De l'autre côté du toboggan

Chapitre 2

-Len...

Je soufflais son nom, des larmes commençant à emplir mes yeux. Il ne pouvait pas être mort, non ? J'allais me précipiter vers lui lorsque j'entendis des voix. Des hommes sans aucun doute. Je m'immobilisa et vis un homme, portant une épée, s'approcher de Kilen. Il se tourna alors vers quelqu'un que je ne pouvais voir de là où je me trouvais.

-Tu pense qu'il est seul ou que quelqu'un d'autre va arriver ?

-On verra bien, de toute façon s'il y en a d'autres, ils s'évanouiront avant d'arriver.

Je fus soulagée en entendant leurs propos, il n'était pas mort. Une troisième voix se fit entendre.

-Regarde dans le Fiteyo, peut être que tu verras quelqu'un arriver ou un corps coincé.

Un Fite-quoi ? Je retins à temps ces mots qui m'auraient dénoncés, mais, à ce moment là, l'homme près de Len s'approcha de l'entrée du toboggan et me regarda dans les yeux, l'air ébahit.

-Vous êtes sûr qu'ils sont tous évanouis ?

-Bien sûr, pourquoi ? répondit le deuxième homme.

-Kane, tu devrais venir...

L'homme appelé Kane se rapprocha du premier, c'était un homme dans la cinquantaine, les cheveux grisonnants et aux yeux d'un bleu intense. Il fut bouche-bée lorsqu'il me vit. Il dégaina alors son épée et la pointa dans ma direction.

-Qui es-tu ?

-Kane, Jidemi, vous pouvez arrêter, cette blague n'est pas drôle, c'est impossible que quelqu'un se retrouve ici éveillé.

Le troisième homme venait de leur parler mais ils n'eurent pas l'air de l'entendre et me fixèrent en attendant une réponse.

-Je... des larmes commencèrent à couler sur mes joues à cause de la peur et je m'efforçais de parler de façon compréhensible. Je m'appelle Annya...

Des bruits de pas se firent entendre quand ces mots quittèrent mes lèvres et le troisième homme se montra enfin. Il devait avoir à peu près mon âge, peut-être légèrement plus vieux, mais il était caché dans l'ombre, ce qui m'empêchait d'en savoir plus sur lui. Mes yeux brouillés de larmes n'aidaient pas non plus. Il s'approcha de moi.

-Je m'appelle Raniel, capitaine de la garde du conseil, suis moi.

-Où ?

J'avais du mal à voir et j'essuyais rapidement mes yeux mais je m'aperçus clairement que ma question l'agaçait. Il ne se gêna d'ailleurs pas pour me le faire comprendre mais répondit tout de même.

-Voir le conseil, idiote. Tu n'es pas censée être réveillée alors on va t'emmener là-bas pour comprendre pourquoi. Suis moi maintenant.

-Len vient aussi ?

-Qui ça ?

Je soupira, le regarda droit dans les yeux et montra mon ami.

-Len, mon frère, idiot... fis-je en reprenant sa façon de s'adresser à moi.

Bon d'accord j'aurais peut être pas dû dire ça. Quand ces mots sortirent de ma bouche, je vis ses deux coéquipiers retenir leur souffle tandis qu'il s'approchait de moi avec un regard noir de colère. Je suppose qu'il ne devait pas se faire insulter tous les jours et que ça ne lui plaisait guère qu'on lui dise la même chose que ce qu'il disait aux autres. Il s'arrêta à quelques centimètres de mon visage et je pus discerner le marron de ses yeux.

-Parle moi autrement, je sais pas si tu t'en rend compte mais là je pourrais te tuer si je le voulais et tu ne pourrais rien y faire. Et ici, c'est toi l'idiote, pas moi.

-Tu me soûle... Tu me parle mal et je devrais te parler bien ? Non mais sérieux t'es malade ! Je viens de me faire poursuivre par un psychopathe, passer par le dernier endroit où j'ai vu ma mère en vie, dire adieu à mon frère, passer dans un endroit sans savoir si j'en ressortirai vivante, en ressortir et voir mon meilleur ami par terre sans savoir s'il était mort ou vivant. Des larmes commencèrent à nouveau à dévaler lentement mes joues brûlantes de colère. Et puis il y a vous avec vos armes là, et toi tu voudrais que je te suive bien gentiment sans poser de questions, comme un petit chien, et en te parlant bien ?! Et bien non !

Bon... Je tiens vraiment pas à ma vie, il est armé et il a dit qu'il n'hésiterait pas à me tuer et moi je lui dis ça comme ça. Parfois, je me déprime moi-même. Il m'attrape violemment par la mâchoire et appuie. Je grimace. C'est qu'il fait vraiment mal ce con, mais vu son regard furieux je n'essaie même pas de le faire me lâcher, il me fait bien trop peur.

-J'en ai rien à faire de ce qu'il t'es arrivée, si t'es pas contente c'est ton problème, j'y suis pour rien. Alors si tu continue ça va vraiment mal se finir pour toi et je ne sais pas encore ce que je vais te faire mais ça va pas te plaire. Alors ne m'énerve pas. Il fit une courte pause, histoire que je comprenne bien le sens de ses mots avant de continuer. Et oui on va emmener ton frère.

Il me regarda encore quelques secondes pour bien me faire comprendre qu'il ne rigolait pas, puis il me lâcha avant de reculer. Il fit signe aux deux autres de porter Len puis m'attrapa par le bras et commença à marcher. Essayant de surmonter mon envie de m'arracher de son étreinte, je ne supporte vraiment pas qu'on me touche, je le suivis tant bien que mal, mais il marchait vite et j'étais épuisée. Il dut se rendre compte que je n'allais bientôt plus tenir debout car sans même me demander mon avis, il me prit dans ses bras et continua à marcher sans une seule remarque.

Je le regarda étonnée, essayant de cacher ma gène et il détourna le regard.

-Je fais pas ça pour toi mais ça serait chiant si tu te blessais en tombant et que tu n'arrête pas de te plaindre ensuite.

Je ne répondis rien, s'il voulait passer pour un méchant, c'est pas mon problème, mais je compris à ce moment là qu'au fond de lui il ne l'était pas réellement. Je souris inconsciemment et mon regard dévia vers les deux autres qui portaient Kilen. Est ce qu'il allait bien ? Je l'espérais, car s'il lui arrivait quoi que ce soit, je les tuerais. Bon d'accord j'arriverais sûrement  pas les tuer, mais je pourrais tellement les faire chier qu'ils auraient envie de se suicider.

Je me mis à regarder le paysage défiler en me laissant bercer par le rythme de marche de Raniel. La végétation était étrange, il y poussait des végétaux que je n'avais jamais vu auparavant, des fleurs magnifiques semblables à des magnolias mais avec des pétales multicolores qui poussaient ça et là pendant que de petites fleurs ressemblant à des roses miniatures se déplaçaient.

En voyant cela je me frotta les yeux mais me rendis compte que je n'avais rien imaginé. Ce monde était vraiment étrange et je finis par m'endormir contre ce soldat pas si méchant que ça, mon visage enfouis dans son cou si chaud, en me demandant ce que j'allais découvrir d'autre et si tout cela n'était pas juste un rêve.

~ Bonjour bonjour, ce chapitre a mit un peu de temps à venir et il n'est pas super, mais il est nécessaire pour comprendre un peu mieux le caractère de certains personnages, j'espère que ça vous plaira quand même ^^ ~