Le mercredi, j'étais encore là, au club de boxe. A l'heure, même en avance. Je saluai Lee et allais m'échauffer directement en faisant quelques tours de cordes à sauter puis taper dans le vide. Les autres membres du club entrèrent au compte-goutte, tous me saluèrent avec un signe de la main accompagné d'un sourire, ce à quoi je répondis de la même manière, il fallait bien. Mais au fond de moi, j'avais peur que je sois considérée malgré le temps qui passe comme la nouvelle.
-Bien, avancez maintenant devant un sac. MiSeon, prends un noir, encore une fois.
-Pourquoi tu fais passer tout le monde par un blanc avant un noir et qu'elle en revanche elle passe direct au noir ?
-J't'ai rien demandé, Cho, alors ferme-la.
Cho était l'homme qui m'avait adressé la parole il y a quelques jours, samedi, après le cours de boxe. Il n'avait pas l'air très commode, je décidai de me tenir loin de lui. Si le prof lui avait parlé comme ça, c'est qu'il y avait une bonne raison.
Je tapai, tapai et tapai dans mon sac, sans m'arrêter, avec une telle frénésie et une telle force que des gouttes de sueur apparaissaient sur mon front. Le prof me rejoignit et m'aida à calibrer mes frappes, qui étaient selon lui pas si mauvaises que ça. Je rejoignis le banc et bus quelques gorgées de ma bouteille. Sauf que j'avais pas prévu un truc : j'avais la tête qui tournait.
-Lee, MiSeon n'a pas l'air bien !
Un membre du club se précipita vers moi en même temps que le professeur, tout le monde s'arrêta alors de taper, curieux de voir ce qu'il se passait.
-MiSeon, est-ce que tu m'entends ? Serre ma main, allez.
Je serrais ma main mais pas la bonne, j'avais serré celle du membre.
-Elle a serré la mienne, elle ne reconnaît plus rien ou bien elle confond tout.
-MiSeon, t'as mangé aujourd'hui ?
-N... non...
-Ah ben ça. Soutiens-la, je vais appeler les pompiers.
-MiSeon !
Noir. Je voyais tout noir.
Quand j'ouvrai les yeux, j'étais dans un camion de pompiers. Des bribes de voix à l'extérieur me tira peut à peu de ma léthargie profonde, qui me semblait avoir duré une éternité.
-Il n'est pas nécessaire de l'emmener à l'hôpital, elle a juste fait un malaise dû à un manque de sucre mais ce n'est pas bien méchant. Du repos et elle sera vite sur pied.
-Merci, monsieur. Est-ce que je peux la voir ?
Je vis alors la tête du pompier apparaître devant moi, il vérifiait sûrement si mon professeur pouvait venir me voir. Il lui indiqua que j'étais réveillée et qu'il pouvait venir. Lee monta dans le camion et s'assit à côté de moi, m'adressant un sourire.
-Tu m'as fait peur, dis-donc. Comment tu te sens ?
-Forte. Je pète la forme.
Il se mit à rire, entraînant les pompiers avec lui. Ils me redressèrent puis j'attendis un petit moment avant de me lever. Je jetai un coup d'œil à ma montre : 20h05.
-Tous les autres sont partis ?
-Oui. Enfin, non.
Il tourna la tête dehors, je suivis son regard. Un membre piétinait devant le club, attendant sûrement quelque chose.
-Il s'appelle YongGuk, c'est un membre de longue date, il est inscrit depuis la fondation du club il y a deux ans. C'est lui qui m'a signalé ton état.
J'observai cet homme : grand, bien sculpté, cheveux noirs, petits yeux en amande mais tout aussi beaux ; il avait une démarche assurée mais en traînant une part de mystère autour de lui.
-Tu devrais bien t'entendre avec lui, il a le même tempérament que toi. J'avais pensé que plus tard il pourrait être ton partenaire de sport.
-Si vous le dites.
Je me levai, surprenant les pompiers, mais les poussai pour pouvoir sortir. Je me dirigeai droit vers cet homme qui attirait à présent mon attention.
-Merci YongGuk.
Je lui tendis ma main qu'il observa un moment avant de la serrer dans la sienne, le sourire aux lèvres. Il joignit sa deuxième main, produisant un frisson dans mon corps, ce qui me fit retirer ma main. Il fut surpris, alors je lui expliquai.
-Désolée, je n'ai pas l'habitude du contact physique.
-Alors pourquoi t'es-tu forcée à me serrer la main ?
Je relevai le visage vers lui. Je ne savais pas quoi dire.
-Lee t'a sûrement parlé de moi, je n'ai pas besoin de me présenter. Prends soin de toi, MiSeon, moi aussi j'ai eu peur.
-Pourtant on...
-Y'a pas besoin de connaître une personne pour s'inquiéter pour elle. Si Lee est si intéressé par toi et qu'il veut prendre soin de toi, c'est qu'il a ses raisons. Les miennes ? C'est simplement une réaction humaine : on s'inquiète naturellement quand les choses vont mal.
Il posa sa main sur mon épaule, décochant un petit sourire.
-Faudra t'habituer au contact physique, c'est ce qui t'attend pour bientôt.
Il fit volte-face et s'en alla tranquillement, sortant une cigarette de son paquet.
-Tes impressions ?
-C'est un connard. Il pète plus haut que son cul ou c'est comment ?
-MiSeon ! Je t'avais prévenu qu'il avait son petit caractère.
-Vous avez dit qu'il avait le même caractère que moi !
-Est-ce qu'à un moment ou à un autre j'ai dit que tu avais un bon caractère ?
J'étais scotchée. Il n'avait vraiment pas tort, là, il marquait un point. Les pompiers partirent sirène hurlante pour une autre intervention alors que j'allais récupérer mes affaires pour rentrer chez moi. Lee me souhaita un bon rétablissement en me recommandant de ne pas venir samedi au prochain cours, mais il savait très bien que j'allais n'en faire qu'à ma tête et que j'allais venir. Une fois rentrée chez moi, je rejoignis mon bon vieux canapé et zappai ce qu'il y avait à la télévision.
Seulement voilà, je n'arrivais pas à sortir YongGuk de mes pensées. C'était peut-être le plus vieux membre du club mais il n'avait pas à me parler comme ça ! Je soupirai. Après tout, il ne m'avait pas parlé méchamment, il m'avait juste parler en toute franchise et calmement. Je ne vois donc pas pourquoi je m'énerve et pourquoi il m'énerve. Tout était confus pour moi ! Y'avait-il autre chose qui m'énervait, alors ?
A cran, je décidai de sortir pour aller prendre l'air. Il était peut-être tard mais je n'avais de compte à rendre à personne, alors je faisais ce que je voulais, quand je voulais et où je voulais. Je mis ma capuche, m'apercevant que j'étais toujours en tenue de sport. Je me dirigeai vers le centre-ville, histoire d'être un peu dans le bruit et de me fondre dans la masse. Les gens autour de moi étaient heureux, avaient tout ce dont il avait besoin, en plus d'avoir une vie tranquille et sans souci. Du moins, c'était d'apparence. Peut-être que cette femme avait des problèmes financiers, et que cet ado avait des problèmes familiaux. Cet homme trompait peut-être son épouse, tandis que cette petite fille était peut-être orpheline.
On ne juge personne au premier regard, on n'a pas le droit. C'est pour cela que je devrais apprendre qui il est, lui qui s'était inquiété pour moi sans pour autant me connaître. J'avais un bon pressentiment, et Lee avait confiance en lui, je suppose. Cependant, une parole de YongGuk me revint à son sujet :
"Si Lee est si intéressé par toi et qu'il veut prendre soin de toi, c'est qu'il a ses raisons"
Qu'est-ce qu'il voulait dire par-là ? Je lui en parlerai samedi, pour en avoir le cœur net. En attendant, il fallait que je me repose et que je reprenne des forces pour revenir plus forte que jamais samedi. Manque de sucre ? Bougez pas, à moi les friandises, les gâteaux et les chocolats. En plus y'a des réductions alors chaud devant !
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C'était avant
Fiksi Penggemar"Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure manière d'aller de l'avant" - Paulo Coelho