38 Lorsque tout a commencé (1)

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Parce que je suis cruelle j'ai décidé de ne pas vous dévoiler la suite pour l'instant. A la place je vous propose de (tout) petits chapitres, une sorte de retour dans le passé. Ils sont utiles pour comprendre la suite. Bonne lecture :)


Quatre-vingt-six ans plus tôt.

Assis à une table commune à la sortie de la ville, les quatre guerrières se contemplaient d'un œil féroce. Un silence de mort régnait dans l'entrepôt ou ils avaient décidé de se réunir. Seul la plume du médiateur grattant le vieux parchemin qu'il tenait raisonnait dans la pièce. Les loups étaient venus désarmés et seuls, comme il en avait été convenu. Pourtant rien ne les rendaient moins dangereux, ils étaient les plus forts de leur clans et avaient massacré beaucoup de loup issus des autres. Tendus comme des arcs, ils se scrutaient les uns et les autres à la recherche du moindre signe qui indiquerait une tentative d'assassinat. Une fois la dernière ligne inscrite sur le parchemin, le médiateur releva la tête en se raclant la gorge. Il avait beau être insensible à la puissance des auras qui s'entrechoquaient dans la pièce, il restait néanmoins sur ses gardes. Ses loups avaient soiffe de sang et avaient passé pratiquement toute leur vie à se battre, il ne valait mieux pas les offusquer. Il jeta un œil au parchemin d'une longueur interminable avant de soupirer intérieurement. Il avait passé pratiquement une année en leur compagnie afin d'achever ce travail. Une année à les regarder se disputer et à les empêcher de s'entretuer. Une année qui allait prendre fin aujourd'hui.

-Dois-je relire l'accord avant qu'il ne soit signé ?

Les loups se regardèrent un par un avant de secouer la tête à l'unisson.

-Bien.

Le médiateur sortit une lame de sa veste et les loups se levèrent en même temps en grognant.

- Cette accord nécessite le prix du sang, expliqua-t-il.

Comme pour radoucir l'atmosphère, il entailla sa propre paume avant de laisser quelques gouttes tomber sur le papier. Bien que tendus, les loups se rassirent un par un avant d'entamer la cérémonie. Le chef du clan Nord fut le premier, suivis de près par celui de l'Est, celui du Sud et enfin celui de l'Ouest.

-Ce sang signe votre engagement à respecter les lois de ce Code. En sortant d'ici la guerre prendra fin, déclara le médiateur.

Son visage était neutre mais intérieurement il se réjouissait de la réussite de sa mission. Les humains devenaient suspicieux et aurait fini par découvrir la vérité sans cela. Voilà pourquoi il aurait préféré ne pas avoir à inclure cette clause dans le contrat qui allait lier les futurs Alphas.

-Ce sang est le commencement de la paix. Mais ce sang est également une promesse. Aujourd'hui quatre Alpha voient le jour pour diriger quatre territoires. Ce sang vous engage à respecter cela, la paix ne pas avoir lieu sans les quatre chefs.

Les loups hochèrent la tête et le médiateur récupéra le précieux parchemin.

-Ceci est le seul contrat valable. Les copies que vous recevrez n'ont aucun pouvoir mais vous aideront à maintenir la paix. En franchissant cette porte, vous ne serez plus ennemis, conclu le médiateur.

Les loups partir à quelques minutes d'intervalles afin qu'aucun incident ne vienne perturber le fruit d'un si long travail. Lorsque le dernier chef quitta l'entrepôt, le loup soupira de soulagement. Il allait enfin pouvoir ouvrir cette bouteille de bourbon. Il jeta un œil au parchemin avant de l'enrouler délicatement et de le nouer avec une simple ficelle. Il formula une prière en espérant que son travail ne serait pas anéanti à néant avant de disparaitre dans la nuit.

Son moyen de transport  pour rentrer chez lui n'était pas très loin du lieu de rendez-vous et il était pressé de retrouver les siens. Voilà pourquoi il ne s'inquiéta pas lorsqu'il entendit une brindille se briser dans son dos. Ou bien le bruit des buissons qui bougent lorsqu'on passe à côté. Ses sens lui permirent d'esquiver le premier assaillant, un loup à mi-chemin dans sa transformation. Le deuxième réussi à toucher le médiateur sur le flanc droit mais ne réussit pas à contrer la riposte. Le violent coup que le médiateur lui porta à la tête l'assomma presque instantanément. Le premier assaillant le scruta avec ses yeux tacheté d'or avant de pencher la tête.

-Tu n'es pas un Oméga, grogna-t-il à la fois surpris et intrigué.

Pour toute réponse le loup projeta son aura sur le loup qui gémit de douleur.

-Nous ne savions pas, plaida l'attaqua en se ratatinant au sol.

Bien évidement qu'il n'était pas un Oméga. Malgré leur pouvoir aucun n'aurait supporté de rester en compagnie de quatre chefs de clans pendant pratiquement un an. Seul un Alpha aurait pu.

-Qui es-tu.

-Ce contrat n'est rien d'autre qu'une chaine, cracha l'assaillant, et je refuse de m'incliner.

Un cri au loin retentit dans la nuit et le loup soumis se raidit.

-Je suppose que tu devras en discuter avec ton chef, déclara le médiateur avant de poser son regard sur une ombre. Celle-ci s'avança jusqu'à être éclairé par la lune, dévoilant un loup élancé avec qui il avait parlé quelques minutes plutôt, l'Alpha du Nord.

Il jeta à peine un regard à son loup pour se concentrer sur le médiateur. Son regard dériva vers sa plaie avant de revenir vers lui.

- Rien de bien méchant, déclara le médiateur.

-Vous n'êtes pas en sécurité maintenant que le traité est signé.

-N'ayez crainte, je retourne dès ce soir en Irlande.

-Il est peu commun de trouver un Alpha comme médiateur, mais je suppose que sans vous la guerre aurait perduré encore longtemps.

Alors que l'Irlandais repartait, l'Alpha du Nord l'interpella de nouveau.

-Quel est votre nom ?

-Cela va-t-il vraiment de l'importance ?

-J'aime savoir avec qui je traite.

-William, William Kearney.

-Et bien William, j'espère ne jamais vous revoir.

-Je l'espère aussi Monsieur Mackoll.

Ce qu'aucun d'eux ne savait, c'est qu'exactement cinquante ans plus tard leur famille allait se recroiser. Lorsqu'un Alpha venu du Nord trouverait trois orphelins, trois rescapés d'une attaque de voleurs de peau.

Fille de lune T2: Lune de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant