Chapitre 16

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Une larme salée alla s'écraser contre la robe noire d'Emma. Puis un torrent suivit la première et elle pleura avant même la cérémonie.

Celle-ci fut un supplice pour elle et ses amis. Arthur la serra dans ses bras plusieurs fois, Gabin et Martin ne cessaient de lui jeter des coups d'œil inquiets et Alice et Lola lui serraient les mains si forts qu'elles en devinrent blanches.

Mais Emma avait coute que coute besoin de ses amis près d'elle.

Sans eux, elle se serait effondrée.

Depuis que Brooklyn était parti, elle ne se levait plus le matin. Dès qu'Emma se réveillait de ses rares heures de sommeil, c'était pour pleurer.

Mais la veille de l'enterrement, les larmes s'étaient taries. La jeune fille n'avait même plus le courage de pleurer pour exprimer sa peine. Elle ne mangeait plus, dormait peu et avait un teint cadavérique, qui tranchait fortement avec la couleur sombre de sa robe.

Ses amis ne s'en sortaient pas très bien non plus. Martin était encore choqué par la nouvelle, et ne semblait pas réussir à l'assimiler. Pas avant l'enterrement, car c'est à ce moment là qu'il se rendit enfin compte que jamais plus il ne verrait son ami. Jamais plus il n'entendrait sa voix. Jamais plus il ne rirait à ses blagues.

Gabin était pâle et il faisait des cauchemars toutes les nuits dans lesquels Brooklyn tombait et mourrait, encore et encore, inlassablement.

Lola avait pleuré, de choc d'abord, puis parce que perdre un ami était injuste. Surtout à cet âge, alors qu'il avait toute la vie devant lui. Elle pleura également pour sa meilleure amie, dont l'amour s'était envolé bien trop tôt.

Alice quant à elle essayait de paraître forte, mais elle savait que rien n'allait plus. Elle était bouleversée, comme eux tous. Mais elle essayait de garder une cohésion dans le groupe. Elle voulait aider ses amis. Elle n'aurait qu'à faire son deuil plus tard.

Arthur, lui qui avait toujours été le ciment du groupe, fut aussi très affecté par la mort du beau jeune homme. C'est la voix brisée qu'il acheva son discours d'hommage à Brooklyn sur un « Tu seras à jamais dans nos cœurs mon pote » qui fit frémir l'assemblée en se souvenant du si jeune âge de Brooklyn.

Les larmes coulaient sur son visage lorsqu'il revint s'asseoir à côté d'Emma.

Elle savait que c'était son tour. Elle savait qu'elle aurait dû parler, pour dire à tous ceux qui étaient présents dans cette église bondée qu'avant d'être l'amour de sa vie, Brooklyn était l'homme le meilleur qu'elle connaisse. Elle aurait dû lui faire des éloges et dire à tous à quel point il lui manquait. Mais elle n'en n'avait pas la force. Lorsqu'elle essaya de se lever, ses chevilles se dérobèrent et elle retomba assise sur le banc dans un bruit de soie.

Alors, le prêtre acheva les sacrements. Les parents de Brooklyn étaient présents, mais aucun d'eux ne parla. Ils semblaient être ici comme pour accomplir une formalité, ce qui choqua profondément Gabin.

Brooklyn fut enterré, et c'est Emma qui jeta la première rose sur le cercueil en bois verni. Autour de la fleur, elle avait enroulé une lettre adressée à celui qu'elle aimait.

Tous firent de même, puis la cérémonie pris fin et ils s'éloignèrent.

Seuls les six amis restèrent là, devant la tombe sur laquelle il était écrit « 1999-2016, Brooklyn Iluilo, fils, ami et petit ami regretté, parti trop tôt ».

Emma se força à arrêter de pleurer, puis s'agenouilla devant la pierre.

Enfin, elle dit à Brooklyn tout ce qu'elle aurait voulu lui dire un peu plus tôt :

« Brooke... Mon cœur, je n'ai même pas eu le courage de dire cela devant tout le monde. Parce que je savais que j'allais craquer.

Pourquoi a-t-il fallut que tu partes si tôt ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? C'est la question que je me pose chaque nuit, chaque minute, chaque seconde que je pense à toi.

Pour moi, jamais tu ne seras parti.

Tu es dans mon cœur et dans mes pensées à chaque instant.

Tu étais quelqu'un de formidable. Tu m'as appris à aimer, Brooke.

Et je t'aime mon Ange, pour toujours et à jamais.

Je vivrai pour toi, car je sais que c'est ce que tu aurais voulu. Je te promets que j'essayerai d'être heureuse, mais sache que sans toi ça sera toujours difficile.

Jamais je ne t'oublierai, et quoi qu'il arrive je t'aimerai toujours.

Au revoir Brooke... ».

Le Jeu avait fait son œuvre. Plus rien ne serait jamais comme avant. Pour Emma, pour Arthur, pour Alice, Lola, Martin et Gabin, tout serait dès lors différent.

Quiconque aime perd un jour celui qu'il a aimé, la vie est ainsi. Mais pour Brooklyn, le destin arriva bien trop tôt.

Emma ne cessera jamais d'aimer celui qui lui a été enlevé par Le Jeu.

Au moins, il ne pourra pas avoir raison de cela. Mêmequand tout est détruit, certaines convictions subsistent pour toujours.    

Le JeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant