Chapitre 3

138 24 188
                                    


« Les autres ont du pouvoir sur toi seulement lorsque tu leurs permets. » Jacob

Je remonte le fil des messages, les mois passent, le temps remonte. Je me rends jusqu'aux plus antérieurs. Les insultes apparaissent. Je me mords la lèvre inférieure, m'obligeant à regarder les mots. Je tente de me convaincre que cela ne me fait plus rien, que je suis invincible, protégée par le bouton « Bloquer cette personne ». Cependant, les lettres ne s'effacent pas, elles restent ancrées dans mon cœur, leurs griffes s'y enfoncent solidement. Mes émotions, elles, ne se bloquent pas. Je referme l'application, tremblante et meurtrie.

Je me roule en boule sur mon lit, enveloppée par mes couvertures. Je fixe une affiche de chatons accrochée sur le mur et esquisse un sourire, attendrie. Ma chambre se trouve dans le désordre le plus total. Des vêtements sales jonchent le plancher, le placard s'ouvre sur d'autres habits et des pairs de chaussures éparpillés sur l'étagère du bas. Une pile de bouquins et de magazines repose sur ma commode, près de mes vernis à ongles, tandis que le reste de mon maquillage et mes brosses à cheveux envahissent ma coiffeuse. Des photos d'acteurs et de vedettes encadrent le miroir. Je les contemple lorsque je ne supporte plus ma propre vue, surtout que j'ai toujours une mine horrible lorsque je me réveille.

Mon frère entre sans cogner.

— Jack ! m'écrié-je. Qu'est-ce que tu veux ?

— C'est quoi cet air déprimé ? Allez, lèves-toi, je me suis donné comme mission de te remonter le moral.

Je grogne avant d'enfouir mon visage dans mon oreiller. Il se rapproche de moi et me tire de force du confort de mon lit.

— Non, mais lâche-moi !

Jacob sourit d'un air narquois, puis s'empresse de mettre de la musique et de monter le volume. Je l'observe, les bras croisés, le questionnant du regard. Il change de chansons à plusieurs reprises jusqu'à sélectionner une horreur.

— Pourquoi est-ce que tu mets Petit Poney dans ma chambre ? m'exclamé-je.

— L'un de mes profs a décidé de nous casser les oreilles avec cette chanson et j'ai décidé que je ne serais pas le seul à souffrir...

S'ensuit du faux rire diabolique de mon jumeau, ce qui me fait éclater de rire et allège ma poitrine. Une expression faussement insulté se dessine sur ses traits avant qu'il n'esquisse un sourire victorieux.

— Le super pouvoir de Petit Poney ! lance-t-il.

Je hoche la tête en riant. Jacob éteint la musique et s'installe en tailleur sur mon lit. Je me calme, réalisant que ce moment se transformera en une séance de confidences. Un soupir s'échappe de mes lèvres.

C'est Jack, je ne peux pas éviter ça.

Je m'assis à mon tour.

— Tout va bien dans ta vie ? T'as besoin que j'aille rappeler à Abigail qu'elle est pas une princesse ?

— Mais oui, ça va... Pourquoi ça irait pas ?

— Jez, dis-moi la vérité. Je sais quand tu mens.

— Je te jure que ça va ! répété-je avec agacement.

Mon frère me dévisage avec insistance, il sait. Lui seul distingue mon masque de mon vrai visage. Lui seul lit la peine dans mon regard, l'amertume dans mes sourires et ma détresse dans mes cris de colère. Comme l'an dernier où mon mal-être ne transperçait que lorsque je me révoltais contre ma famille. Je baisse les yeux et me mets à jouer avec mon téléphone. Mes doigts glissent jusqu'à la conversation entre Abigail et moi, jusqu'à sa menace. Une petite phrase insignifiante en apparence, mais pouvant tout détruire.

Montre-moi ton vrai visageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant