Chapitre 12 corrigé

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  Les jours passèrent sans que j'adresse la parole à Zoé, Jade et Erik. Au début, Erik a tenté à plusieurs reprises de me voir mais Zoé l'en empêchait du mieux qu'elle pouvait, tout en sachant que ça n'arrangerait rien qu'il réussisse à me parler. Avec mon ouïe, que j'ai appris rapidement à mieux contrôler et à décupler pour entendre dans un périmètre de cinquante mètres, je l'ai entendu lui dire « elle a besoin de temps pour digérer certaines choses que ni toi, ni Jade, ni moi, ne pouvons l'aider à accepter et à surmonter. Elle doit le faire seule, c'est un défi qu'elle s'est lancée à elle-même». Or, malgré ce qu'elle pouvait dire, Zoé et Jade continuèrent à m'envoyer des messages et à venir frapper à ma porte de temps en temps pour essayer d'avoir de mes nouvelles. Sauf que je ne répondis ni à leurs messages, ni aux coups qu'elles mettaient à ma porte. Je n'osais pas en vérité, parce que je savais que je n'arriverais plus à me tenir éloignées d'elles. Je les connaissais depuis peu, pourtant, j'ai tout de suite sentis quelque chose, une sorte de coup de foudre amical qui pouvait m'empêcher de tenir mes résolutions et par conséquent, pourraient leur attirer les foudres de Daniel.

  Pour ce qui était de mon dos, chaque jour, il me faisait de moins en moins mal. Le temps passait lentement, progressivement je réalisais qu'Erik représentait peut-être bien plus qu'un simple ami et je voyais mon amitié avec la bande se désintégrer au rythme des journées qui passaient.

  Lorsque j'allai voir l'infirmière de mauvaise grâce pour qu'elle me masse le dos le jeudi de la deuxième semaine, elle finit par me questionner:

  _ Tu ne traînes plus avec tes amis ?

  _ Pardon ? Répondis-je en étant surprise qu'elle me demande ça directement au lieu de faire son enquête.

  _ Je te vois toute seule depuis quelques jours et je m'inquiète pour toi. Vous étiez assez proches tous les quatre la semaine dernière. Surtout avec Erik, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

  _ Il faut croire que c'était passager, mentis-je, et moi je m'inquiète que vous vous mêliez un peu trop de mes affaires.

  Franchement, je n'avais qu'une envie : c'était qu'elle arrête son petit manège d'interrogatoire déguisé. Ma réponse sembla la surprendre, au point qu'elle n'a pas su quoi me répondre à part un sourire désolé forcé.

  « Tant mieux », pensais-je. « Qu'elle ne me parle plus, ça me laissera un peu respirer ».

  Elle arrêta de me masser en maintenant son sourire forcé.

  _ Tu ne seras plus obligée de venir tous les jours. La douleur se fait plus rare, non ?

  _ Oui, admis-je sèchement.

  _ Tu t'en remets assez rapidement alors aujourd'hui c'était la dernière visite obligatoire.

  J'avais envie de m'écrier « yes ! » mais je ne laissai rien transparaître de ma joie et demandai plutôt:

  _ Comment est mon hématome ?

  _ Comme je viens de te le dire, tu te remets rapidement et ton hématome n'est plus aussi violet que mercredi dernier, il est presque jaune, c'est impressionnant comme tu te remets.

  _ C'est positif si je me remets vite non ? A moins que ce ne soit pas normal ?

  _ Heu... Tu devrais partir manger. Au revoir, lança-t-elle en me poussant presque dehors après que je m'étais rhabillée.

  Heureusement pour moi, ce fut la dernière fois des vacances que je la vis. C'était un soulagement parce que je n'avais plus l'obligation de répondre à ses questions et ça devait lui compliquer la tâche pour son enquête sur moi de ne plus avoir d'excuse pour discuter avec moi.

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