-Oh mon Dieu! Elle s'écrit en portant sa main devant sa bouche, alors qu'il s'agenouille devant elle.
Comme si elle ne savait pas qu'il allait lui faire la grande demande ce soir. Comme si elle n'avait pas passé l'après-midi complète à se baigner dans une baignoire gigantesque en y ayant, au préalablement, versé des tonnes de flacons d'huile essentiel de lavande.
Comme si elle n'avait pas payé une styliste réputée, ainsi qu'une coiffeuse et une maquilleuse de renom, en prévision de cette demande et maintenant, elle feint la surprise.
Nous savions toute qu'il allait le faire, et personne n'ignorait la date exact, puisque ici, il est de coutume de demander la main à Noël, devant la famille pour s'assurer le plus grand nombre de spectateurs.
De ses lèvres rouges carmin, elle souffle un oui, que l'émotion rend presque inaudible, avant d'essuyer les larmes parfaitement orchestrés qui coulent de ses deux magnifiques grands yeux bleu.
Même le tissus lilas du mouchoir maintenant humide, a été calculé avec une précision militaire, on aura même pour l'occasion, fait broder ses initials.
Son fiancé joue exactement son rôle comme on lui a appris, en déposant un genou au sol et en lui demandant de bien vouloir devenir sa femme, qu'il l'aime sincèrement et qu'il souhaite passer le reste de sa vie avec elle.
Je me retiens de lever les yeux au ciel en baillant. C'est ma grande soeur, et alors? Tout ceci n'est que de la poudre aux yeux et ce qui rend le tout encore plus risible, c'est que chacun des quatre cent et quelques invités ici réunis, feintent à merveille leur joie de les voir échafauder des plans d'avenirs.
C'est le code de conduite. Personne ne sait pourquoi, mais tous le fond désormais sans se poser de questions... Excepté peut-être les mères des filles qui viennent de voir fondre leur dernier espoir comme neige au soleil, alors qu'un des meilleurs parties de la ville officialise son union.
Mon père semble fier comme un paon et ma mère laisse échapper à son tour, une petite larme, comme sa mère l'avait fait pour elle.
Je passe discrètement derrière la foule et me rend dans le minuscule corridor entre la salle de bal et l'entrée de service des domestiques.
J'ai besoin d'air, et avec toute mes frasques jugées indignes par la haute société, les yeux sont tous braqués sur moi, dans l'attente ou l'espoir que je cafouille.La porte donnant sur la cuisine s'ouvre légèrement et j'aperçois un verre de champagne qui passe l'embrasure sans toutefois que la personne ne daigne faire passer plus que son bras dans l'entrebaillement.
Je n'ai nul besoin d'explication, ni même besoin de demander qui est l'âme charitable qui veut bien m'aider à supporter ce spectacle à grand coup de gorgée de champagne hors de prix.
Depuis tout gamine, je fait tache dans le portrait de famille, et pourtant, selon leur propre loi, il ne peuvent se débarrasser de moi, essayant en vain de faire de moi une personne dite bien élevée.
Voilà pourquoi à leur grand dam, je me suis trouvé au fils des années, quelques alliés parmis le personnel de maison.
Évidemment, selon le conseil, le personnel doit être invisible et en aucun cas, en contact plus que nécessaire avec l'élite, mais comme je l'ai déjà dit, il est maintenant de notoriété publique que je peine à m'intégrer dans ce monde.
J'avale d'une traite le contenu doré de la flûte en cristal, histoire de faire le plein de ce courage liquide à bulle, avant de sortir de ma cachette et de retrouver ce monde de grande théâtralité digne des meilleurs chef-d'oeuvres.
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Black Haters Tome 1 (10 chapitres) sous contrat d'édition
RomanceNoir et blanc, deux couleurs opposées et auxquelles nous avons associé un univers qui réfère au paradis ou encore à l'enfer. Nous pensons tous vivre dans la lumière, jusqu'à ce que quelques choses de bien plus puissant nous appelle vers les ténèbr...