The Boss

Partie 2 - Chapitre Quarante-quatre

Ellipse

Point de vue June

Le tic-tac de l'horloge me tracasse. La carrelage froid me donne mal aux fesses mais je m'en fiche éperdument. Tout ce qui m'importe c'est d'avoir des nouvelles.

La porte s'ouvre à nouveau sur un lit entrant dans la pièce. Malgré la chaleur de ce mois de juin, l'air passant sous ma robe me donne des frissons.

Autour de moi les gens pleurent, dorment, rassurent, appellent. Et il y a moi, assise par terre, qui fixe un point à l'horizon, des traces de maquillage qui a coulé. Je dois certainement ressembler à un zombie.

Voilà maintenant trois heures que nous sommes dans cette salle à attendre des nouvelles, des nouvelles qui n'arrivent toujours pas.

Un homme en blouse blanche se présente devant nous. Son air ne laisse rien paraître et a tendance à me stresser encore plus. Je n'entends que quelques bribes de son discours, en tout cas assez pour que je me lève et parte en courant pour aller jusqu'à sa chambre.

J'entends des gens m'appeler, des infirmières m'interdire d'aller plus loin mais je m'en contrefiche. J'arrive devant la porte trois cent douze et l'ouvre en grand pour y rentrer. Les prochains mots furent les seuls qui sortirent de ma bouche.

- Non...

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6 mois plus tôt

Point de vue Liam

- June si tu as ce message, réponds moi. On s'inquiète tous. Reviens s'il te plaît.

Je raccroche une nouvelle fois et jette mon téléphone sur le canapé à côté de moi. Mes mains passent inconsciemment sur mon visage, signe de stress et de colère.

- Liam ça ne sert à rien, me décourage mon père.

- Je n'arrêterai pas tant qu'elle ne sera pas revenue papa.

- Je n'aurais jamais du lui dire. Jamais, sanglote Julie.

Je m'approche d'elle sur le canapé et pose ma main sur la sienne. Elle ne mérite pas ça, ni elle, ni June.

- On va la retrouver Julie. Elle était juste sous le choc, c'est tout à fait normal.

- Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Si elle avait eu un accident ?

- Elle va bien Julie. J'en suis persuadé.

Elle me fait un faible sourire et retourne dans les bras de mon père.

June je t'en supplie. Fais que j'ai eu raison de dire ça.

____

Point de vue June

Le froid a envahi le véhicule. J'enclenche le chauffage et prends la direction du centre de la station. Il fait assez noir mais les poteaux électriques devraient être suffisants pour éclairer cette soirée de décembre.

Après l'annonce de ma mère, j'ai complètement perdu mes repères. Je n'entendais que mon prénom résonner dans le chalet. Alors le premier réflex que j'ai eu a été de sortir de la petite maison d'hiver et de prendre la voiture pour fuir mes problèmes comme je sais si bien le faire.

Mon téléphone vibre encore dans la poche de la veste de Liam que je porte. Je le sors et le balance sur le siège à côté de moi.

Il vibre à nouveau mais moins longtemps cette fois-ci. Certainement un message vocal.

Je me gare sur le bas côté de la route enneigée. Pas question que j'aille plus loin à l'heure qu'il est.

Je saisis mon téléphone et déclenche ma messagerie vocal. Trois nouveaux messages. Tous de Liam.

- June je sais que tu as été bouleversée mais reviens s'il te plaît. On en parlera tous ensemble.

- June si tu as ce message, réponds moi. On s'inquiète tous. Reviens s'il te plaît.

- Très bien June. C'est le troisième message que je te laisse. On a très peur qu'il te soit arrivé quelque chose. Si tu as ce message, donne nous un signe de vie. Mon père pense à appeler la police. Je t'en supplie June, dis moi que tu vas bien.

Le dernier message date de cinq minutes. Pourquoi je lui répondrai ? Pourquoi la pauvre petite égoïste que je suis lui donnerait un signe de vie ? Après tout, je ne suis bonne qu'à râler et fuir.

Je balance à nouveau mon téléphone et cherche dans la boîte à four tout de la voiture une petite bouteille d'alcool.

Bingo !

Une bouteille de whisky. Je la débouche et commence à en boire une grosse gorgée, en tout cas suffisamment pour oublier cette affreuse soirée.

____

Point de vue Liam

Il est six heures du matin. Toujours sur ce foutu canapé, à attendre une foutue réponse de June, sur ce foutu téléphone. Je n'ose même pas me lever pour me regarder dans une glace. Les horribles cernes que j'ai sous les yeux doivent me trahir.

Soudainement, mon téléphone sonne. En voyant un numéro inconnu, j'hésite à répondre. S'il s'agissait de l'hôpital m'annonçant que June a eu un accident ? Si elle était morte ?

Je décide d'arrêter cette sonnerie et de décrocher.

- Allô ? Je déclare peu sûr de moi.

- Bonjour Monsieur Carter, me salue une voix grave. Ici l'agent fédéral Williams. Nous avons avec nous une jeune femme du nom de June Miller. Vous êtes le numéro le plus récent de son répertoire téléphonique. Souhaitez-vous venir la chercher ?

- Oui bon dieu oui ! Donnez moi l'adresse. J'arrive tout de suite.

Je prends note de l'adresse qu'il me dicte et raccroche. J'appelle aussitôt mon père et Julie qui déboulent rapidement dans le salon. Eux aussi n'ont pas une belle gueule.

- On a retrouvé June. Elle est à un commissariat pas très loin. On y va.

Julie se précipite pour prendre ses clés de voiture et me les envoie. Je les rattrape au vol, saisis ma veste et nous partons retrouver June qui doit nous attendre impatiemment.

June que t'est-il arrivé ?