Chapitre 20 : La Fin

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Ou comment bien commencer

Rose s'arme de patience. Cela fait plus d'une heure qu'elle cherche un moyen de se libérer de ses chaînes, mais rien n'y fait, elle reste prisonnière.

Elle finit par renoncer. Par se laisser tomber, épuisée par les vaines tentatives pour se sortir les mains des étaux que représentent les menottes. Elle repense à Rash ; comment aurait-il réagit dans ce genre de situation ? Il utiliserait la magie, elle en est certaine, mais comment ? Elle n'arrive pas à émettre la moindre particule lumineuse. Malgré la présence rassurante de Nosikä, elle n'a aucune idée de comment faire.

Il devrait bien y avoir des avantages à s'être lié à une arme, non ? Elles pourraient être plus puissantes, au moins à elles deux ?

Rose se réfugie dans son palais mental. Nosikä apparaît aussi, dans un bruissement d'étincelles. Les deux filles se regardent longuement, sans un mot. Elles finissent par se prendre dans les bras et s'étreignent quelques secondes durant. Rose finit par lui murmurer :

« J'aimerais tant que tu puisses être avec moi, qu'on puisse être véritablement ensembles, et pas seulement coincé ici, dans notre imaginaire... »

Des mots lui viennent à l'esprit. Des mots elfiques, la langue de la magie. Elle arrive à entendre des voix maintenant, pas bon signe ça...

Des mots chargés de puissance. Elle s'imagine un ange gardien veillant sur elle en ce moment même, lui chuchotant des paroles incompréhensibles pour l'aider à s'en sortir.

Nosikä rigole doucement. Un ange gardien, vraiment ? C'est plutôt elle qui joue ce rôle-là pour l'instant.

Mais Rose ne l'écoute pas, ses pensées sont tendues vers cette phrase qu'on lui répète. Elle finit par les répéter :

« Wohas iy shô, wohas idí. »

Et les deux entités disparaissent, dans ce même rideau d'étincelles.

Une sensation étrange parcourt son corps. Elle ressent véritablement la froideur de la pièce, l'humidité de la salle, l'odeur nauséabonde de la cellule. C'est la première fois que ces sens fonctionnent, d'habitude, elle voit seulement et imagine au-travers des expériences de ses utilisateurs, ce que pourrait-être le touché, le goût et l'odorat. Pour la première fois de son existence, c'est comme si elle est réelle ! Elle ouvre enfin les yeux. Elle n'est pas dans son univers. Pas non plus dans celui qu'elle partage avec Rose. Il est différent. Ce monde est plus vivant, plus palpable. Elle finit par comprendre, en voyant Rose assise par terre, les mains attachées dans le dos par des chaînes en fer. Elle comprend alors où elle se trouve, dans le monde réel. Dans le monde de Rose.

Quand Rose reprend enfin connaissance, elle a l'impression qu'on vient de lui lancer une dizaine d'enclumes sur la tête. Les paroles qu'elle avait prononcées un peu plus tôt ne semblaient pourtant pas aussi dangereuses, elle aurait même dit qu'elles étaient amicales. Pourtant, elle en paye maintenant les conséquences. D'autant plus qu'elle n'est toujours pas sortie de l'univers commun avec son arc puisque Nosikä se trouve toujours devant elle, la dévisageant comme si elle venait d'avaler un cactus.

Elle se relève maladroitement mais se rend vite compte -par une très désagréable douleur dans ses poignets- qu'elle est attachée à un mur. C'est là qu'elle réalise qu'elle est effectivement bien revenue dans son corps. Le problème, c'est que Nosikä est là aussi. Rose ouvre la bouche pour prononcer un mot, mais elle est tellement stupéfaite par ce qu'il vient de se passer qu'elle reste bouche bée.

C'est finalement Nosikä qui prend la parole :

« Je suis... réelle... »

Rose à l'impression qu'elle s'extasie dans chacun de ses mots, qu'elle profite de ce moment pour en savourer chaque morceau.

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