Ma soeur Lucie *COMPLÉTÉ*

Chapitre 3: La dame

Son regard profond m'engloutit. Le silence règne dans la pièce. Le docteur me regarde fixement dans les yeux, en attente d'une réponse. Sa femme, toujours dans l'incompréhension, brise le calme qui nous entoure à l'aide d'un léger toussotement.
Je reprends mes esprits en sursaut et aussi l'usage de la parole.
- Je ne suis pas Lucie, dis-je le plus calmement du monde.
Le docteur sembla déçu mais cacha vite sa réaction.
- Oh. Pardon, je vous ai pris pour une autre... Vous êtes?
La ressemblance est-elle frappante à ce point? Mon père ne m'a pourtant jamais dit que je ressemble à Lucie.
- Nathalie... Delorme.
Il en resta bouche bée.
- Je suis sa petite soeur.
Il hocha la tête, perdu dans ses pensées, comme s'il n'acceptait pas le fait que je sois sa soeur. Qu'y a-il de si effrayant ou même incroyable à tout ça?
- Je suis venue ici pour vous poser justement des questions sur Lucie.
Le silence pesant revint s'immiscer entre notre groupe de trois. La femme qui fut bien silencieuse jusqu'à maintenant prit la parole, incertaine.
- Quelqu'un peut-il me dire qui est Lucie?
Son mari leva ses yeux vides vers elle, comme s'il revenait d'un rêve. Puis, il cligna des yeux deux ou trois fois avant de lui répondre.
- C'était une de mes patientes, elle était gravement malade.
Je profitai de ce moment pour écouter les informations.
- À quel point? demanda sa femme.
- Elle délirait totalement, elle avait de courtes pertes de mémoire et elle était atteinte de schizophrénie.
Évidemment, c'était affreux de savoir tout ça, mais plus j'en savais, plus je voulais en savoir. Nous nous assîmes tous les trois dans le petit salon du couple et je commençai à poser mes questions. Elles sont simples mais riches en informations.
- Savez-vous le module qui a pu pousser ma soeur à s'enfuir?
- Non, probablement la schizophrénie.
Je hoche la tête, les sourcils froncés. Je repense à la scène qui s'est produite un peu plus tôt. Ma soeur n'avait que trois à sept ans quand elle s'était retrouvé en compagnie du docteur, à l'hôpital. Elle n'a été qu'une simple patiente pour lui. Pourtant, dus à l'expression du docteur il y a quelques minutes, je crus un instant qu'ils avaient été beaucoup plus proches.
- Qui était ma soeur pour vous? demandais-je curieuse. Quel genre de relation aviez-vous?
- Oh, ce n'était qu'une de mes petites patientes. Je me souviens qu'elle parlait souvent à son ami - imaginaire -, Jack.
Je retins l'information mais je ne m'en souciai pas plus que ça.
- Est-ce que...-
Je me fis vite interrompre par le docteur. Il semble beaucoup plus impatient qu'il y a deux minutes. Sa femme aussi s'en étonna.
- Écoutez, dit-il dans un souffle qui me semble menaçant. Je ne sais pas qui vous êtes mais il est évident que vous ne connaissez pas Lucie. Il est d'ailleurs impossible qu'elle ait eu une petite soeur. J'avoue que la ressemblance est frappante mais je vous avertis, je ferme les yeux pour cette fois-ci. Je ne sais pas ce que vous essayez de faire, mais je vous conseille (conseil?) une chose...

Je me tus instantanément attendant la suite. Il me donne des frissons dans le dos avec cet air. Je ravalai ma salive avec difficulté.

- Ne vous mêlez plus de l'histoire de Lucie. Il y a des choses que vous ne souhaiteriez pas savoir...

Puis, je me fis mettre dehors par le docteur. Sa femme me lança un regard d'excuse avant d'exiger des explications auprès de son mari.

Je retournai à ma voiture, les pensées embrouillées. Qu'est-ce qui vient de se passer exactement? Je m'apprête à rentrer dans le véhicule quand quelque chose que j'aperçus du coin de l'oeil, attire mon attention. Je me retournai et vit une femme, environ dans la vingtaine, au milieu de la rue. Elle était tout de même loin, je ne pouvais donc pas apercevoir ses traits de visage. D'ailleurs, cette femme me rappelle étrangement la fois où j'étais au centre-ville avec mon amie Janie. Est-ce la même? Comment se fait-il qu'elle soit ici?

J'embarquai à toute vitesse dans la voiture, convaincue que j'allais enfin découvrir qui c'était. Je démarrai le moteur férocement et sortit de l'allée. Une fois que mon regard se tourna vers l'endroit où avait été la dame, ce n'est que l'asphalte grise et monotone que j'aperçue. La femme a mystérieusement disparue. Je regardai aux alentours, tout en me dirigeant vers la place d'où elle m'avait observée. Le quartier semble désert...

