Toi et moi dans ce monde sauvage...

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Achille fixait, du coin de ses yeux sombres, la silhouette fine de son coéquipier qui se dessinait dans les premières lueurs de l'aube naissante. Un sourire apparut sur les lèvres de Thomas, créant des fossettes dans ses joues basanées. Comme chaque jour, ils se retrouvaient, au lever du jour, pour partir dans la réserve, chercher des animaux sauvages, pour les habituer à la présence de l'Homme, afin qu'ils ne prennent pas peur lors de l'ouverture prochaine du parc safari. Comme chaque matin, ils se serrèrent la main. Un curieux frisson parcouru leurs corps et ils détournèrent le regard. Les joues rougies, ils se mirent en quête d'une meute de lions, qui se trouvait près de la limite de la réserve. Ils les trouvèrent finalement, vers les environs de midi, lassivement allongés sous l'ombre fraîche des arbres. Fatigués par leur longue route, nos deux dresseurs, prirent, eux aussi, un temps de repos. Sous l'ombrage faible des derniers arbres, à quelques mètres des lions, ils déballèrent leurs repas dans la jeep. Achille se sentait gêné, sans en savoir vraiment la raison. Malgré le fait que chaque jour qui passe, leur relation devienne plus forte, il avait l'impression qu'un mur invisible s'était levé entre eux, comme une limite à ne pas franchir. Le silence s'installa entre les deux amis, alors que les yeux de Thomas virvolletaient discrètement sur le corps de son compagnon. Il le trouvait parfait, en tout points de vue. Achille était intelligent, sans être prétentieux, drôle, sans être lourd, et il avait un corps...Son corps...Rien que d'y penser Thomas avait trop chaud et des dizaines de pensées pas très catholiques  lui venait à l'esprit. Il se hâta de chasser ces images gênantes de sa tête et se reconcentra sur Achille, qui engloutissait son sandwich, sans se douter que quelqu'un d'autre le regardait, lui aussi.
D'un coup, un magnifique lion, à la crinière caramel, entraîna Thomas au sol. L'odeur de la viande froide semblait l'avoir mis en appétit. Alors qu'il était à deux doigts de le mettre en morceaux, un coup de feu se fit entendre. Achille, un fusil à la main, tremblant, regardait le lion s'enfuir. Une simple balle en l'air avait suffit à le dissuader de prendre Thomas comme repas. Terrifié, Achille se précipita vers ce dernier et le prit dans ses bras. Il portait des marques de griffures un peu partout sur le corps.
-Thomas!Thomasjet'ensupplieditmoiquelquechose,n'importequoi ! S'ilteplait,s'ilteplait, Thomas, Thomas !!
Un murmure rauque monta de la gorge de celui-ci :
-A... Achille...Tu m'étouffes. Et le lion s'est barré de la réserve.
Son ami jura, se relevant en vitesse, il remonta dans la Jeep avec Thomas et ils s'éloignèrent. Ils appelèrent leurs collègues pour leur demander de rattraper le lion évadé.
S'en suivit de longues heures d'attente durant lesquelles Achille pansa toutes les blessures de Thomas. Chaque fois que leurs peaux se frôlaient, un courant électrique les parcourait. Enfin, le téléphone sonna : le lion avait été retrouvé. On le ramenait à la réserve. Achille, soulagé, se jeta dans les bras de son ami et, sans réfléchir, l'embrassa fougueusement. Thomas, trop scotché pour réagir, se laissa faire. Doucement, son collègue de travail s'éloigna de lui, des larmes dans les yeux.
- Thomas...Je... Excuse moi....Je...Je t'aime.
Il descendit de la Jeep en vitesse, des perles  salée inondaient ses joues. Il sentit soudain des bras autour de son torse :
-Moi aussi je t'aime baka...
Et, dans les dernières lueurs du jours, ils s'embrassèrent pour la seconde fois.

OS d'AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant