Tous ces mots laissés échapper comme un coup de feu, ceux qui embrasent le cœur. Les larmes amères tentent en vain d'éteindre l'incendie. Quant à ces mots ils restent. Ils se collent aux parois froides du coeur, aux murs nerveux du crâne, aux cloisons des pensées, et on ne cesse d'y penser.
Oui, les mots arment les esprits et déclenchent des guerres incessantes, plus foudroyantes qu'une explosion de bombes. Parce que les mots restent, ils sont figés, ils continuent de détruire malgré le temps, et creusent le corps, l'esprit, l'âme. Les gestes sont l'arme des faibles d'esprit, mais les paroles coupables de l'érosion corporelle ne seraient-elles pas l'arme des plus sombres violences ? Car cette violence indélébile, propageante et inévitable n'est-elle pas plus violente qu'un simple attentat ? Car les mots restent.