Les sourcils froncés, je décidai de rentrer chez moi. L'image de la femme me revint en tête. Tout ça me fait penser aux histoires d'horreurs que l'on raconte aux jeunes adolescents et j'en ai des frissons.

Puis, peu à peu mes pensées revinrent au docteur Redfern. La manière dont il m'a rejetée m'étonne encore. Ils avaient été si gentils vers le début, lui et sa femme, pourtant. À l'hôpital quand j'en discutai avec mon père il me répondit qu'il n'a aucune idée de pourquoi le docteur a pu agir ainsi; il ne le connaissait qu'à peine.

Quelques heures plus tard...

Je suis assise sur le bord de mon lit, le regard dirigé vers le plancher. Mes pensées s'embrouillaient puis se mélangeaient sans parvenir à devenir claires. Je repense encore à cette femme étrange que j'avais vue plusieurs fois: à Montréal et près de la maison du docteur. Cette femme avait-elle un lien avec toute cette histoire? J'en doute beaucoup. Je me tourne vers la table de chevet et ferme la lampe avant de m'enfoncer sous les draps. La chaleur me réconforte immédiatement alors que mes paupières se ferme lentement.
Je crois que cinq minutes s'écoulent avant que j'entende, cette voix. Oui, il y avait une drôle de voix, murmurant des choses que je ne comprenais pas. J'ouvre brusquement les yeux et me redresse, les sens en alerte. Après tout, quand tu vis seule en appartement, tu peux devenir complètement paranoïaque. Je tasse les couvertures de mes jambes nues et pose mes pieds sur le plancher froid. Un frisson me parcoure le corps tandis que je m'approche de la porte qui mène à la cuisine. Je peux toujours entendre la voix murmurer. Ma main contre la poignée, je tourne celle-ci avec délicatesse, le plus silencieusement possible. Je me dirige ensuite à pas feutrés vers les armoires de la cuisine.
Une casserole en main, je suis prête à frapper quelconque voleur ayant pu entrer chez moi. Je marche dans le petit appartement et remarque que le murmure provient du couloir   sombre menant au salon.

- Hors de question que j'aille là-bas, murmurai-je effrayée

Je suivis ce que me disait ma raison; je suis retournée dans ma chambre, j'ai placé un meuble devant la porte et je me suis recouchée.

Je viens de remarqué que le murmure devient de plus en plus inaudible, cela veut donc dire que la chose ou la personne s'éloigne. Je rouvre alors les yeux et un horrible cri, le mien, retentit dans la pièce. Une silhouette se tient, là, dans la pénombre de la chambre. Je ne sais pas si c'est une femme ou un homme, je ne sais rien. Pas même ce qu'elle fait chez moi.
- Qui êtes-vous? dis-je d'une voix tremblante.
Le silence me répondit.
La silhouette ne bouge pas à un tel point que je croyais que tout cela provenait de mon imagination. Mais, contre toute attente, elle me répondit. Sa voix pesante résonne encore dans ma tête.
- Personne.
Je déglutis non sans difficulté.
- Que faites-vous chez moi?!?
J'eus l'impression qu'elle avançait puisque la silhouette s'agrandit.
- Désolé, je ne reviendrai plus. Seulement, je dois vous mettre en garde.
Mon regard ruisselle en ce moment de larmes. Le stress me presse la poitrine et la peur me serre la gorge d'une telle force que je reste cloué sur place.
- Vous devez abandonner l'histoire de Lucie, oubliez tout ça.
- Pourquoi, qu'est-ce qu'il y a?parvins-je à dire.
La silhouette prit une pause pour bien choisir ses mots (c'était en tout cas mon impression).
- Son histoire n'est fait que d'embuches et de sombres choses que vous ne voudriez pas savoir.
- Comme quoi?
- Ma bouche se scelle, je ne peux rien dire de plus.

- Accordez-moi une question!!
Est-elle en vie??

La silhouette semblait disparaitre peu à peu, comme si elle n'avait été qu'un vulgaire fantôme. Je me frotte les yeux dans l'espoir de mieux voir ce qu'il se passe.

- Oui.

Puis, la silhouette disparue aussi rapidement qu'elle était apparue...

J'ai essayé de prendre une forme assez différente de texte il se peut donc que mes phrases aient un drôle de sens car je ne l'utilise pas très bien pour le moment, bref, je me comprends :s Merci à tous les lecteurs!!! ❤️❤️❤️ J'accepte toutes les critiques en autant qu'elles soient pertinentes :)

Ce chapitre fut publié le 9 décembre et modifié le: --