Le Jeu

APRÈS, Chapitre 1

 Il n'y avait pas eu de marche blanche. Pas de deuil au lycée. Non, il était juste mort.

Et Emma ne s'était jamais réveillée de son cauchemar.

Chaque jour, la première image qui lui venait à l'esprit quand elle se réveillait était la pierre devant laquelle elle avait parlé à Brooklyn pour la dernière fois.

Et chaque jour, elle essayait de se rendormir en se disant que ce n'était qu'un mauvais rêve.

Mais elle ouvrait les yeux et se rendait compte que rien n'avait changé, et que c'était ça la réalité à présent.

Alors tout devenait flou et les larmes coulaient silencieusement.

La jeune fille s'était renfermée sur elle même depuis l'accident tragique. Elle s'était réfugiée dans les cours et passait désormais des après-midi entières enfermée seule dans sa chambre à travailler sans qu'un bruit ne vienne l'interrompre, elle qui n'avait pourtant jamais supporté le silence.

Ses amis sentaient qu'ils étaient en train de la perdre. Elle se murait dans un monde où seul Brooklyn avait eu un droit d'entrée, et ils ne pouvaient rien y faire.

Deux mois pile après la mort de Brooklyn, le 5 Mai, Emma reçut un courrier.

L'enveloppe était à son nom, et elle l'ouvrit précautionneusement.

Elle commença à lire son contenu, imprimé sur une feuille blanche, et ses doigts se crispèrent sur le papier.

Cette lettre était signée Anonymous.

Autrement dit, les corbeaux.

« Chère Emma,

Comme tu le sais, ton pauvre Brooklyn a échoué dans son défi. Et comme tu étais la personne la plus proche de lui, c'est naturellement que nous avons choisi de t'envoyer cette lettre.

Tu dois savoir qu'il te cachait quelque chose. Et c'est pour cela qu'il est mort. Pour protéger ce qu'il avait à cacher au monde entier.

Mais sa mort a été vaine, puisqu'elle a entrainé sa défaite.

Ainsi, cette seconde page t'expliquera ce que ce si charmant jeune homme avait à cacher depuis New York.

Nous supposons que l'amour que vous avez pu partager était basé sur la confiance, mais qu'est-ce que la confiance s'il te cachait tout de son passé ?

Ne nous remercie pas pour ce moment de vérité, c'est tout naturel, nous ne sommes pas si cruels.

Anonymous »

La boule de papier froissé s'écrasa sur le sol.