Chapitre 2

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Lola avait beaucoup pleuré à la mort de Brooklyn.

Mais Lola ne pleurait plus.

Car au fond, tout le monde se fichait de ce que Lola pensait, non ? Elle avait été amoureuse de Brooklyn, mais qui s'en était aperçu ?

Personne, pas même elle, avant la mort du jeune homme.

Mais c'était trop tard maintenant, pas vrai ? Elle ne pourrait pas le ramener d'entre les morts. Quoi que, dans une série qu'elle avait un jour regardé, la solution à ce sujet était évoquée mais... Non, non, elle divaguait. Brooklyn ne serait probablement pas très heureux d'être réincarné en monstre de chair et de sang.

Et puis quand bien même, il aimait Emma, Emma l'aimait, et ils étaient heureux ensemble.

Non, décidemment, cette réincarnation n'était pas une bonne idée.

Lola écrivit un mail, elle devait parler de ses sentiments à Emma.

En se dirigeant vers l'ordinateur, elle eut un léger vertige. Ce n'était rien de grave, elle avait peut-être juste un peu abusé des anxiolytiques que sa mère cachait dans une armoire de la cuisine, derrière les tisanes. Elle n'aurait jamais pensé que sa fille les trouverait là, elle qui avait en horreur le thé.

Mais Lola, pleine de surprise et de paradoxes, avait décidé il y a peu d'en boire car c'était bon pour la santé. Et c'est là qu'elle avait découvert ces petites pilules rouges « à ne pas consommer en trop grande quantité, sous risque d'addiction » était-il noté sur le tube. Lola avait goûté à leurs effets miraculeux le soir où Brooklyn avait été enterré six pieds sous terres, au sens littéral du terme.

Depuis lors, elle en consommait trois voire quatre par jour, mais surtout, elle se sentait bien, tellement bien !

Le mail de cinq lignes rédigé et envoyé, Lola se leva d'un bond et fut de nouveau prise de vertiges. Le médicament ne faisait probablement plus effet. Elle s'autorisa alors à prendre le cinquième (ou sixième, elle ne savait plus très bien) antidépresseur de la journée.

Son père ne s'était jamais rendu compte que sa mère en prenait de temps en temps pour réussir à soutenir la pression que lui infligeait son travail.

Son supérieur la harcelait, pour qu'elle couche avec lui. Mais comme chaque fois elle refusait et lui tenait tête, il la punissait en faisant de sa vie un enfer.

Lola l'avait découvert en voyant un jour les textos de sa mère. Elle savait mais elle ne disait rien. De toute façon, qu'aurait-elle pu y faire ?

Cet homme était un psychopathe. Elle ne pouvait rien ni pour lui, ni pour sa mère.

La jeune fille avala une gorgée d'eau avec la pilule. Elle qui avait toujours détesté ça, elle devenait une pro de « l'avalage de médicament », comme l'appelait son petit frère lorsqu'elle le forçait à ingurgiter du sirop pour la toux.

Tout devint flou autour de Lola, le médicament n'allait pas faire effet immédiatement, à son grand malheur.

Elle décida alors de se faire couler un bain.

Après avoir enclenché sa playlist « zen », elle abandonna ses habits et se glissa dans une eau brûlante et parfumée.

Elle sourit en voyant sa peau se parsemer de tâches rouges.

         Elle était imparfaite.

                    Elle était belle.

Le JeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant