Fille de lune T2: Lune de sang

28 Interrogatoire partie 1

Bonne lecture :)

Je faisais les cents pas lorsque j'entendis les visiteurs descendre les escaliers. Je m'arrêtais pour compter le nombre de personnes et discernais deux cœurs battre en plus des deux de mes gardiens. Je me tenais sur mes gardes mais lorsque la porte de ma cellule s'ouvrit je libérais l'air accumulé dans mes poumons. Joël m'adressa un faible signe de tête avant de se pousser pour permettre à l'autre visiteur d'entrer. La porte se ferma derrière lui et je croisais les bras sur ma poitrine. Petit mais trapu, ses yeux bridés et ses cheveux sombres et lisses ne laissaient aucun doute quant à ses origines. Ses yeux d'un brun foncé encadré par des sourcils noir épais et des pattes d'oies m'observaient avec attention. Il était vêtu d'un simple t-shirt en coton qui laissait apparaitre un énorme tatouage sur son bras gauche qui semblait se prolonger sous sa manche. Celui-ci représentait un dragon vert bouteille qui s'enroulait autour du bras de l'Oméga. Quand mon père avait parlé d'un loup d'une meute voisine il ne mentait pas. Il appartenait à la meute du dragon d'émeraude, une meute qui vivait sur un territoire d'une ville voisine et avec laquelle nous n'avions jamais passé d'accord ou interagit. Il s'agissait donc du parfait candidat, une sorte de Suisse version loup.

-Regan voici Rowan Cho, il sera le médiateur responsable de ton affaire.

-A précisément midi j'entendrais les témoignages de toutes les personnes ayant, de près ou de loin, un lien avec cette affaire, coupa l'Oméga. Après cela je m'isolerai afin de prendre en compte chaque élément et je rendrai un verdict. Il ne s'agit pas d'un tribunal humain, ma décision sera définitive et irrévocable, est-ce clair ?

Je me contentais de hocher la tête. Il aurait mieux fallut l'appeler le juge, ce loup n'avait rien d'un médiateur. Un médiateur faisait des arrangements, lui allait décider si je méritais de vivre. Un bourreau, voilà ce qu'il était. Ironique quand on pensait que les Omégas ne pouvaient pas faire de mal...

-Dans ce cas nous nous verrons pour l'audience.

Il quitta la cellule sans plus de cérémonie mais Joël s'attarda une petite minute.

-Je vais demander à ce qu'on te descende de quoi manger et tu pourras aller te changer avant l'audience.

-Merci.

Il ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose mais se ravisa et sortit à son tour. Je me remis à faire les cents pas jusqu'à l'arrivée de mon plateau-repas. Je ne cessais d'appeler mon père pour lui demander des nouvelles de Benjamin mais il refusait de me répondre. J'avais même insisté du côté de mon protecteur mais il avait, lui aussi, fait la sourde oreille. Outre le silence de mort qui m'entourait, c'est l'absence de repère chronologique qui me dérangeait me plus. Je n'avais pas la moindre idée de l'heure qu'il pouvait être, ni depuis combien de temps le médiateur et Joël m'avait quitté. Une heure ? Dix minutes ? L'un de mes gardiens m'apporta à manger mais j'avais trop d'appréhension sur l'audition pour avaler quoi que ce soit. Lorsque je pus enfin quitter ma cellule, mon anxiété grimpa d'un cran. Mon escorte me guida dans la maison jusqu'à une des nombreuses chambres d'amis pour qui je puisse être présentable. Mes vêtements étaient froissés, mes cheveux en pagaille, j'avais vraiment besoin d'une douche. Alors que je me dirigeais vers la salle de bain, l'un des loups m'emboita le pas et je m'arrêtais en levant un sourcil inquisiteur.

-Il n'y a aucune sortie dans la salle de bain et je pense être capable de me débrouiller toute seule.

-C'est bon laisse la, enchaina l'autre loup.

Le premier me jeta un regard mauvais mais céda. Quelqu'un avait laissé des vêtements de rechange à mon attention et je m'empressais de me déshabiller pour me précipiter sous la douche. Je poussais un soupire de bonheur en sentant le shampoing à l'orange et au pamplemous se déverser sur ma tête. Je ne sortis qu'une fois les doigts complètement fripés et m'enroulais dans une serviette. Le miroir était couvert de buée et je l'essuyais d'une main pour avoir un aperçu de mon reflet. La douche avait rosi mon teint mais j'avais de belles cernes sous les yeux. L'un de mes gorilles tambourina violement à la porte et je m'empressais de m'habiller.