𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄

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❝  S𝚑𝚎'𝚜 𝚐𝚘𝚝 𝚎𝚢𝚎𝚜 𝚘𝚏 𝚝𝚑𝚎 𝚋𝚕𝚞𝚎𝚜𝚝 𝚜𝚔𝚒𝚎𝚜,

𝙰𝚜 𝚒𝚏 𝚝𝚑𝚎𝚢 𝚝𝚑𝚘𝚞𝚐𝚑𝚝 𝚘𝚏 𝚛𝚊𝚒𝚗,

𝙸 𝚑𝚊𝚝𝚎 𝚝𝚘 𝚕𝚘𝚘𝚔 𝚒𝚗𝚝𝚘 𝚝𝚑𝚎𝚜𝚎 𝚎𝚢𝚎𝚜.
— Guns N'Roses

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Les habitants de la capitale avaient déserté les rues depuis plusieurs heures, laissant derrière eux une atmosphère pesante. Le mauvais temps était en parti responsable ; des nuages grisâtres recouvraient le ciel d'une aura menaçante et déversaient une pluie torrentielle qui tombait comme des hallebardes sur la ville morte. Dehors, le vent soufflait d'un air sec et froid. Pourtant, une personne était encore dehors. Il s'agissait d'une femme de petite taille et mince, perchée sur le rebord d'un toit en briques rouges et usées. Entièrement trempée de la tête aux pieds, sa chevelure lisse se collait péniblement contre sa peau blafarde. Son regard observateur balayait la rue obscure à la recherche du moindre mouvement et donnait l'impression qu'elle attendait quelque chose ; ou plutôt quelqu'un.

Au bout de dix minutes, seuls les grondements assourdissants de la foudre qui déchirait le ciel en deux avaient changé. Malgré cela, elle resta immobile telle une statue de pierre figée dans le temps. Seules ses paupières fines bougeaient et se fermaient de temps à autre pendant plusieurs secondes. La jeune femme semblait lutter contre l'épuisement, mais était trop occupée pour dormir.

Soudain, une silhouette encapuchonnée surgit des ténèbres d'une allée.

Au début, pensant que la fatigue lui jouait des tours, elle secoua la tête de droite à gauche, avant de jeter un nouveau regard. Un homme massif avançait en direction d'un bâtiment une vingtaine de mètres plus bas. Il titubait comme un ivrogne, s'accrochant parfois aux lampadaires pour ne pas tomber et riait d'un rire gras, légèrement étouffé par les violents claquements des volets. La jeune femme réussit tout de même à l'entendre.

D'un coup, l'homme s'interrompit. Bien qu'il fût dans un état déplorable, il avait senti le regard pesant sur lui. Il fallut plusieurs minutes avant qu'il ne lève la tête pour apercevoir la femme tout haute. Elle se trouvait au bord et donnait l'impression qu'elle allait sauter d'un moment à l'autre. Il émit un petit cri avant de se mettre à sautiller sur place, il fit des grands gestes comme pour l'en empêcher.

L'ivrogne trébucha sur son pantalon trop long, s'étalant de toute sa hauteur sur le sol mouillé. Son esprit brouillé était lent, il n'eut ni le temps ni les réflexes de tendre les bras pour amortir sa chute. Dans sa chute, sa capuche tomba et son crâne racla sèchement l'asphalte. Le choc le sonne un bon moment. Ainsi, il demeura couché sur le sol, observant le ciel de ses grands yeux globuleux.

Puis, il fut pris d'un fou rire incontrôlable. La jeune femme au sommet de l'immeuble le jugeait d'un regard sévère. Parfois, elle se demandait réellement ce qu'elle était venue foutre ici à une heure aussi tardive. Et comme si ses pensées avaient été entendues, la porte derrière elle se mit à grincer. D'un pas rapide, elle se glissa contre le mur. Lorsque la porte sera ouverte, elle dissimulera sa présence.

Ce fut dans un bruit strident que celle-ci s'écarta. La jeune femme se tendit, essayant de demeurer aussi silencieuse que possible. Elle regarda la personne qui venait d'apparaitre à travers le miniscule espace entre la porte et le mur. C'était un homme rond et blond, son t-shirt trop petit dévoilait le bas de son dos, et il marchait comme un ancien soldat. À mesure qu'il avançait, la jeune femme se faufila de sa cachette et le suivit. Ses chaussures, parfaitement silencieuses, ne laissaient pas deviner sa présence, elles étouffaient le moindre bruit.

Une danse avec un soldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant