fils pour prendre ma sœur dans ses bras. Elle monte les escaliers, disparaissant de ma vue. Je m'apprête à les suivre, mais une main se pose sur mon poignet. J'ai un petit mouvement de recul. Il faut que je sois avec Lily lorsqu'elle va se réveiller. Elle risque de se sentir perdue si elle ne me voit pas.