Astrium : Les Portes du Temps

§ Chapitre 7 §

Le temps n'est pas maître de notre destin, il n'en est que le comptable. 

— Grégoire Lacroix

Lorsque Robyn reprit ses esprits, elle n'ouvrit pas toute de suite ses yeux. Elle tenta d'abord de sonder ses alentours. Elle sentit qu'elle était assise et probablement adossée contre quelque chose. Elle se décida enfin : délayer l'inévitable ne servait à rien. Elle ouvrit les yeux et cligna quelques fois avant de se focaliser sur le visage à quelques centimètres du sien. Confrontée à cette proximité inconfortable, son instinct prit le dessus. Elle tenta de repousser violemment la face de son potentiel agresseur de la paume de sa main, comme elle l'avait appris dans son « mince » cours d'autodéfense. Cependant, les mouvements du jeune homme furent plus rapides. Il arrêta sa paume de la sienne. Robyn utilisa alors, son autre main, mais — encore — il eut l'avantage. Elle réalisa qu'il était fort. Anormalement fort. Elle utilisait toute sa force, mais cela revenait à essayer de déplacer un mur. Elle remarqua autre chose, il ne mettait pas plus de force que nécessaire. Il semblait juger la force de Robyn et lui retournait juste ce qu'il fallait pour l'empêcher de récidiver ses attaques. Au fur et à mesure que la force de Robyn faiblissait, il diminuait la sienne aussi. Autrement dit, il était sur la défensive. Il la fixa de ses yeux intensément bleus. Robyn avait rarement vu une couleur aussi prononcée. Cela était également dû à son teint hâlé. Elle s'en sentait presque hypnotisée.

« Du calme, je voulais seulement m'assurer que tu sois encore en vie », dit-il simplement avant de lâcher prise. Après quoi, il se releva et alla s'adosser contre le mur adjacent. Il était grand, bien plus grand qu'elle. Ses cheveux ébène arboraient des reflets bleutés à certains endroits. Il était simplement vêtu d'un T-shirt et d'une paire de pantalons aux couleurs opposées. Ils étaient tachés par ce qui semblait être de la boue. Robyn s'efforça de détacher son regard du jeune homme. Elle se rendit compte que trois autres individus peuplaient également cette salle. Il y avait une jeune fille à qui Robyn donnerait son âge. Elle avait de longs cheveux roux dans lesquels était parsemée de la cendre? Elle s'était couverte d'un châle et fixait avec détermination ses mains. Le troisième individu portait un kimono kaki. Ses yeux étaient fermés et il semblait méditer. Ses cheveux noir corbeau étaient ramassés dans une natte parfaite qui tombait derrière son dos. La dernière personne était un jeune homme blond, ou plutôt au au cheveux de couleur tirant sur l'ivoire. Il portait des lunettes et s'intéressait plus à ce qui semblait être son téléphone électronique que par le fait qu'ils étaient en captivité. Le silence prenait énormément de place dans cette salle et rendait Robyn mal à l'aise. Elle soupira puis se leva avant de se diriger vers la sortie qu'elle avait repérée.

— Il faut que je sorte d'ici, murmura-t-elle pour elle-même. Elle tâta la porte à sa droite à la recherche d'un mécanisme pour l'ouvrir. Elle ne présentait ni poignée ni serrure.

— C'est inutile, dit une voix. L'émetteur en était le jeune homme blond. Il n'avait toujours pas levé les yeux de son téléphone. Il poursuivit. Nous avons tous essayé, tu perds ton temps. Il n'y a, en apparence, aucune issue.

— Alors quoi? répliqua l'homme aux yeux bleus, nous devons rester les bras croisés et attendre de voir ce qu'ils veulent?

— C'est une option, oui.

— Et s'ils étaient en train de demander une rançon, au moment où on parle, souligna Robyn.

— Une rançon? répéta l'homme aux yeux bleus. Il semblait amusé.

— Oui, confirma Robyn, nous avons tous été kidnappés, je présume. Cependant, j'ignore toujours pour quel motif.

— Je n'ai pas été kidnappé, corrigea le jeune homme. Il semblait irrité par sa supposition.