Plus tard, une serviette sur ses épaules encore mouillées, Answald attrapa un pantalon qui traînait sur le sol de sa chambre. Il l'enfila sans s'occuper du fait qu'il lui colle à la peau. Cela sécherait, avec ce qu'il s'apprêtait à accomplir.
Accompagnée d'un soupir résigné, la serviette humide se retrouva sur une chaise à l'autre bout de la pièce dans un bruit mat. Il lui restait quelques minutes avant qu'il ne doive se diriger tout droit vers sa fin. C'était certain qu'il ne réchapperait pas à une deuxième tentative d'emprunt dans cette villa qu'il avait visitée deux jours plus tôt. Non, la sécurité avait dû être renforcée.
Rester silencieux et invisible, quelle belle affaire.
Comme en écho à ses pensées, un faible gémissement lui parvint, provenant du lit défait. Une tête rousse émergea ensuite des couvertures, un sourire sur ses lèvres pleines.
Ah.
Answald l'avait complètement oubliée, celle-là.
- Chéri... Viens, susurra-t-elle en tapotant la place vide à côté d'elle.
- Je dois y aller. On se revoit ce soir ? répondit-il froidement, tout en songeant qu'il ne serait peut-être plus en capacité de faire quoi que ce soit.
Taïlie fit la moue, déçue. Dans une dernière tentative, elle se leva en laissant glisser les draps. Answald se détourna, agacé. Elle était douée, cette fille. Son corps entre ses bras, il avait presque réussi à oublier ses contusions. Il avait envie de rester et d'achever ce qu'ils avaient commencé durant la nuit.
Finalement, même après un fût de bière locale, deux bouteilles du vin de la garde et pas mal d'autre alcools, il restait capable de la retrouver dans la salle commune. Des mains fraîches se trouvèrent brusquement sur son torse, qu'il écarta sans douceur. Cela suffisait, elle avait joué, et elle avait perdu.
Maintenant, il devait partir.
- Euh... C'est quoi ton nom, déjà ? Non, réponds pas, on s'en fout. Merci pour cette soirée, et pour tout, grogna-t-il de mauvais gré.
Puis une pièce tinta en changeant de main, que la femme refusa, amusée par la subite perte de mémoire de l'homme. Comme s'ils ne se connaissaient pas, hein ? Quel comédien.
- Pour toi, Wald, c'est toujours gratuit.
Elle lui vola un baiser et sortit avant lui de la chambre, toujours nue, ses cheveux balayant son dos dans un mouvement sensuel - volontairement. Par tous les dieux, cette fille était incompréhensible.
En refermant la porte, il quitta à son tour l'auberge dans laquelle il avait élu domicile depuis des années. Depuis qu'il était arrivé en ville et avait intégré le réseau de Soledad, en fait.
À ce nom, Answald grimaça. La montre-sablier glissée - à son insu et son désespoir - dans la poche de son pantalon la veille décorait à présent son poignet, bien qu'il ait longtemps hésité à l'y mettre. Puis, dans un haussement d'épaules, il l'avait finalement attachée, voyant dans ce geste une provocation supplémentaire.
Bon. Il se rappelait les moindres détails du repérage effectué pour la première fois. Le voleur obliqua donc vers le quartier nord-est, soudain enjoué. Il se frotta les mains en accélérant légèrement le pas.
À son tour de jouer. La partie commençait, et il était bien déterminé à remporter la victoire, cette fois.
* * *
- Ankaa !
La jeune femme se retourna. Qu'est-ce qu'on lui voulait, encore ? Un homme à la stature imposante venait d'arriver, essoufflé.
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Nouvelles des Demies-Terres
Short StoryTerres de légendes, de mythes et de créatures oubliées. Terres de secrets, de complots, d'intrigues. Terres de violence comme de douceur, de joie comme de malheur. Terres vastes, sauvages ou inexplorées. Terres parsemées de cités, berceau de civilis...