Nous nous remîmes en route côte-à-côte, comme deux vieux compagnons inséparables, sauf que l'un d'eux s'exprimait en grognements normalement incompréhensibles et volait.
Pendant une dizaine de minutes apaisantes pour moi, nous discutâmes de nos vies respectives. Apparement, le pays de mon imagination était magnifique, et on y trouvait toutes sortes de choses surprenantes comme des mangeoires en or massif. La compagnie de Bacon m'était agréable, et discuter de mon quotidien comme si il était banal me détendais.
Le bruit de mes pas et des battements d'ailes de Bacon se répétaient inlassablement dans l'immensité du couloir. Nous arrivâmes alors dans une partie plus lumineuse du corridor, que la lune éclairait. La carpette écarlate était la même, mais de multiples tableaux décoraient les murs, et de larges fenêtres apportaient un éclairage lunaire naturel. Bacon s'arrêta devant une des œuvres et la contempla, absorbé par la nature morte peinte derrière le cadre. Il s'approcha encore plus, si c'était possible, et colla son groin luisant contre le tableau. Bacon inspira profondément, et je vis sans peine les fruits et légumes qui constituaient l'œuvre sortir du cadre et sauter dans sa bouche.
Qu'est-ce que t'as fait, espèce d'idiot ?! explosais-je, des éclairs de colère dansant dans mes yeux. On ne mange pas les œuvres d'art comme ça, même si elles sont appétissantes ! le réprimandais-je haut et fort.
-Mais j'avais faim, gémit le cochon qui me servait d'ami, la bouche encore pleine.
-D'ailleurs, comment fais-tu pour aspirer du papier et lui donner forme de vrais aliments ? questionnais-je, mon moment de fureur dissipé.
Bacon me fit un clin d'œil douteux.
Devine, dit-il simplement.
-Pourquoi depuis que je suis arrivée ici, tout le monde fonctionne par énigme ? ruminais-je tandis que Bacon mastiquait lentement, l'air de déguster.
-En tout cas, je me sens en pleine forme, annonça le cochon de sa petite voix fluette. Maintenant, je peux utiliser le pouvoir de ton imagination, ajouta-t-il après que je lui jetai un regard qui reflétait ma non-confiance.
Il me fit signe d'approcher, puis, cela fait, il m'indiqua la membrane rosée qui reliait ses flancs à ses ailes. Je m'y cramponnai, plus qu'hésitante. Je n'eus malheureusement pas le temps de lui demander si il parviendrait à voler en me portant. Nous étions déjà en l'air, et je voyais les murs défiler à ma droite et à ma gauche tellement la vitesse était élevée. Il me semblais avoir crié plusieurs fois quand nous atterrîmes enfin. Le choc de ses pattes frappant la carpette rouge me fit fermer brutalement les yeux, mais un petit "Groin" déprimé me les fit rouvrir de suite. Bacon était étendu sur le côté, la respiration haletante et le corps agité de spasmes.
Nous, les créatures imaginées, devons retourner un moment dans notre monde après avoir utilisé nos pouvoirs spéciaux, ou être trop resté dans le monde des humains, dit Bacon en essayant de reprendre sa respiration. Nous devons nous régénérer, finit-il.
-Je... Mais, je te reverrai, n'est-ce pas ? demandais-je, paniquée à l'idée de perdre mon seul et meilleur ami.
-Bien sûr, répondit-t-il avec conviction, ses yeux respirant la bonté. En plus, je t'ai fait gagner du temps. Tu es arrivée à la fin du couloir, Éva, ajouta-t-il en reniflant.
En effet, le couloir se séparait maintenant en deux parties opposées où un immense panneau ressemblant à ceux dans les aéroports qui indiquaient les différents vols siégeait. Cependant, la carpette rouge ne s'était toujours pas arrêtée, et serpentait encore dans les nouveaux couloirs, telle un serpent écarlate tapi dans l'ombre, guettant sa proie.
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Académia Klyde.
ParanormalCréation de cochon-volant, de chien-souris et d'autres hybrides quelque peu... loufoques ? Étude de la télépathie et découverte du pouvoir de l'empathie ? Entrez-donc à la Klyde Académie où tous les élèves vous souhaiterons la bienvenue avec plus...