Fille de lune T2: Lune de sang

15 Enigme

Bonne lecture !

-Tu m'as fait une trouille bleue ! Comment nous as-tu trouvé ?

- Un coup de chance enfaite, et je n'aurais pas eu besoin de te chercher si tu n'avais pas décidé de partir de ton côté, maugréa Benjamin en croisant les bras sur sa poitrine.

Je levais les yeux au ciel en l'imitant, tout en prenant soin de ne pas m'appuyer sur la mauvaise jambe.

-Mon plan a très bien marché, je te signale.

-Tu avais une chance sur deux, s'énerva-t-il. Ils auraient pu t'attraper et je n'aurais pas été là pour t'aider.

Il semblait autant m'en vouloir qu'à lui-même. La tournure de la conversation prenait une direction bien trop personnelle et je m'empressais d'y mettre fin. De toute façon il fallait que je retourne à la cachette, Lucas allait finir par s'inquiéter s'il ne me voyait pas revenir. Benjamin me raccompagna et remarqua immédiatement mon boitillement. Je lui expliquais donc comment c'était terminé la course poursuite pour moi et je crus entendre un grognement sortir du fond de sa gorge. Il ne fit aucun commentaire quant à l'allure de notre abri et fut accueilli avec joie par Lucas lorsqu'il déballa un festin de son sac.

-Et pour toi alors ?

-Les loups avaient détecté mon odeur chez Ruby, j'ai à peine eu le temps de passer chez moi avant de filer. Je n'ai pu atteindre la forêt que cette après-midi. Visiblement ton père et Greg ont trouvé un accord parce que ça grouille de loups partout entre nos territoires.

-Si on passe la frontière de la meute de l'Est, ils nous suivront, demanda Lucas, inquiet.

-Les loups de ma meute ne s'y aventureront pas, dis-je près réflexion.

Je me tournais vers le loup en le questionnant silencieusement du regard.

-Peut être sur les premiers mètres mais c'est tout. Même avec l'accord de paix, si Lazare trouve des loups sur son territoire il les tuera.

Ce qui était une bonne chose pour nous débarrasser de la traque mais une mauvaise pour Benjamin. Avant même que je n'exprime ma pensée, Lucas sorti de son sac un bracelet, similaire à celui que je portais, et le tendit au loup. Problème résolu. Je n'avais jamais rencontré l'Alpha des sauvages mais j'avais entendu beaucoup de légendes sur lui. Le plus vieux loup à diriger et le plus cruel, capable de tuer un nourrisson s'il pense qu'il sera en mesure de lui voler sa place un jour. Un être sans cœur, devenu à moitié fou à cause du manque de civilisation et de sa tendance à préférer sa forme animale. Mieux valait l'éviter durant notre périple car j'avais l'impression que même sans notre odeur de loups, il serait capable de nous tuer.

-Nous ne sommes pas très loin de la frontière, si on part dans quatre heures on ne devrait pas tomber sur beaucoup de loups.

Sans mon consentement les garçons organisèrent des tours de garde. Chacun dormirait un certain temps avant de prendre la place de l'autre. J'avais été exclu dès le début par ce que j'étais blessée, chose ridicule car j'étais presque guérie. Lucas prit le premier tour, il sortit de la « cage » et se plaça devant afin de guetter d'éventuels intrus. Sans feu, l'atmosphère se rafraichie rapidement. J'avais beau m'enrouler dans la couverture, je ne pouvais m'empêcher de grelotter. Benjamin s'allongea à mes côtés et me rapprocha de lui pour me prendre dans ses bras. Je me raidis instantanément et je le senti s'approcher de mon oreille.

-Si on se colle on aura plus chaud.

Je hochais mécaniquement la tête parce que je savais qu'il avait raison, pourtant je sentis mon cœur s'emballer. Je ne sais pas combien de temps je fixais les racines face à moi avant de l'endormir mais cela me parut une éternité. J'eus vaguement conscience du changement à mes côtés. Un moment j'avais chaud, la seconde suivante un courant d'air dans mon dos me fit grogner et juste après, de nouveaux bras m'entouraient.