Chapitre 3

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Chapitre 3 :

Brooklyn était, comme à son habitude, en retard ce matin là. En internat à cinq petites minutes du lycée, il comptait beaucoup trop là dessus et se rendormait toujours.

Un coup de gel plus tard, il claquait la porte de sa chambre. Il avait déjà fait pire que ça question départ précipité. Le jour où il s'était réveillé alors que le cours de maths commençait par exemple.

Alors, il marcha d'un pas décidé mais pas trop rapide vers les portes d'Hamington. Il shoota dans une pile de feuilles sur sa route.

Brooklyn avait toujours aimé l'automne. Les feuilles des arbres tombaient et coloraient le monde de nuances ambrées.

C'est comme si les arbres prenaient un nouveau départ en chassant ce qui les encombrait. Et le jeune homme avait fait la même chose quelques mois auparavant : prendre un nouveau départ.

Il avait quitté New-York, sa ville natale, pour atterrir dans la province française.

A tout ceux qui lui demandaient, il justifiait un voyage linguistique. Mais il parlait parfaitement le français, puisque sa mère en était d'origine.

Personne, pas même ses amis, ne connaissait la véritable raison. Un cœur brisé. C'est tout ce que à quoi Brooklyn se permettait de penser.

Il écrasa sa cigarette dans le cendrier et entra dans ce lycée qui l'avait si bien accueilli.

Avec ses origines et le portefeuille de ses parents, tout le monde l'acceptait, il en avait l'habitude.

Mais ici, c'était différent. Il s'était fait de vrais amis. Des amis qui ne l'avaient pas harcelés pour connaître la magie de la vie new-yorkaise quand il leur avait fait comprendre une bonne fois pour toute qu'il n'avait pas envie d'en parler.

Ils n'avaient pas insisté pour savoir pourquoi il était parti de cette ville de rêve. Ils l'avaient juste accepté.

Ils avaient appris à le connaître et probablement décidé qu'il était digne d'entrer dans leur petit groupe car c'est comme s'il en faisait partie depuis toujours.

En franchissant le portail en fer forgé du lycée guindé, Brooklyn tomba nez à nez avec Alice. Sa première pensée était de retenir son soupir quand elle lui ferait une remarque sur l'odeur de la cigarette.

Mais cette fois, elle ne dit rien. Elle n'avait pas l'air dans son assiette, et lui dit bonjour distraitement.

En tant qu'ami maintenant intégré, Brooklyn ne pu s'empêcher de lui demander ce qui n'allait pas. Mais pour toute réponse, elle désigna le sol pleureur qui trônait au milieu de la cour.

Il remarqua donc l'élève, qui essayait difficilement d'en atteindre le sommet. Un attroupement s'était formé tout autour, caméras levés vers lui.

Chacun de ses mouvements était filmé par plus d'une centaine de lycéens abrutis.

Arthur, Martin et Emma arrivèrent. Et s'arrêtèrent net en voyant cela.

Emma s'agrippa à la manche d'Arthur tout en se rapprochant d'Alice. Brooklyn avait remarqué qu'elle faisait toujours cela quand elle avait peur. Elle se concentrait sur ses références. Et en l'occurrence, c'était ses deux amis les plus proches présents.

Puis, elle lança un petit cri affolé après avoir plissé les yeux :

- Les gars... C'est Mike !

- Mike, Mike ?

- Oui Alice, Mike, Mike !

- Mais il n'y arrivera jamais !

Ni une ni deux, Alice avait sorti ses lunettes, myopie oblige, et confirmé que c'était le dénommé Mike qui tentait désespérément d'atteindre le sommet de l'arbre.

Brooklyn avait entendu parler du jeune garçon, et l'avait déjà aperçu plusieurs fois dans la cour. Vu sa carrure, il se mit lui aussi à douter des chances de réussite de Mike. Il ne pourrait jamais réussir à monter tout en haut. Il était trop lourd, et trop peu agile pour cela.

« Mec, faut l'aider ». C'est Arthur qui tira Brooklyn de sa torpeur en s'adressant à Martin.

Les trois jeunes hommes étaient bien bâtis et auraient aisément pu remplir la tâche du Mike suicidaire. Arthur avait raison. Ils devaient le sortir de là.

Que ce soit un défi stupide du Jeu, ou quoi que ce soit qui l'ai poussé là haut, Mike ne pourrait plus tenir bien longtemps.

Brooklyn et ses deux amis se précipitèrent vers le sol pleureur qui mesurait plus de cinq mètres de haut et il commença à escalader, pendant qu'Arthur et Martin retenaient ceux qui voulaient l'en empêcher

- Il doit accomplir son défi !

- Il a voulu jouer au Jeu, il doit aller jusqu'au bout !

- C'est Le Jeu !

Emma serrait la main de sa meilleure amie, elle avait peur pour ce jeune homme qu'elle ne connaissait pas. Et pour ses amis qui étaient partis l'aider. Ils avaient attiré la fureur générale, mais auraient-ils pu le laisser mourir ? Certainement pas.

Dix minutes plus tard, Brooklyn avait ramené Mike sur la terre ferme avec l'aide de Gabin, arrivé entre temps.

Lola avait rejoint les deux autres filles.

Les sept venaient de s'opposer au Jeu pour la première fois. 

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