Fille de lune T2: Lune de sang

16 Miracle

Bonne lecture :)

Après une bataille sans merci, j'obtins gain de cause et pris le premier tour de garde. Les garçons m'avaient porté chacun leur tour, je pouvais au moins faire le guet pour qu'ils se reposent un peu. Reposant contre un tronc d'arbre couché, je les observais dormir paisiblement tout en écoutant les bruits de la forêt. Mon regard se posait sur le reste de braise flamboyante et je me perdis dans mes pensées. Jusqu'à présent notre seul plan avait été de trouver le repaire de Léon. Si jamais nous arrivions à prouver que je n'étais pas une tueuse, il faudrait trouver qui avait mis fin à la vie de Carla. Je ne la portais pas dans mon cœur mais elle ne méritait surement pas de mourir. Et puis il y avait l'autre possibilité, la mauvaise. Le regard toujours captivé sur ce spectacle flamboyant et envoutant, je caressais doucement la pierre de mon poignet. En plus de cacher ma vrai nature elle semblait m'apaiser, je n'avais pas fait de cauchemar depuis que je l'avais sur moi et j'étais persuadée que ce n'était pas à cause de l'aconit. Serais-je capable de me rendre pour être exécutée ? Ou alors choisirais-je la facilité ? M'enfuir, vivre loin des êtres qui me sont chers, mais vivre.

-Si tu continues à réfléchir comme ça je suis presque sûr que de la fumée sortira de tes oreilles.

Benjamin m'observais, allongée prêt du reste du feu en souriant. Je soupirais doucement en lui rendant une version beaucoup plus fade. Les yeux noisette du loup me scrutèrent pendant une longue minute avant qu'il ne se relève et s'assoie à mes côtés. Il me céda un bout de sa couverture sans un mot alors que je continuais de regarder droit devant moi. Je sentais son regard sur moi et je tournais doucement la tête vers lui. Son visage n'était qu'à quelques centimètres du mien. Mon souffle se fit plus court et je me pétrifiais sur place. Son regard se posa sur mes lèvres et je me détournais en expirant bruyamment.

-Regan...

Après une brève hésitation je me tournais de nouveau vers lui en retenant mon souffle. Sa main trouva ma joue et il approcha doucement son visage du mien. Mon cœur s'emballa alors que ses lèvres frôlaient les miennes. Ce qui avait failli se produire lors de la soirée au cimetière allait se produire maintenant. Lucas qui dormait paisiblement près du reste de braise s'agita et se réveilla en sursaut. Je m'écartais alors précipitamment du loup en lâchant un bruyant soupire. J'avais l'impression que mon cœur allait sortir de ma poitrine d'une minute à l'autre pour s'enfuir le plus loin possible. Je n'osais pas un regard en direction de Benjamin pourtant je sentais qu'il m'observait intensément. Mon meilleur ami se frotta doucement les yeux en s'étirant et en baillant.

-C'est déjà mon tour de garde ?

Il n'avait pas conscience de ce qui avait failli se dérouler sous son nez, ni même que son réveil l'avait arrêté.

-Je vais prendre ton tour, déclara Benjamin, de toute façon je n'arrive pas à dormir.

Lucas acquiesça alors que je me dirigeais vers le feu pour m'allonger. Il battit des paupières et se rendormit presque aussitôt dans un doux ronflement. J'aurais aimé que le sommeil me frappe aussi vite. Après avoir compté les moutons, observé le ciel étoilé pendant une trentaine de minutes et mettre agitée dans tous les sens toujours rien. Mais où était le marchand de sable lorsqu'on avait besoin de lui ? Finalement j'abandonnais l'idée. Je me tournais sur le dos en croisant les bras sur mon ventre pour observer le ciel. Je voulais attendre que Lucas prenne la relève de Benjamin pour me lever mais le sort en voulut autrement. Le loup ne réveilla jamais mon ami et je dus attendre que le soleil décide de se lever pour en faire autant. D'après mon meilleur ami il ne faudrait pas très longtemps pour arriver au lac, deux heures de marche pour être exact.

Notre traversée n'avait pas été aussi calme que nous l'avions espéré. Benjamin s'était mis en retrait du groupe soit disant pour effacer nos traces. Lucas m'avait jeté un regard dubitatif mais n'avait posé aucune question. Nous avions avancé à un bon rythme bien que ma jambe me titille de temps à autre jusqu'au moment où le loup était revenu vers nous à toute allure pour nous dire de courir. Plusieurs hurlements de loups avaient suivis et nous nous étions retrouvés pourchassés. Cette fois il n'y avait pas de cascade pour nous tirer d'affaire, seulement une multitude d'arbres et une frontière pour nous sauver.