Porte parlante et imagination débordante

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Éva Mainard, félicitations ! Vous venez de passer haut la main l'épreuve test des nouveaux élèves. Vous êtes invitée à rejoindre l'école.
K.

Je venais donc de passer une épreuve d'admission. Ce devait être le premier test que je réussissais bien. Ma chère et tendre grand-mère aurait été fière de moi et mon Qi plutôt bas. Je me dirigeai vers l'immense Klyde académie qui s'étendait de tout son long à quelques centaines de mètres plus bas.
Jetant un dernier regard à la bouche d'égout, je dévalai la colline sur laquelle j'étais postée avec l'agilité d'un félin. Le vent sifflait à mes oreilles, les feuilles mortes craquaient sous mes pieds et le ciel se faisait noir, presque d'encre. Les étoiles semblaient se faire concurrence pour savoir laquelle d'entre elles brillerait le plus. Essoufflée par mon sprint, je repris un rythme normal, profitant de la sensation de la bise fraîche sur mes joues rougies par le froid. Borée, le dieu du vent du nord était là, lui aussi. Je commençais à me demander si tout ces éléments rassemblés ne formaient pas les dieux de l'Olympe, indirectement : le soleil qui se couchait pour Apollon, la lune qui se levait pour Artémis, l'eau des canalisationsqui ruisselait en contrebas de la colline pour Poséïdon, le vent du nord pour Borée. Trouverais-je d'autres éléments représentatifs des dieux dans cette école ?

Quelques minutes plus tard, j'étais au pied d'une porte qui devait bien s'élever dans les trois mètres de hauteur. Elle était en bois massif, frappée des sceaux d'un grimoire épais et d'un "K" d'un doré qui brillait presque autant que le soleil.
Je posai ma main sur le panneau, en quête d'une chose qui n'existait pas : la poignée de porte. Aïe, comment allais-je faire, bon-sang ? J'avais envie d'insulter les architectes qui avaient créé l'académie. Mais quel professionnel oubliait de mettre une poignée sur une porte ? Il fallait vraiment être idiot.

Je regardai l'issue qui me surplombait dans toute sa hauteur. Tandis que je pestai contre les créateurs de ladite porte avec humeur, il sembla que le panneau de chêne bougeait. Des traits quelques peu nets et crispés apparurent sur le bois brut. Je dus me mordre la langue pour ne pas pousser un cri de Barbie-en-détresse-grandeur-nature-mais-un-peu-plus-moche, quand une voix fluette et suraiguë me cassa les tympans.

Ma petite dame, on peut savoir ce que vous attendez ? lança la créature qui habitait la porte tandis que je me retenais de me boucher les oreilles.

-Je... Sachez que je n'attends que le moment où vous daignerez m'ouvrir, Monsieur, répondis-je en me prenant au jeu du langage soutenu.

La porte était en pleine réflexion. Ses trais semblaient plus crispés qu'à l'ordinaire, si c'était possible. Et je ne me rappelais pas avoir vu des lèvres si pincées. Sûrement un nouveau record à noter dans un quelconque livre.

Hum, très bien, je t'accorde une chance, petite dame, céda la porte, un sourire digne du chat d'Alice au pays des Merveilles recouvrant son visage en 2D.

-Je suis prête, affirmais-je d'un ton qui se voulait confiant.

-Qu'est-ce qui marche à quatre pattes le matin, à deux pattes le midi et à trois pattes le soir ? interrogea la porte en faisant ce qui ressemblait à un clin d'œil.

-C'est un chat en bonne santé : il se porte bien le matin, se fait amputer de deux pattes le midi et se fait greffer une patte le soir, répondis-je d'un ton pince-sans-rire.

Monsieur l'esprit de la porte en chêne ressemblait présentement à une Cocotte-Minute prête à exploser. Il gonfla les joues, et, sentant que je dépassais les bornes, je repris.

Académia  Klyde.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant