§ Chapitre 1 §

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Le temps passe. Et chaque fois qu'il y a du temps qui passe, il y a quelque chose qui s'efface.

-Jules Romains


- Alors, est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ce merdier ? demanda la personne qui venait d'arriver sur les lieux. Ses deux mains sur ses hanches témoignaient à elles seules de son impatience. Elle était vêtue d'une chemise ajustée blanche impeccablement pressée aux manches retroussées ainsi que d'une jupe crayon noire qui ne limitait aucunement ses mouvements. Toute personne ayant séjourné un minimum de temps à l'Agence savait qu'elle ne sortait jamais sans son fameux blazer noir, excepté en cas de situations d'urgence. Et celle-ci en était une. Un des commandants en chef l'aborda rapidement.

- Un Effaceur, madame Fierce, répondit-il en lui donnant le dossier contenant le rapport d'incident. Nous ignorons le but qu'il poursuivait jusqu'à maintenant.

Madame Fierce considéra un instant la scène qui s'offrait à elle. Des agents de tous les secteurs s'affairaient à gauche et à droite essayant tant bien que mal de gérer la situation. La Directrice était impressionnée par la capacité de cette salle. Elle était tellement immense qu'il devenait difficile d'en établir les limites. Il lui semblait que plus elle essayait, plus elle prenait conscience de la quantité exagérée d'agents sur place. Il semblait pratiquement impossible de se promener sans se faire marcher sur les pieds. Elle suivit du regard l'un d'eux qui apportaient du matériel aux Spécialistes, non sans manquer de faire tomber le tout. Plusieurs Spécialistes encerclaient le corps sans vie de l'Effaceur. Ils élaboraient des hypothèses et cogitaient méthodiquement sur la situation qui se présentait à eux tout en prenant soin d'éviter consciencieusement de toucher le cadavre encore chaud. Le corps gisait près de la Porte toujours ouverte. Sa lumière aveuglait presque l'entièreté de la pièce. Fierce s'étonna de ne pas l'avoir remarqué plus tôt : elle avait confondu cette clarté avec l'éclairage de la salle. Elle n'y avait pas remis les pieds depuis un peu trop longtemps. Un raclement de gorge discret la tira de ses pensées. La Directrice fixa de nouveau le rapport entre ses mains avant de le redonner à son interlocuteur sans le consulter. Elle ajouta : « Vu la gravité de la situation, épargnez-moi cette lecture et racontez-moi plutôt ce qui est arrivé ici, Commandant Hall.

- Bien Madame, le commandant poursuit, il semblerait que l'Effaceur se soit introduit dans l'Agence par les conduits de l'Aile Supérieur. Nous ignorons encore formellement de quelle manière, cependant plusieurs hypothèses ont été écartées. D'autres sont en ce moment en cours de vérification protocolaire.

- Je ne veux pas d'hypothèses, Hall, laissez-les aux Spécialistes. Faites-moi seulement part des certitudes, lui dit-elle d'un ton clair et ferme.

- Les analyses ne sont pas encore terminées, madame, renchérit-il.

- Je vois. Poursuivez.

- L'intrus a traversé les corridors du Pavillon X en mettant plusieurs agents hors services au passage. À ce moment, il est entré dans le champ de vision de nos caméras de surveillance. Il s'est introduit dans la Salle des Objets après avoir complètement détruit une serrure de calibre D et aurait pris avec lui une des reliques.

- J'imagine qu'on ignore encore laquelle, n'est-ce pas? ajouta la Directrice exaspérée par le peu d'éléments concrets trouvés jusqu'à présent. Pourtant, elle connaissait déjà la réponse à cette question.

- Nous faisons tout notre possible madame, s'excusa Hall. »

Il savait plus que quiconque que cette excuse ne valait rien auprès de la Directrice. Cette dernière le dévisagea silencieusement lui faisant ainsi comprendre la pertinence de sa réponse avant de l'inviter à continuer. Il poursuivit : « Des agents sont chargés de faire l'inventaire de la Salle. Un compte-rendu à cet effet arrivera dans les prochaines minutes.

Astrium : Les Portes du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant