Ils étaient tous là, autour de moi, sur le sol immobile. Des poupées de chiffon qui n'avait plus de vie, parce que telle une faucheuse, je la leur avais prise. J'avais fait disparaître tout souffle de vie en eux. Il n'y avait que moi au milieu de tout ces cadavres. Vide de tout, énergie et émotion. Je n'étais qu'une coquille vide, avançant seulement pour cette chose qui vivait en moi. Mes mains étaient à présent souillées par le sang, et étrangement, je ne ressentais rien. Pas même de la répugnance à mon égard, comme si c'était une partie de moi qui avait toujours manqué. J'observais les macchabées à mes pieds, heureusement que la ruelle était déserte. Je fermais les yeux un moment, priant un dieu quelconque. J'ignorais pourquoi je priais, mais je le faisais. À chaque fois que le gros serpent sortait de son sommeil, qu'il tuait mes poursuivants, je le faisais. J'ignorais pour qui je priais, pour moi ou bien pour eux. Peut-être un peu des deux. Même avec un cœur brisé volontairement, j'espérais qu'on vienne me sauver.
Je finis par abandonner les corps inertes. Un peu de sang tâchait mon col roulé blanc irisé. Je devrais peut-être d'abord penser à me changer, mais l'hôtel était à plusieurs kilomètres de là. Il me restait encore à aller retrouver Gabriel à l'église tout proche. C'était d'ailleurs en allant le rejoindre, que je m'étais faite attaquer. Je parcourais les petites rues afin de rester dans l'ombre, c'était bien plus simple que de prendre la grosse artère commerciale et d'horrifier tout le monde. Cela ne me prit que dix minutes pour rejoindre la petite église abandonnée. Elle était délabrée, tenant à peine sur ses fondations, un peu comme moi d'ailleurs. J'avais entendu dire qu'ils comptaient la rénover, mais que le budget n'y était pas. Je pénétrais à l'intérieur, en faisant tout de même attention où je posais les pieds.
« Tu es en retard, et tu pues le sang. Se répercuta une voix dans la salle.
– Un malheureux contretemps. Répondis-je, en avançant jusqu'à la croix pour y déposer un genou et y joindre les mains.
– Tu vas vraiment prier à chaque fois. Soupira Gabriel en sortant de l'ombre.
– C'est un problème ? Répliquai-je, en continuant de prier.
– Non. Je me demande juste pourquoi. Souffla-t-il, en venant à mes côtés. »
Je levais mon regard vers la croix, puis vers Gabriel. Il avait beau paraître comme un ange avec ses ailes dans le dos, il ne comprenait pas vraiment le sens de la prière. Je finis par soupirer, avant de me relever et rejoindre un banc pour m'asseoir. Il m'y rejoint, gardant ses ailes toujours repliées dans son dos. Je me demandais si elles étaient rétractables ses ailes, ce ne devait pas être pratique quand on sortait en plein jour. Je l'observais d'un regard morne, avant de lever les yeux sur le vitrail juste au dessus de la croix.
« C'est la seule chose que je puisse faire pour le moment. Répondis-je, alors que mes prunelles noisettes se baissèrent sur mes mains jointes.
– Tu sais au moins pour quoi tu pries ? Questionna-t-il, en soupirant.
– Il n'y a pas vraiment de raison. Soufflai-je, en fermant les yeux. »
Le silence s'installa entre nous. Ma réponse avait beau être flou, Gabriel l'acceptait. Plusieurs réponses m'étaient venues à l'esprit, mais aucune d'elle ne décrivait à la perfection ce que je ressentais vraiment en priant. J'espérais peut-être de l'aide, que quelqu'un éclaire mon chemin. Une illumination ou encore un peu d'aide des forces supérieures. Un indice de ce que je devais vraiment faire, ce que je devais vraiment être. Je lâchai un soupir, avant d'ouvrir les yeux. Je finis par me lever, m'étirant lentement.
« Il faut partir tôt demain matin. Je vais retourner à l'hôtel. Déclarai-je, en me tournant vers lui.
– Tu vas vraiment aller là-bas ? S'enquit-il, en me dévisageant.
– Oui. Répondis-je, simplement. »
Gabriel lâcha un soupir, avant de se lever à son tour. Il s'étira lui aussi. Il hocha simplement la tête, en quittant l'église. Je la quittais à mon tour, faisant attention à ne pas prendre les grandes rues. Je réussis à rejoindre mon hôtel. Ce n'était pas un grand hôtel cinq étoiles, mais c'était assez confortable et peu cher. Je partis prendre une douche pour ensuite me mettre au lit. Un long voyage m'attendait demain, et il ne sera pas de tout repos.
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Les Gardiens Et Les Loups Tome 3 : L'Appel du Monstre
Hombres LoboAnéantie par les précédents événements, Haylie est partie, abandonnant tout ce qu'elle avait. Brisée et torturée, Haylie s'est enfuie de la Perseigne avec l'aide de Gabriel, l'ange noir comme elle aime l'appeler. La culpabilité la ronge un peu plus...